De quoi est capable une femme aimante dont le mari n'en a plus que pour quelques mois à vivre .
Colette dont le mari Jean est très malade , mais elle seule est au courant ,a décidé de lui donner une courte chance de carrière , car il n'est que la doublure du comédien titulaire Serge Sylvestre.En éliminant celui - ci , son mari aura son heure de gloire et elle va poignarder Serge pendant un moment nocturne d'une représentation ...
Vite fait , bien fait , mais tout n'est pas si simple car Ingrid la maitresse de Serge va se suicider ...et le commissaire Gérard Rousselle de la Gâtine , est très futé ...
Jean va vite comprendre l'implication de sa femme et l'arrivée de la soeur d'Ingrid va peut - être lui permettre de disculper Colette ....
Mais la chose va être plus compliquée que prévu .
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Ne vous fiez pas au résumé éditeur qui n'a rien à voir avec le roman en question ...
Voilà un roman policier de 1965 , très féminin ; ne vous fiez pas au pseudo de l'auteur qui de son vrai nom est en fait Liliane Gatineau.
Sur fond de romance , tuer par amour pour donner à son mari un bref succès , n'est pas vraiment une bonne idée .
Le roman est assez agréable à lire , même si certaine situations sont très peu crédibles , surtout vers la fin ...
D'autant plus que cette fin est un peu tarabiscotée , mais j'ai lu ce roman quand même avec plaisir .
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J’ai toujours entendu dire qu’entre une victime et son assassin s’établissaient des liens invisibles à l’œil nu, mais parfaitement décelables pour un policier averti et bien équipé.
Ce que je vais faire est moche. Aller dénoncer sa propre épouse est une vengeance bien basse, mais le moyen de faire autrement ? En général, un mari trompé divorce ou tue quand il a des preuves. Moi, je ne possède qu’une conviction. Et je veux savoir par quel chemin Colette en est arrivée au crime.
Pour être tout à fait franc avec moi-même, je dois aussi admettre que Colette me fait peur : elle a agi avec un sang-froid peu commun, elle a pensé à tout, même à aiguiller le commissaire sur une coupable possible.
Dagmar se rapproche de moi. Ses yeux immenses ont perdu toute expression. Pâle comme un marbre, elle ressemble à la statue du « Commandeur » de « don Juan ». Un cauchemar burlesque, c’est bien cela ! Elle commence par ouvrir les lèvres, comme si elle demandait un baiser, puis elle parle, avec lenteur, application, en détachant chaque syllabe :
— Tu vas mourir, Jean… Ton ulcère est un cancer, et il est mûr pour t’emporter, si j’en crois le professeur qui vient de me téléphoner… Quelques mois… J’espère que tu as peur… Tu es seul, Jean. Il ne faut plus compter sur moi, évidemment… Ta femme est loin et t’en veut sûrement des humiliations que nous lui avons fait subir…
Je l’avais vu répéter ce rôle. Il y était vraiment extraordinaire. Il collait au personnage. Lui, si doux, si timide, si sensible savait se déchaîner quand il devenait cette sorte de « Gengis Khan » moyenâgeux qu’avait merveilleusement campé l’auteur. Mieux que le créateur… Il jouait mieux. L’autre n’avait plus l’âge… Mais l’autre avait un nom. Il avait tout et nous, rien. Pas même de quoi manger. Pas même le temps d’espérer.
Jamais je n’avais eu le courage de me faire violence pour obtenir une chance. J’appelais honnêteté ce qui n’était qu’une fuite… Et, quand j’accepterai d’agir comme les autres, le temps aura passé, et personne ne songera plus à me proposer quoi que ce soit d’interdit par les ligues de vertu. On m’avait bien armée pour la vie en me faisant apprendre par cœur des livres de morale.
Je n’aurais jamais cru qu’on puisse devenir un autre homme sur un simple déclic. C’est pourtant ce qui se produit. Peut-être parce que je suis comédien, je colle soudain au personnage que je vais jouer le lendemain, à la personnalité de vedette que je vais devenir. Et j’agis avec une autorité que je ne croyais pas posséder.