Son vrai père ne changera pas. Ayrton le sait au fond de lui. Ce n’est même pas la peine d’essayer. Il était déjà un peu maniaque avant, maintenant qu’il est au chômage, c’est devenu maladif. Sa mère ne l’a pas encore compris, ou alors elle ne veut pas l’admettre. Elle dit qu’il lui faut du temps… Ayrton a l’impression qu’au contraire, il faut agir au plus vite avant que ça n’empire et qu’il les enferme tous les deux dans une bulle stérile.
Il se dégourdit les doigts, prêt à dessiner.
« Je vais créer quelqu’un d’autre. Un héros pour moi, et maman. »
Le papa qu’il n’a pas. Même si celui-ci est en papier.
"Le regard de son père est suspendu aux miettes. Si une seule tombe à côté de l'assiette...
- Hein? Oh, j'avais un rendez-vous ce matin, à Pôle Emploi.Rien de nouveau, comme d'habitude.
Il se détourne, vaporise le plan de travail et le frotte avec un torchon." p.12
"- Si tu t'en occupais mieux, ton fils ne serait pas aussi empoté! Je ne peux pas tout faire, ici! Si tu étais plus souvent à la maison...
- Il faut bien que l'un de nous deux travaille.
- Bien sûr, c'est toujours de ma faute! Tu crois que je n'essaie pas? Tu veux que je te dise ce que pensent les incompétents de Pôle Emploi d'un type qui avait un poste à responsabilités comme le mien et se retrouve sur le carreau à cause d'une fusion?" p. 18
"Ayrton se précipite vers le dessin et voit la pliure au niveau de la queue. Ça confirme sa certitude :
"Mon dessin est devenu réel. Si on l'abîme, le personnage auquel il a donné vie est blessé." p. 31