Citations sur Les amandes amères (25)
Elle a bien une carte de crédit mais elle n’arrive pas à se souvenir de son code secret.
Son fils, lui, connaît ce code par cœur. Alors, chaque fois qu’elle lui rend visite, à Pantin, elle va retirer de l’argent avec lui au guichet le plus proche.
« Il faudrait vraiment que vous sachiez lire, laisse échapper Édith. Vous ne voulez pas que je vous apprenne ?
— D’accord », dit Fadila en la regardant dans les yeux.
Elle a des regards qui font peur. On voit apparaître en surface une violence intérieure prête à faire éruption, une amertume de chaque instant, bridée tant bien que mal en présence de personnes qui ne sont pas des proches.
Elle est si dure, si souvent, qu’on est sur le qui-vive avec elle, toujours prêt au recul.
La chambre habitée par Fadila est minuscule. Inhumaine- le mot saute à l'esprit. Elle doit faire deux mètres de large sur deux mètres cinquante de long, avec à peine deux mètres de hauteur sous plafond.
...
La fenêtre a beau donner sur le ciel, et quand on s'en approche, sur les toits à l'infini, l’exiguïté de la pièce suffit à expliquer que Fadila y ait des crises d'angoisse.
C'est le contraire qui serait anormal
[Edith] elle aussi a besoin d'un minimum de confiance dans le succès. Car elle va continuer. Quoi qu'elle en ait, elle ne peut pas interrompre ce qui est commencé. Elle ne se voit pas dire à Fadila : ça ne va pas marcher, arrêtons les frais.
Une demi-heure serait le minimum, une demi-heure tous les jours. Comment demander cela à une femme lasse et révoltée qui se voit comme une vieille femme ?
Une femme déracinée, seule le soir dans une chambre minuscule, qui ne peut pas éteindre la télévision sous peine d'être happée par l'angoisse.
Une fois de plus elle souffre de ne pas avoir la place qui devrait être la sienne, à son âge — qui aurait été la sienne si elle avait vécu normalement au Maroc. Elle sort de son mutisme pour dire, lapidaire : « Après on a les enfants la vie l’ foutue. » Amère. Stoïque. Déchirée. Brutale. Pas à une contradiction près.
Pour elle, l'emploi crée des liens réciproques de personne à personne qui vont très au-delà du contrat de travail. On ne défait pas ces liens froidement, unilatéralement. Au contraire, on fait tout pour ne jamais les rompre.
Pour elle, l'emploi crée des liens réciproques de personne à personne qui vont très au-delà du contrat de travail. On ne défait pas ces liens froidement, unilatéralement. Au contraire on fait tout pour ne jamais les rompre. (p. 153)
L'illettré est français de souche et l'analphabète immigré .
- C'est pour tout le monde pareil, vous savez, ce qu'on n'entretient pas, on l'oublie
- Les hommes s'fatiguent pas pour le rangement . Il s'cassent pas la tête
- J'rd'hui les filles ils courent partout
- Etre analphabète est plus qu'un handicap, c'est une honte
- On dit au revoir quand on part en voyage! On sait pas ce qui peut arriver, on peut mourir. On dit au revoir.
- Chez nous au Maroc les filles ils doivent tout faire pour la mère
- On ne dit plus analphabète mais non scolarisé
- Ce que vous faites les parents, les enfants vous le fait
- Les problèmes, la famille c' très, très grave. Parce que les gens d'dehors on peut fermer la porte, mais la famille on peut pas fermer la porte
- Les belles filles et les belles mères sont rivales. Elles aiment le même homme. Et en général les maris donnent la préférence à leur femme.