Citations sur Que du bonheur ! (20)
Vive la chanson française qui embellit des vies et rend belles nos histoires malheureuses. Elle* affirme, tout en minaudant, avec une moue de princesse assise sur un petit pois que, lorsqu'elle s'ennuie, elle peut retrouver son chanteur. Pendant "Deux minutes trente-cinq".
Deux minutes trente-cinq de bonheur dans sa vie.
C'est tout ce qu'il lui faut pour être heureuse. Pour avoir un peu de joie dans son coeur.
Elle sait se satisfaire des miettes que le temps lui accorde.
Mais peut-être qu'elle a raison.
La voix de son chanteur lui procure de la joie. Du bonheur. Un petit peu. Juste un petit peu. Un petit peu de bonheur, quand on ne connaît que le ciel gris des humeurs maussades, c'est énorme. Les petits riens rendent heureux.
Il suffit de les accumuler. Plusieurs petits bonheurs font un bonheur immense.
On n'a pas affaire à une sainte non plus. Elle susurre qu'elle peut imaginer faire ce qu'elle veut avec son idole. Sans donner de détails. Nous, on imagine. On a des idées. On n'est pas nés de la dernière pluie.
(p. 111)
* Sylvie Vartan & Carlos - 2'35" de bonheur (1967)
https://www.youtube.com/watch?v=egOELY-9j3M
Ce que je veux , c'est être tranquille et pas forcément sauver le monde . Déjà que j'ai du mal à me sauver moi-même ...
Mon père n'est pas trop causant. Ma mère affirme qu'il est comme une huître fermée le jour du réveillon. Le genre de mollusque résistant sur lequel on use son couteau et qu'on finit par abandonner sur le bord du plateau si on ne veut pas se blesser.
(p. 36)
Elle me soulage, Alice , parce qu'elle voit toujours les choses du coté blanc de la vie . Ce qu'elle en dit :" Faut pas la voir en rose , la vie . Le rose , c'est cucul, c'est gnangnan, c'est pour les chochottes , les cruchasses ". Nous , on voit le coté blanc , celui qui éclaire , celui qui éblouit , celui qui illumine . Celui qui s'oppose au noir , à la grisaille , à la tristesse .
Je me goinfre de ces Chamallows et alterne , un rose un blanc, un rose, un blanc, un rose, un blanc , pour m'étouffer avec . Peut-on se suicider aux bonbons qui ont les couleurs que la vie devrait avoir ?
Je ne balance pas , je demeure silencieuse , les yeux baissés . Une vraie attitude de victime , j'en ai conscience . Les saintes ne sont pas récompensées, au lycée . Elles ne finissent pas au paradis . Elles traversent un long purgatoire d'humiliations . Elles sont éclaboussées d'un mépris sale et tenace .
Lorsque je suis chez maman, dans la semaine B, je ne pose pas de questions non plus. Sa vie ne ressemble plus à rien. Son travail à l'hôpital lui pompe une énergie folle. Elle doit faire des heures sup pour pouvoir tout assumer, le nouvelle appart', l'assurance de la voiture. Je la laisse s'affaler devant la télé. Elle regarde des émissions comme moi j'engloutis la nourriture. Elle ne se limite pas à Canal Plus. Les débiles qui s'agitent en se criant dessus, elle regarde. Les concours de chansons et de danse à deux balles, elle regarde. Le télé-achat, elle regarde. Les clips en boucle, 'Les feux de l'amour'. Tout. Je suis obligée, parfois, de me lever et d'éteindre l'appareil, de faire preuve d'une maturité que je n'ai pas.
(p. 45)
Ma mère laisse tout traîner , l'appart est un véritable chantier en construction . Un désordre sans nom . Je suis la seule fille au monde qui peut ordonner à sa mère d'aller ranger sa chambre .
Mais que les choses soient claires : on ne naît pas boulet, on le devient ! Je refuse le déterminisme et la facilité. Boulet un jour, boulet toujours, c'est faux. Luttons, luttons contre cette idée véhiculée par le clan des discriminateurs.
Tout est parti en cacahuète, cette année. En sucette, en vrille, en live. Le grand n'importe quoi, le fête aux catastrophes, l’enchaînement des événements les plus pourris que l'on puisse imaginer.