C'est à son insu qu'André Cormerais a écrit l'histoire de la vie de Mathurin le Guilloux.
Pourtant c'est heureux que ce dernier ait finalement, de son vivant, autorisé à la faire publier.
Paru en 1928, "Sur les flots" n'est pas vraiment une biographie.
C'est plutôt le récit d'une carrière, d'une vie de marin exceptionnelle et héroïque.
Mathurin le Guilloux est né - et cela fera plaisir à mon ami Christophe - en septembre 1869 à Saint Gildas de Rhuys.
En 1883, inscrit maritime provisoire au quartier de Vannes, il s'embarque, au chalut, comme mousse au Croisic, puis aux Sables-d'Olonnes pour pêcher la sardine.
Puis il entre dans la "Marchande" en embarquant sur le brick "Cité Céleste", qui fait du cabotage sur les côtes de France, d'Angleterre, d'Espagne et du Portugal.
Mais en 1889 arrive le temps du service militaire ...
Devenu matelot de troisième classe au dépôt des équipages du port de Lorient, il est très vite affecté sur le navire école "Bretagne" à Brest.
Réalisant le rêve de sa jeunesse, il va enchaîner les embarquements et sur l'aviso-transport "le Pourvoyeur" boucler son premier tour du monde.
Embarqué sur le croiseur "le Tage", il va se trouver, en 1902, mêlé à la tragédie de l'éruption de la Montagne Pelée.
Il va concevoir un ensemble de simplification au code de signalisation maritime qui lui vaudra les félicitations officielles du ministre de la mer.
Il va se distinguer, par sa conduite héroïque, lors d'un incendie à bord du croiseur cuirassé "Jeanne d'Arc", déjà bâtiment "École d'Application aux Aspirants de Marine".
Mais en 1914 arrive le temps d'une terrible guerre ...
"Sur les flots" n'est pas écrit par un marin. C'est un livre écrit par un homme de lettres.
On n'y retrouve pas les expressions et le vocabulaire qui sont souvent, parfois artificiellement, l'apanage du genre.
L'auteur du livre, André Cormerais, est professeur agrégé de l'université.
Le style de son écriture est simple, dépouillé de toute fioriture mais efficace et agréable.
Le récit est précis, documenté et clair.
Il fait de l'histoire de la vie de Mathurin le Guilloux un roman a peine croyable.
L'auteur passe sous silence la vie privée de l'homme pour ne parler que du marin.
Les scènes décrites le sont avec un réalisme et un souci du détail qui force l'admiration pour l'écrivain.
Le livre est tout simplement passionnant.
Il y passe le souffle épique et salé que ne peut qu'aviver le destin d'un grand marin.
Mathurin le Guilloux est un un de ces hommes qui, resté pourtant un anonyme dans le grand livre de l'Histoire, aurait pu, s'il était venu plus tôt, inspirer la plume de G. Lenotre pour un chapitre de sa fameuse petite Histoire.
Mathurin le Guilloux, homme de mer surpris par la guerre, "avait le coeur bardé de ce triple airain que le poète estime nécessaire au vrai marin".
Et André Cormerais a su magnifiquement nous le raconter ...
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Au début de juillet 1914, le premier-maître de timonerie Mathurin Le Guilloux, un breton originaire de Saint-Gildas de Rhuys, en Morbihan, se trouvait à Villefranche, en Provence, sur son garde-pêche "le Golo".
Le joli bateau que ce "Golo" !
Long d'environ vingt-cinq mètres et large au plus de cinq mètres cinquante, avec sa coque toute blanche, il ressemblait absolument à un yacht de plaisance ...