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Franck Courtès, ou le narrateur, part piqueniquer en famille à Montcerf, en Seine et Marne, là où ses parents avaient une maison lorsqu'il était adolescent. Village et période de sa vie dont il garde une certaine nostalgie. Ah, la campagne, bucolique à souhait, où tout est sain et bio! Tout le monde en rêve dans nos villes actuelles.
Au village le narrateur rencontre deux anciens camarades qui lui donnent des nouvelles, prétexte à laisser vagabonder ses souvenirs d'une époque magique, mais surtout à raconter le changement, l'évolution de ces campagnes si proches de la ville, qui ont subi les bouleversements qui ont frappé de plein fouet une jeunesse à priori insouciante et privilégiée mais qui s'est laissée berner par les sirènes de la ville. Ces campagnes devenues banlieues, investies par les constructeurs, les industriels qui défigurent le paysage, conquises par les petits voyous qui corrompent les jeunes en toute impunité, délaissées par les jeunes et leurs envies d'ailleurs, d'autre chose certainement.
Au village, il y a Quentin, un jeune handicapé d'un pied, qui ne sera jamais comme les autres, mais qui rêve de poursuivre la vie des anciens et de rester vivre au village ; Gary, fier chef de bande, voyou brutal, raquetteur et pourvoyeur de drogue, qui terrorise le village ; Anne, et ses envies de vivre à la ville mieux qu'à la campagne, fille mère assumée mais perdue dans les vapeurs de la Beuh qui colorent son quotidien. Jusqu'à la confrontation, jusqu'au point de non-retour.
Loin de se cantonner à cette partie de la banlieue parisienne, cette évolution des campagnes et de villes a bien eu lieu « sur une majeure partie de la France ». Cette expression banale que nous entendons tous le soir pendant la météo prend alors une toute autre signification. Évolution d'un pays, perte d'une partie de ses richesses rurales, changement profond d'habitudes de vie. Il y a une grande mélancolie dans ces lignes, c'est un roman superbement écrit, coloré, tout en images et en odeurs. Il y a de grands silences aussi, descriptions de la nature, des paysages, des hommes, qui respirent ce passé perdu et idéalisé. On y sent la nature, le goût du beau et du simple qui font l'harmonie d'un paysage. On y découvre ces vies, souvent manquées, faites de compromis, de résignation, de victoires sur le quotidien, de remords et de regrets parfois. L'intrigue a du mal à se mettre en place, au risque de lasser. Pourtant la poésie et l'ambiance décrites avec beaucoup de justesse donnent envie de continuer la lecture d'un roman au final très réussi, même si je l'ai trouvé particulièrement nostalgique.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Ce roman pourrait être le récit d'un fait divers sordide, l'un de ceux qui font régulièrement la manchette des quotidiens régionaux. Il s'agit en l'occurrence d'un homicide. Emporté par sa soif de violence et de vengeance, un jeune homme tue l'une de ses connaissances, presque un ami.
Mais au-delà de ce règlement de compte, Franck Courtès nous offre une chronique de cette France dite profonde. Une France qui a énormément changé et dont le narrateur, parti vivre à Paris, à la nostalgie.
Au moment où commence le livre, il prend la direction de «sa» campagne avec son épouse et ses enfants. Il a envie de retrouver ce coin de terre où il a passé son enfance et où la nature avait beaucoup à lui offrir : «Ma passion pour cette terre, cette liberté, cette beauté attachait pour toujours mon être au paysage. Car le paysage donne lieu à l'amour.»
Un paysage qui va se modifier à la fois par les bouleversements de l'agriculture et l'usage intensif de pesticides et par la pression démographique qui voit la création de cités à quelques encablures des champs. «Enfant toujours je devinais qu'on voulait en finir avec la campagne. J'en profitais jusqu'à l'épuisement. Chaque action humaine la détruisait un peu plus.»
À ses côtés, il y a Quentin, le fils de Geneviève et Tikiti. Lui aussi aime cette nature, aime faire des découvertes, apprend quasi instinctivement la faune et la flore qui s'y épanouissent.
Une période durant laquelle il partage les jeux avec les enfants du village, mais qui va prendre fin dès que d'autres centres d'intérêt prennent le relais… «À l'adolescence, les bals, les filles et les cafés en ville les attiraient davantage que les chemins ou le marais. J'y ai goûté un peu, aux filles et à l'alcool surtout, avant de me retrancher sur mes terres, c'est-à-dire celle des autres. Les jeunes filles étaient compliquées à aborder pour un garçon immature comme moi. Elles me donnaient l'impression d'avoir une épargne à protéger ; un trésor qu'elles négociaient longuement jusqu'à me rendre malade les fois où j'étais vraiment amoureux.»
Quentin s'amourache d'Anne et finira par la mettre enceinte. Gary, quant à lui, va filer un bien mauvais coton, car «Dans les terres dévitalisées de l'Île-de-France, les graines de violence prenaient bien.»
Après plusieurs renvois de l'école, il avait trouvé comment s'en sortir: «Chaque jour, un garçon d'origine marocaine de la petite cité de Fuvières lui fournissait un haschich bon marché venu du Maroc (…) qui n'en avait presque plus que le nom, tant il était coupé de terre, de henné, de colle, de paraffine, d'acide de batterie, d'huile de moteur, de benzène, de phénols, le tout s'attaquant au foie, aux reins, bouchant les artères, décimant les neurones.» Déjà, on sent le drame sous-jacent. Car si chacun entend faire l'expérience de cette drogue, nombreux sont aussi ceux pour qui l'argent facile est paré de vertus que ne peut avoir la dure vie dans les exploitations agricoles. Par exemple pour Benoît, le jeune frère de Quentin. Aveuglé par des promesses fallacieuses, il va vouloir se lancer dans le trafic et oublier les conseils de son aîné. D'autant que ce dernier est également confronté à un autre problème : son amie Anne est enceinte et entend garder leur enfant.
Avec un vrai sens de la construction, Franck Courtès relève, chapitre après chapitre, l'intensité dramatique. À l'image de ce shit qui circule beaucoup dans la région, histoire de semer l'envie pour récolter le besoin, l'auteur pose un à un les jalons qui vont conduire au drame annoncé.
Un roman dur et âpre, une belle réussite avec une pointe de nostalgie. À moins qu'il ne s'agisse d'une mise en garde contre une société qui perd ses valeurs.

