Le narrateur vivant à Paris est nostalgique de son enfance, quand il allait à Morcef, village de la Brie, passer ses vacances.
Un dimanche avec femme et enfants et un couple d'amis il organise un pique-nique sur ces lieux qui lui sont chers.
Il croise d'anciens copains perdus de vue, et apprend que Quentin, son ami d'enfance après avoir fait de la prison a disparu.
Les réminiscences de ce temps-là affluent et nous entraînent à nous plonger dans l'histoire de deux gamins que tout oppose, l'un imaginatif et l'autre sauvage et agressif.
Et par ce prisme l'auteur nous invite à revisiter la figure d'une France qui ne se ressemble plus.
Oui l'auteur se remémore, cette campagne qu'il aime tant et les jours heureux qu'il y a passé. Mais sa campagne et la campagne telle qu'elle survit en subissant les diktats de l'Europe n'est plus celle où il faisait bon cultiver la terre au rythme des saisons, élever le bétail, voir ses enfants grandir en rêvant qu'ils prennent le relais. Tout cela a disparu, pour laisser la place à rien, car la campagne n'est plus qu'une banlieue de plus, c'est à dire une zone au banc de la société.
Autrefois il y avait le narrateur, jeune parisien venant passer ses vacances et restant un peu en retrait par timidité, Quentin gamin doux, rêveur et légèrement handicapé suite à une polyomélite et Gary le révolté, chef de gang.
Pourquoi le gentil Quentin a-t-il disparu après avoir fait de la prison?
D'un dimanche bucolique nous passons au drame et les souvenirs sont aussi lourds et collants que la terre humide aux semelles des bottes.
Le lecteur va vivre cette campagne qui n'en est plus une, sauf pour Quentin et Tikiti (personnage en filigrane) véritable amoureux de la terre, qui oeuvre dans l'anonymat à ce qui lui parait essentiel de la vie et qui a su orienter les prédispositions de Quentin. Je regrette que ce personnage soit resté secondaire.
La campagne que nous raconte
Franck Courtès c'est juste une zone qui n'a plus sa valeur réelle, elle ne sert plus à vivre, elle laisse la place à de l'instantané, du peu profond : randonneur du dimanche, adeptes du jogging avec leur montre enregistreuse de performances à afficher sur les réseaux sociaux...
Qui dira les arbres, le chant des feuilles sous la caresse du vent, la terre qui s'endort l'hiver pour mieux s'éveiller au printemps et exhaler toutes ses senteurs et ses richesses à l'automne, qui racontera ses couleurs?
Ne parlons même pas du bétail, du gibier, l'industrie a tout saccagé avec la responsabilité de tous :"qui ne dit mot consent", quand Tikiti dit que l'élevage des poulets en batterie, les gens s'habituerons à consommer de la m.....
C'est tout cela, sans être passéiste il n'est de constater que la vie a perdu ses racines, celles de la terre, celles des fondamentaux, car autrefois le travail de la terre c'était le respect des règles simples sans lesquelles il n'y avait pas de vie en commun possible.
La sur-consommation a consumé les lieux et les êtres.
Franck Courtès fait preuve d'une nostalgie qui me parle.
Merci Lecteurs.com pour cette belle lecture.
@Chantal Lafon de Litteratum Amor 4 septembre 2016
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