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Citations sur Mâcher la poussière (13)

Il y a des femmes que le naturel rend plus impressionnantes que les talons hauts et les rouges à lèvres.
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- Nous pourrions dîner ensemble, qu'en pensez-vous ?
- Hélas, j'ai déjà dîné plus tôt dans l'après-midi. Les gens sont toujours surpris lorsque j'évoque cette habitude qui est chez moi un rituel. Voyez, pour éviter de perdre du temps, toutes ces scènes où l'on passe à table, je me fais servir mes repas les uns à la suite des autres. Petit-déjeuner, déjeuner, goûter, puis souper, tout cela dans l'ordre et sans interruption, de treize heures à seize heures, si bien qu'ensuite je suis libre de vaquer à des occupations supérieures.
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Son esprit tourne à vide. Questions stériles et angoisses creuses. On est si vite dévoré quand on est inoccupé. Les désœuvrés vivent leurs amours d’une tout autre manière puisqu’il n’y a que ça pour les maintenir. Toutes les pensées convergent en un seul point et les fantasmes ne sont jamais assez forts pour supporter autant d’assauts. Les amants à qui la vie n’offre rien d’autre que la possibilité d’une passion se font trop exigeants. Ils voudraient qu’une femme les sauve quand l’amour n’a jamais pu guérir les natures malheureuses. Leurs esprits s’embrument ; les sentiments s’entortillent et se mélangent – jamais ils n’attraperont cette simplicité qui pourtant devrait les mouvoir. Tout de suite ce sont les grands mots – la mort, le sang, le regret éternel.
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A son tour, comme les patrons des brasseries, il observe la salle dans son ensemble, la fréquentation, son nombre, son genre. Il sait à qui il a affaire, d’un coup d’œil, il reconnait le couple en lune de miel ou le médecin en congrès, l’aristocrate voyageur ou la femme adultère. Lorsqu’on déjeune seul, tous les jours à la même table, le regard s’affûte jusqu’à percer les âmes.
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Les rituels sont tous ces moments arrachés à la course qui nous épuise, les travaux, les corvées, la vie. On recueille un objet, on recueille un instant et les dangers s’amenuisent. Ce goût, ces gestes, on les connait sans surprise et pour toujours. Ce n’est pas le bleu fade de l’habitude, mais la joie bête et simple d’une chaise sur un balcon, un verre de bière à la main, quand le soleil doucement s’éteint.
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Les amours blanches, celles que l’on n’a pas pu consommer, nous dévastent quand elles s’enterrent. Le deuil de ce que l’on aurait pu vivre n’est pas anodin et les cœurs sensibles s’y égarent souvent plus qu’au milieu des passions révolues.
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Matthieu a le front bombé des étriqués. Il ne pourrait ressembler à personne comme il ressemble à tout le monde. Il travaille ici depuis quinze ans. Il est droit et appliqué. On a fini par lui confier la réception tout entière. Ses dents rayent, bien entendu, mais comme souvent, à trop rayer, elles s’agrippent et s’enfoncent. Il est droit et appliqué, mais jamais il ne montera plus haut. Il est en place, on est content de lui. Le miel qu’il crache sans cesse aux souliers du directeur n’y changera rien. C’est un pion que l’on oublie tant il est bien posté.
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Tu fais l’amour à l’américaine, comme dans un drame sophistiqué. Tu es appliquée, consciencieuse – pas gênée un instant. Tu connais ton corps et ses plaisirs. Tu es ma première femme libre. D’ordinaire, je donne plutôt dans les servantes. Je sens tout le poids de leur culpabilité. Tu as l’air si assurée – tu n’as rien à y perdre, toi. Les bonnes font l’amour comme elles s’arrachent à leur devoir. Je les soupçonne même parfois de penser au temps perdu sur leurs corvées quand elles se donnent. C’est rapide, jupe soulevée et cuisses ouvertes. Toi tu te sens légitime à faire l’amour. Jamais on ne t’a appris que ce sont des choses sales, un homme qui baise une femme.
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Elle dégage une noblesse tendre. Ce n’est pas la froideur des bals ennuyeux ou des contenances arbitraires. L’aristocratie de son visage est celle d’une race qui s’effrite, l’empreinte d’un temps révolu où les grandes familles riaient encore, du coin de l’œil et jusqu’au bout des ongles, puisque la bourgeoisie austère et travailleuse, la classe des pisse-froid, des sérieux, n’avait pas encore gagné la partie.
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Rien d’autre n’existe pour l’heure que son visage suppurant. Une rupture si radicale, un tel carnage ne peut que l’obséder. Il essaye de se convaincre qu’il y a des malheurs bien plus grands, que sa figure importe peu dans l’ordre du monde ; son intimité est frappée si haut que son âme se révulse. Il y a là toute la violence d’une identité qui s’échappe – la honte suprême d’offrir de soi un si triste spectacle. Tous ses vices sont marqués au fer rouge. Il est condamné à les porter sans cesse.
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