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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai lu avec plaisir Les fainéants dans la Vallée fertile (1948). Je le trouve cependant moins riche que Mendiants et orgueilleux (1955). Mais il est original, absurde et décapant.
Albert Cossery (1913-2008) refusait toute forme d'aliénation. Dans ce roman sarcastique, il s'attaque à la valeur travail. La narration est limpide et ciselée. Les dialogues réinventent l'arabe populaire de son enfance.

Le livre s'ouvre sur une scène dans la solitude d'un champs de maïs. Un enfant en guenilles d'une dizaine d'années s'obstine à chasser des moineaux avec sa fronde. Il enrage et recommence sans répit comme si une force démoniaque l'agitait. Serag est empêché de somnoler et effrayé par l'hyper-activité de l'enfant ; Est-ce cela le travail ? Serag est perplexe car depuis longtemps, il rêve de travailler de ses mains et de « porter les stygmates d'un vrai labeur ». L'enfant qui se nomme Antar accepte de l'accompagner contre quelques piécettes, jusqu' à une usine en construction abandonnée. Serag s'y rend chaque jour, comme on va en pèlerinage. L'enfant ne comprend pas son désir de travailler. « Tu es fou. Tu veux travailler dans une usine ! C'est un jour noir pour ta mère ! « . Serag rencontre ensuite un pauvre commerçant qui le dissuade de suivre son exemple : « Qu'Allah maudisse le commerce et ceux qui l'ont inventé ! répondit Abou Zeid. C'est un malheur pour mes vieux ans. Je ne parviens pas seulement à tirer le loyer de cette maudit boutique. » le pauvre homme a eu le tort de se marier. Serag rentre chez lui épuisé par sa promenade méditative. le vieil Hafez son père réside seul à l'étage de leur maison délabrée et ne quitte jamais son lit. C'est lui qui a appris à ses fils à bien se tenir. «Qu'est-ce que j'entends ? Tu veux travailler! Qu'est-ce qui te déplaît dans cette maison? Fils ingrat ! Je t'ai nourri et habillé pendant des années et voilà tes remerciements !  »Le vieil Hafez a décidé de se remarier par l'intermédiaire de l'entremetteuse Haga Zohra, histoire d'assoir son autorité sur ses fils. L'aîné Galal passe sa vie sous son édredon, ce qui le préoccupe, c'est avant tout la souris qui perturbe sa pratique professionnelle du sommeil. Rafik le cadet est beaucoup plus soucieux. Il veut empêcher son père de convoler et dissuader son petit frère de travailler. Il a failli lui-même devenir ingénieur mais a renoncé quand il a reconnu lors d'une visite dans une usine, « le désespoir inscrit sur les visages des ouvriers ». Depuis, entre deux siestes sur le canapé crasseux, il vitupère méchamment contre Hoda, la jeune servante et surveille d'un oeil mauvais l'arrivée de l'entremetteuse. Rafik voulait se marier avec Itmissal la prostituée du quartier, mais, au dernier moment , il a changé d'avis sans lui fournir d'explications...
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Une fable, une ode à la paresse, cette famille de glandeurs professionnels, le vieux Hafez calfeutré à l'étage et les trois fils, Galal capable de dormir tout un mois sans se réveiller, le casanier Rafik mais qui stresse car son frère Serag voudrait travailler dans l'usine pour être libre et le vieux, lui, a décidé de se marier mais fini la tranquillité si une femme entre dans la famille!

Autour, toute une bassecour colorée, l'entremetteuse Haga Zohra, la boniche Hoda amoureuse de Serag, l'inverti Mimi, et le jeune Antar si fier dans son misérable pagne, l'oncle Mustapha ménageant la chèvre et le chou, le commerçant raté Abou Zeid.