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c'est la première fois que je lisais un roman de cet écrivain et j'ai tout simplement adoré son écriture.
L'histoire relate les ruraux de la terre, avec en parallèle la vie de deux garçons de la campagne .... j'ai vraiment beaucoup aimé. je vous le conseille .............
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Franck Courtès, nous entraîne dans sa campagne, celle que cet enfant des villes retrouvait pendant ses vacances. Portrait nostalgique d'une campagne abîmée par l'arrivée de la drogue et de la délinquance, par l'installation des classes populaires exilées des villes, par la révolution du monde paysan sous la pression de l'industrie agro-alimentaire et son exigence de rendement. Dans ce décor, deux adolescents choisiront des routes opposées jusqu'au drame …
Un roman envoûtant, une écriture sensible et visuelle.
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Le narrateur vivant à Paris est nostalgique de son enfance, quand il allait à Morcef, village de la Brie, passer ses vacances.
Un dimanche avec femme et enfants et un couple d'amis il organise un pique-nique sur ces lieux qui lui sont chers.

Il croise d'anciens copains perdus de vue, et apprend que Quentin, son ami d'enfance après avoir fait de la prison a disparu.
Les réminiscences de ce temps-là affluent et nous entraînent à nous plonger dans l'histoire de deux gamins que tout oppose, l'un imaginatif et l'autre sauvage et agressif.

Et par ce prisme l'auteur nous invite à revisiter la figure d'une France qui ne se ressemble plus.
Oui l'auteur se remémore, cette campagne qu'il aime tant et les jours heureux qu'il y a passé. Mais sa campagne et la campagne telle qu'elle survit en subissant les diktats de l'Europe n'est plus celle où il faisait bon cultiver la terre au rythme des saisons, élever le bétail, voir ses enfants grandir en rêvant qu'ils prennent le relais. Tout cela a disparu, pour laisser la place à rien, car la campagne n'est plus qu'une banlieue de plus, c'est à dire une zone au banc de la société.

Autrefois il y avait le narrateur, jeune parisien venant passer ses vacances et restant un peu en retrait par timidité, Quentin gamin doux, rêveur et légèrement handicapé suite à une polyomélite et Gary le révolté, chef de gang.
Pourquoi le gentil Quentin a-t-il disparu après avoir fait de la prison?
D'un dimanche bucolique nous passons au drame et les souvenirs sont aussi lourds et collants que la terre humide aux semelles des bottes.

