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Citations sur Mâcher la poussière (13)

Tu ne sais pas qui je suis. J’ai tué – je ne regrette rien. S’il fallait l’achever une fois de plus ce petit crétin malheureux, je me ferais un plaisir de tirer la première balle. Tant pis si je suis prisonnier – bagnard de l’hôtel. Tu ne trouveras pas sur mes bras les dessins de mes forfaits, l’encre tatouée des criminels. J’ai la même chair pourtant. Les muscles qui, un jour, ont fait couler le sang d’un autre ne se contractent plus de la même manière. Le meurtre est gravé en eux, et ça, aucun tatouage n’y changera rien. Les corps ont la mémoire de leurs puissances – de leurs faiblesses aussi. Un corps qui un jour a pu en détruire un autre ne pourra plus jamais oublier qu’il en est capable.
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- Nous pourrions dîner ensemble, qu'en pensez-vous ?
- Hélas, j'ai déjà dîné plus tôt dans l'après-midi. Les gens sont toujours surpris lorsque j'évoque cette habitude qui est chez moi un rituel. Voyez, pour éviter de perdre du temps, toutes ces scènes où l'on passe à table, je me fais servir mes repas les uns à la suite des autres. Petit-déjeuner, déjeuner, goûter, puis souper, tout cela dans l'ordre et sans interruption, de treize heures à seize heures, si bien qu'ensuite je suis libre de vaquer à des occupations supérieures.
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On croit que le corps importe peu, que la vraie force, c'est celle de l'esprit. Eh bien, ce sont des âneries que l'on a inventées pour camoufler les injustices. Je ne vois pas pourquoi, dans nos corps, l'esprit agirait comme une machine à part. Certains sont lourds et d'autres sont aériens. Je ne parle pas bien sûr des kilos que l'on prend ou que l'on perd, mais bien de la structure, je dirais originelle, des corps. Des hommes doivent coller au réel et d'autres sont faits pour s'en détacher.
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Il y a des femmes que le naturel rend plus impressionnantes que les talons hauts et les rouges à lèvres.
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Les drames personnels ont ceci de très confortable - ils mobilisent l'esprit tout entier, on ne cherche pas à guérir. Une musique tourne en boucle, on se frappe la tête contre les murs et on échappe à la conscience de sa propre médiocrité. Nos petites tragédies sont douces - elles nous font croire à un destin hors du commun. Je souffre fort, si fort, personne n'a jamais pu connaître ça. On aperçoit rarement l'extrême banalité de nos drames - ça nous démarque des autres, comme si nous leur étions supérieurs. Accepter l'universalité de nos peines reviendrait à prendre conscience de notre inutilité dans le monde. Si je venais à disparaître, rien ne changerait. Constat brutal, trop amer pour que nous puissions le porter continuellement à la boutonnière. Nos douleurs sont les premières compagnes du sens que l'on prête à notre existence.
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Elle dégage une noblesse tendre. Ce n’est pas la froideur des bals ennuyeux ou des contenances arbitraires. L’aristocratie de son visage est celle d’une race qui s’effrite, l’empreinte d’un temps révolu où les grandes familles riaient encore, du coin de l’œil et jusqu’au bout des ongles, puisque la bourgeoisie austère et travailleuse, la classe des pisse-froid, des sérieux, n’avait pas encore gagné la partie.
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Rien d’autre n’existe pour l’heure que son visage suppurant. Une rupture si radicale, un tel carnage ne peut que l’obséder. Il essaye de se convaincre qu’il y a des malheurs bien plus grands, que sa figure importe peu dans l’ordre du monde ; son intimité est frappée si haut que son âme se révulse. Il y a là toute la violence d’une identité qui s’échappe – la honte suprême d’offrir de soi un si triste spectacle. Tous ses vices sont marqués au fer rouge. Il est condamné à les porter sans cesse.
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Les amours blanches, celles que l’on n’a pas pu consommer, nous dévastent quand elles s’enterrent. Le deuil de ce que l’on aurait pu vivre n’est pas anodin et les cœurs sensibles s’y égarent souvent plus qu’au milieu des passions révolues.
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Les rituels sont tous ces moments arrachés à la course qui nous épuise, les travaux, les corvées, la vie. On recueille un objet, on recueille un instant et les dangers s’amenuisent. Ce goût, ces gestes, on les connait sans surprise et pour toujours. Ce n’est pas le bleu fade de l’habitude, mais la joie bête et simple d’une chaise sur un balcon, un verre de bière à la main, quand le soleil doucement s’éteint.
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Son esprit tourne à vide. Questions stériles et angoisses creuses. On est si vite dévoré quand on est inoccupé. Les désœuvrés vivent leurs amours d’une tout autre manière puisqu’il n’y a que ça pour les maintenir. Toutes les pensées convergent en un seul point et les fantasmes ne sont jamais assez forts pour supporter autant d’assauts. Les amants à qui la vie n’offre rien d’autre que la possibilité d’une passion se font trop exigeants. Ils voudraient qu’une femme les sauve quand l’amour n’a jamais pu guérir les natures malheureuses. Leurs esprits s’embrument ; les sentiments s’entortillent et se mélangent – jamais ils n’attraperont cette simplicité qui pourtant devrait les mouvoir. Tout de suite ce sont les grands mots – la mort, le sang, le regret éternel.
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