Une drôle d'histoire dont on aimerait savoir la suite.
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Roman très original, presque une fable ou un conte où la fainéantise est élevé en valeur fondamentale. Un patriarche vit avec ses trois fils dans une grande maison où leur objectif est de dormir et paresser. Seulement, le dernier des fils tenterait bien l'expérience du travail et le père a très envie de se remarier...
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Comme promis en début d'année 2022, je reviens visiter un vieil ami : Albert Cossery, le dandy parisien.
Me voici donc transporté dans une drôle de famille Cairote, celle d'Afez et ses trois fils : Galal, Rafik et Serag, ainsi que l'oncle Mustapha. Il y a aussi Hoda, la petite bonne de la maison, et qui en outre est amoureuse du jeune Serag.

L'histoire est assez simple :
Dans cette famille la paresse est la valeur première, dormir la fonction première.
Mais voilà que Serag en a marre de végéter entre ces murs, il s'est mis en tête de partir en ville pour trouver un boulot.
Autant dire : apporter la honte sur la famille.
De plus, le vieux, à quand à lui décidé de se remarier.
Branle-bas de combat !!!
Car un mariage ramènerait inévitablement une belle-doche à la maison. Autant inviter le diable à cohabiter. Une femme entre les murs, signifie pour les fils, la fin du repos, du calme, des siestes... tout une philosophie de vie ainsi menacée.
À partir de là, l'histoire va s'emballer.... enfin, s'emballer... à un rythme un poil plus élevé, vu que dans cette maison, tout le monde est à demi-comateux.
Le plan anti-mariage va s'enclencher.
Serag tentera d'aller vivre son aventure travail, contre l'avis de tous.
Hoda fera tout pour gagner le coeur de Serag.
On croisera également un jeune enfant des rues, malin comme tous les enfants des rues ; Abou Zeid, un pauvre commerçant qui tient une drôle de boutique ; Imtissal, la prostituée qui a très bien connu cette famille impossible ; Mimi, le peintre poète et enfin Haga Zohra, l'entremetteuse, masseuse à l'occasion.
Une petite souris et une grosse hernie viennent compléter le tableau.

Même si j'ai bien aimé cette lecture, je dois bien avouer que le plaisir fût moindre que celui que m'avait apporté les nouvelles : "les affamés ne rêvent que de pain" et "danger de la fantaisie", nouvelles extraites du recueil : "des hommes oubliés de Dieu".
Cette histoire reste bon enfant, l'humour étant à mon sens, le moteur de ce roman, de ce conte pourrais-je dire, même si bien-sûr, avec Cossery, la farce reste une façon d'égratigner la société du Caire (seulement ?)
Ici, le monde de travail, les valeurs sociales, familiales, la loyauté, le mariage, l'amour, tout est moqué avec malice.
La phallocratie est omniprésente tout du long du roman ( pour la moquer également ?... je l'espère)

A bientôt mon cher Albert !
Avant la fin de l'année ? P't'être bin qu'oui!
Mon choix est déjà fait pour la prochaine rencontre.

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Vraisemblablement le livre de Cossery où il porte au plus haut le culte de la fainéantise, culte qu'il a fait sien au quotidien.

Une famille égyptienne avec un patriarche et 3 fils où chacun s'efforce d'être le meilleur dormeur... jusqu'au moment inattendu où le fils cadet veut se mettre à travailler...

Une fable qui m'a fasciné, comme toute son oeuvre d'ailleurs.