Le lecteur va vivre cette campagne qui n'en est plus une, sauf pour Quentin et Tikiti (personnage en filigrane) véritable amoureux de la terre, qui oeuvre dans l'anonymat à ce qui lui parait essentiel de la vie et qui a su orienter les prédispositions de Quentin. Je regrette que ce personnage soit resté secondaire.

La campagne que nous raconte Franck Courtès c'est juste une zone qui n'a plus sa valeur réelle, elle ne sert plus à vivre, elle laisse la place à de l'instantané, du peu profond : randonneur du dimanche, adeptes du jogging avec leur montre enregistreuse de performances à afficher sur les réseaux sociaux...
Qui dira les arbres, le chant des feuilles sous la caresse du vent, la terre qui s'endort l'hiver pour mieux s'éveiller au printemps et exhaler toutes ses senteurs et ses richesses à l'automne, qui racontera ses couleurs?
Ne parlons même pas du bétail, du gibier, l'industrie a tout saccagé avec la responsabilité de tous :"qui ne dit mot consent", quand Tikiti dit que l'élevage des poulets en batterie, les gens s'habituerons à consommer de la m.....

C'est tout cela, sans être passéiste il n'est de constater que la vie a perdu ses racines, celles de la terre, celles des fondamentaux, car autrefois le travail de la terre c'était le respect des règles simples sans lesquelles il n'y avait pas de vie en commun possible.

La sur-consommation a consumé les lieux et les êtres.
Franck Courtès fait preuve d'une nostalgie qui me parle.
Merci Lecteurs.com pour cette belle lecture.

@Chantal Lafon de Litteratum Amor 4 septembre 2016

Lien : http://chantal-lafon-12.skyr..
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Dans un village de la campagne française de jeunes enfants grandissent, des amitiés naissent, des rivalités surgissent. Ces caractères différents vivent différemment la mutation de cette campagne où les influences néfastes de la grande ville trop proche se font de plus en plus sentir. Certains se lanceront dans divers traffics alors que d'autres ressentiront dans leur chair le besoin impérieux de perpétuer l'essence de ces lieux proches de la Nature. Quand il faudra assumer ses actions, l'inconséquence de la jeunesse mènera au désastre; sera t'il possible de corriger cela?
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Qui repassant sur les terres de son enfance n'a pas eu la nostalgie d'un temps définitivement révolu, un temps que le souvenir nimbe de teintes dorées et sereines alors que la réalité était moins simple et moins paisible ?
C'est ce qui se produit lorsque Franck, le narrateur, revient à Mortcerf à l'occasion d'un pique-nique en famille. Mortcerf où ses parents possédaient une maison et où il a passé des jours heureux durant son enfance et son adolescence. le hasard d'une rencontre le place face à Alain, l'un de ceux qu'il a connu dans cet autre temps et cet espace devenu autre. Par son intermédiaire, il apprend ce "que sont ses amis devenus". Quentin, bancal dans sa démarche et droit de caractère, enraciné dans son royaume de bois et de champs ; Gary, emporté par une sauvagerie et une violence inexorables ; Tikiti, Anne, Benoit... autant de personnages qui nous deviennent familiers, avec lesquels on s'indigne, on s'émeut, on aime, on brûle, on hait, on vit.
D'une manière extrêmement fine et sans nuire à l'intrigue, le roman nous confronte au passage du temps sur les êtres, sur les choses, sur la nature et sur cette campagne, paradis pour certains, purgatoire ou enfer pour d'autres.
Cette dualité des points de vue, des êtres, des paysages et des ressentis est au coeur de ce roman remarquable de subtilité et d'acuité. La construction par chapitres dédiés en alternance à Quentin, Gary et Franck coud le présent au passé et utilise le temps qui passe comme une profondeur de champ.
C'est vraiment un très, très beau roman, éloigné de tout simplisme, avec une écriture ondoyante qui épouse les contusions des existences, toutes les coïncidences et tous les "hasards nécessaires" qui font dévier le cours des destinées. Avec l'omniprésence d'une nature équivoque, à la fois généreuse et austère, indomptable et dévastée. Comme l'âme humaine.
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