L'Illusion comique

LE GEOLIER

On nous tient des chevaux en main sûre aux faubourgs
Et je sais un vieux mur qui tombe tous les jours,
Nous pourrons aisément sortir par ces ruines.

Hélas ! que j'aide bien à m'abuser moi-même !
Je vois qu'on me trahit, et je crois que l'on m'aime,
Je me laisse charmer à ce discours flatteur,
Et j'excuse un forfait dont j'adore l'auteur.

C'est vol, c'est perfidie, assassinat, poison,
C'est massacrer son père et brûler sa maison

Où sont tant de serments de n'aimer rien que moi ?
Qu'as-tu fait de ton coeur ? Qu'as-tu fait de ta foi
Lorsque je la reçus, ingrat, qu'il te souvienne
De combien différait ta fortune et la mienne

[...]

J'étais hors peu de chose, oui, mais qu'il te souvienne
Que ta fuite égala ta fortune à la mienne
Et que pour t'enlever c'était un faible appas
Que l'éclat de tes biens qui ne me suivaient pas

Si le ciel en naissant ne m'a fait grand seigneur, il m'a fait le coeur ferme et sensible à l'honneur, et je suis homme à rendre un jour ce qu'on me prête

Le blâme qu'on reçoit d'aimer trop une femme
Aux maris vertueux est un illustre blâme.

PRIDAMANT
(...)
Donne enfin quelque borne à mes regrets cuisants,
Rends-moi l'unique appui de mes débiles ans.
Je le tiendrai rendu si j'en sais des nouvelles,
L'amour pour le trouver me fournira des ailes,
Où fait-il sa retraite ? en quels lieux dois-je aller ?
Fût-il au bout du monde, on m'y verra voler.

Qui cache sa colère, assure sa vengeance.

Que ne fait point l’amour quand il possède une âme? (Clindor)

« Nous donnons bien souvent de divers noms aux choses : Des épines pour moi, vous les nommez des roses. »