... trois fois plus d'hommes que de femmes souffrent de problèmes d'assuétudes. Il faut croire que la soi-disant virilité masculine n'est souvent qu'une parure qui masque une grande dépendance.
... le contre-dépendant choisit ses vêtements seul, mange seul et se baise tout seul ! Son lot est le lit vide, la solitude et la performance occasionnelle. Ses besoins d'union et de dépendance sont refoulés. Ses tripes pleurent pendant qu'il pratique l'autodiscipline et l'ascèse.
En réalité, la chaussure du couple ne sied pas à tout le monde, mais presque tout le monde essaie d'y prendre son pied avec plus ou moins de bonheur. Que voulez-vous, nous n'avons plus les couvents et les monastères pour justifier des vies sans partenaire ! Devant un tel état de fait, nous aurions peut-être avantage à parler du couple en tant que vocation, du célibat en tant que vocation, de l'homosexualité et même du "don-juanisme" comme des vocations, c'est-à-dire des appels de l'âme qui cherche à travers ces formes de vie son expression la plus juste. Cela nous éviterait de tout juger, de tout condamner... et de tout expliquer.
... je ne peux qu'encourager mères et enfants à lever le voile du passé afin de mieux vivre ce qui leur reste à vivre. Il ne s'agit pas de se laisser aller à des reproches sans fin, il s'agit d'aménager un espace où chacun peut raconter sa propre histoire en se sentant écouté et respecté. Mère et enfant n'ont pas à tomber d'accord sur une histoire commune. Il faut simplement qu'ils essaient de se comprendre, sans se juger.
Que son p!ère soit alcoolique ou criminel, son petit l'aime, et, à moins qu'il y ait danger moral ou physique pour l'enfant, il faut tenter d'aménager une forme de contact.
C'est souvent dans la trentaine que les fils se rappellent soudain qu'ils ont eu des parents qui sont aussi des êtres humains.
... il est bon de se rappeler l'histoire de cette grand-mère qui a laissé son petit-fils monter seul son traîneau en haut d'une pente glacée. Malgré ses nombreuses chutes, l'enfant refusait son aide et elle finit par se résigner à le laisser faire. Elle fut récompensée par son sourire de triomphe lorsqu'il arriva en haut et lui déclara, fier de lui : "J'ai réussi, grand-maman ! J'ai réussi !" Elle me confia que si elle avait été sa mère elle n'aurait jamais pu le laisser faire ; elle n'aurait pas eu le détachement suffisant. Mais elle se serait aussi privée de son sourire de triomphe. Il s'agit donc bien souvent de jouer à la grand-mère avant son temps.
Un jour ou l'autre, tôt ou tard, il faut avoir le courage de confesser son péché contre la vie, et obéir à sa voix intérieure. Sinon on crève dans l'absurdité la plus totale, ayant perdu le sens de soi-même, les sources du renouveau intérieur s'étant taries.
Seule la créativité a le pouvoir par son feu de transformer les obsessions, les manques, les blessures et les lâchetés. A condition bien entendu que l'on ait le courage de l'approcher. Si on ne le fait pas, toute la souffrance qu'un individu peut éprouver perd sa raison d'être et nul ne peut en profiter.
Il ne faut pas confondre spiritualité et peur de vivre. La véritable spiritualité représente la fleur d'une vie. Elle ne craint pas le fumier, les profondeurs de la terre et la chaleur du soleil. Elle s'y nourrit. Elle a besoin de faire l'amour si j'ose dire. Elle ne peut s'élaborer contre la sexualité, contre la pulsion de vie elle-même. Si la spiritualité n'intègre pas la sexualité dans un grand mouvement vital, elle devient desséchante. Elle devient la servante du complexe maternel négatif qui interdit de vivre. Elle s'appuie sur une haine inconsciente de la vie et par ce fait même perd toute valeur de croissance pour l'individu.