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Un conte philosophique qui en vaut bien d'autres, basé sur l'absurde...
Mais un absurde joyeux et cohérent, très "Cossery".
Dans une famille qui fait de l'inactivité son idéal, c'est criminel de chercher à travailler...
Encore que le métier le plus dangereux du monde, c'est "retraité".
Le preuve: il y a peu de retraités qui s'en sortent vivants...
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"Les fainéants dans la vallée fertile" d'Albert Cossery (203P)
Ed. Joelle Losfeld
Bonjour les fous de lectures.....
Livre lu dans le cadre du défi "je noircis mon planisphère".
Découverte d'un auteur égyptien.
On parle d'une famille, une tribu d'hommes, le père et les trois fils dont l'occupation principale est de dormir.
Le père, Hafez, vit cloîtré à l'étage où il contemple sa hernie tout en rêvant à des projets de mariage.
Le fils ainé, Galal, ne se réveille que le temps de se sustenter ( et encore, pas tous les jours).
Le cadet, Rafik, entre deux sommes, s'oblige à rester éveiller pour chasser l'entremetteuse chargée de découvrir la future épouse.
Il a choisi le sommeil pour fuir les réalités de l'existence et le "monde misérable" qui l'entoure.
Et enfin, le benjamin Serag.
Celui-ci en a assez de cette vie oisive et veut absolument travailler.
Cette idée étonne le reste de la famille et trouble leur sommeil.
Serag réussira-t-il a prendre son envol?
Récit humoristique et rempli de dérision vis-à-vis du peuple égyptien dont fait partie l'auteur.
Agréable découverte sur l'art de cultiver l'oisiveté
On dit qu'Albert Cossery se serait inspiré de sa propre famille pour écrire ce roman?
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Les fainéants dans la vallée fertile de Albert COSSERY

Nous suivons dans ce livre, l'histoire d'une famille qui a fait de la paresse, son art de vivre.
Le père ne sort plus de sa chambre depuis longtemps, et cherche à se marier malgré son grand âge. Il est doté d'une hernie énorme qui déforme le bas de son ventre.
L'oncle fait trembler la maison par ses soupirs d'ennuis.
Le neveu a trouvé refuge dans le sommeil. Afin de continuer à vivre sa vie de fainéant, il a refusé de se marier avec une jolie prostituée. son frère, lui, dort depuis 7 ans, et se se réveille que pour manger.
Le cadet de la famille cherche à s'en sortir. il va chaque jour sur le chantier d'une usine dans l'espoir de trouver un jour du travail et de changer de vie.

C'est un humour féroce que nous livre l'auteur dans cet éloge à la paresse. Certains passages sont excellents et j'ai beaucoup ri.
Ce livre ne vous endort pas, il est écrit avec une plume alerte qui vous tient éveillé jusqu'à la dernière page.

Un bon roman drôle et original.

Extraits :

Serag avait entendu dire que les hommes travaillaient, mais c'est seulement des histoires qu'on racontait. Il n'arrivait pas à y croire complètement. Lui - même n'avait jamais vu un homme travailler en dehors de ces métiers futiles et dérisoires qui n'avaient dans son esprit aucun attrait valable.

C'était l'heure sacrée de la sieste ; la maison était silencieuse, comme enfouie au fond même du silence. Parfois, un bruit de vaisselle, imperceptible, étouffé, s'inscrustait dans l'atmosphère immobile, semblait un cri perdu à travers l'épaisseur du sommeil.

Oui, dit Rafik. Quand j'étudiais pour être ingénieur, on nous a fait visiter des usines. C'était de grands bâtiments insalubres et tristes. J'y ai passé les moments les plus pénibles de ma vie. J'ai vu les hommes qui travaillaient dans ces usines ; ce n'étaient déjà plus des hommes. Ils portaient tous le malheur inscrit sur leur visage; si j'ai abandonné ces études, c'est uniquement pour ne pas être le chef de cette horde d'agonisants.

Rafik était couché sur le lit, il réfléchissait à la gravité de la situation. Il appréhendait pour son frère les pires malheurs. Cette idée d'aller en ville pour chercher du travail était un Piège du démon. Elle portait en elle le germe de complications étant dues qui détruiraient leur repos dans ses moindres recoins. On n'allait plus finir avec les veillées et les attentes. Maintenant que la menace du mariage de son père semblait à peine conjurée par l'apparition de la hernie, Rafik se désolait de cette nouvelle tentative de corrompre leur sommeil. C'était un cercle infernal ; ils ne s'en sortiraient jamais.

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