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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Passionnant huis clos au 122ème étage d'une tour parmi des milliers à Chicago, toutes hautes de 300 étages. le travail est la seule valeur qui glorifie et tient les humains face à des machines omnipotentes qui sont jugées parfaites et rabaissent hommes et femmes au rang de serviteurs obéissants ou subissant la disgrâce. C'est parfois cru et noir, au rythme de quelques violences, dont les chutes ou suicides par défenestration qui m'ont rappelé l'horreur du 11 septembre.

Nous sommes dans une version moderne où la partie travail de 1984 se déroulerait dans le décor et avec l'ambiance de Severance (série TV). Chacun effectue dans son box des tâches dont on ignore le sens. Les rares pauses sont le moment de partage d'informations entre membres de guildes, quand ce n'est pas la guerre entre ces clans pour la conquête du territoire.
Les esprits sont soumis à rude épreuve dans cet univers dystopique aussi fou que les humains qui s'y cherchent une singularité. Les manipulateurs de ce non-jeu sont invisibles et il y a certaines règles à respecter, certaines failles à exploiter.
La narration est à la première personne du pluriel, c'est un régal car on ne sait pas qui parle. L'ambiance semble étrange au début, puis nous sommes immergés et les pages tournent à grande vitesse et au rythme de courts chapitres. Il se passe toujours quelque chose et les réflexions sont extrêmement bien vues. Un livre humaniste.
Nous ne trancherons pas le débat sur l'aliénation de l'homme au travail, surtout quand il devient l'esclave du système mais qu'il estime que le labeur est la plus haute valeur. Difficile aussi de déterminer si les tourments de chacun sont des réactions ou des affirmations de la puissance de l'esprit de chacun.
Toujours est-il que le final n'est pas celui que l'on voit venir, grandiose délire !
Un auteur dont j'ignorais l'existence il y a un mois et dont je vais lire d'autres oeuvres.
Lien : https://www.patricedefreminv..
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Une lecture express d'un récit coup de poing qui se pare d'atours dystopiques pour frapper au coeur, les symboles de notre aliénation au travail. Les émanations qui s'échappent de ce roman sont tellement corrosives qu'elles feraient passer le vitriol pour une flagrance affadie. Alors oui, 'les agents' n'est pas une histoire à la portée de toutes et tous. La lecture y est difficile, rendue compliquée par une déconstruction de la narration qui dépersonnalise les 'agents' et leur 'guilde' que le lecteur découvre au fil des pages, à travers l'inconfort exigu de leurs boxs de travail. Il est question de conservation de territoire, plus que de développement personnel, et de cohésion de groupe, plutôt que d'évolution individuelle. Et pourtant, dans le ronron lancinant des journées de travail, entrecoupées de pauses inutiles, les fils de la trame se tissent, liant le destin de chacun à une apogée que l'on devine fatale. Qu'attendre de plus d'un monde dont l'avenir se borne à l'horizontalité de l'étage d'une tour gigantesque, une, parmi ses milliers de voisines que l'on devine? À part regarder les suicidés des étages supérieurs tomber, pas grand chose... Et c'est là, la virtuosité de l'auteur, qui dévoile dans un final à couper le souffle, une intrigue digne d'une super production. le dernier quart du roman se dévore plus qu'il ne se lit, et laisse le lecteur pantelant face au résultat de la somme des désenchantements nécessaires à cette conclusion. Il n'y a qu'une seule issue possible... pas sûre qu'elle vous plaise. Et pourtant l'algorithme est formel sur les probabilités de réalisation. Si vous n'êtes pas prêt à affronter la réalité du monde de travail de cette dystopie (pas si éloignée de la nôtre ), surtout ne lisez pas ce roman... pour les autres (les salariés ascendants agents), allez-y sans peur. Délectez-vous de tout... et surtout des dernières lignes...
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Rivés à leurs écrans, les agents veillent à la bonne marche d'un monde qui tourne sans eux. Dans des box blindés, dans de hautes tours de verre d'un autre siècle, ils travaillent et luttent pour conserver leur poste, buvant du thé, s'achetant des armes. Tous les moyens sont bons. Ruse, stratégie, violence – guerre totale. Parce qu'il y a pire que la mort, pire que la Colonne Rouge. Il y a la rue, où règnent les chats, le chaos, l'inconnu.

Métaphore du monde du travail et roman de l'obsession, le récit enferme le lecteur dans le petit monde d'une entreprise inhumaine où comme l'agent, il ne peut survivre qu'en entrant dans le dangereux engrenage de la compétition sans merci. Tout au plus peut-il espérer survivre en rejoignant une guilde, petit cercle de protection. Tous les coups son permis.
Comme "Les lois du ciel", cette dystopie est glaçant, moins coup-de-poing peut-être mais tout aussi fort. En poussant à l'extrême la valeur accordée au travail et à l'emploi, tout nous pousse à réfléchir et faire le premier pas vers une remise en cause. Mais sommes-nous capable d'aller jusqu'au bout ?

Une lecture dont on sort retourné, le souffle coupé, les yeux écarquillés. le retour au bureau le lendemain n'a pas été serein, mais ouf ! ce n'est pas la jungle ! Pas encore...
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Les Agents, rentre dans ces lectures qui pour moi se suffisent à elles-mêmes. S'enfonçant dans un univers sombre et technocratique, l'histoire n'a besoin de rien pour évoluer. Les Agents, évolue selon un principe simple que j'ai sobrement appelé : « la descente aux enfers sans possibilité de rédemption ». Une ode à la violence psychologique et matérialiste, une ode au travail, et le Travail avec un grand T comme Ta gueule et frappe des lignes de codes. Aliénation bureaucratique.
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Les agents c'est comme si 1984 avait muté en une immense Trump Tower sans début ni fin, où à chaque étage il y a des dizaines de gangs, organisés dans des Open Space, qui n'attendent qu'une seule chose, que ça pète, que les lignes de codes soient en surchauffe, le cerveau en bouilli prêt à fracasser de l'Agent, afin d'avoir le privilège de continuer d'exister derrière les lignes de codes. Absurde me direz-vous, et vous auriez bien raison.
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Derrière cette aliénation et ce non-sens, se cache beaucoup de poésie, elle se fraie toujours un chemin, même dans les recoins les plus bétonnés et numérique du livre. Naviguant entre Ballard et Kafka, mention spéciale pour cette Agent qui trouve du sens dans la mutilation de son corps après l'avoir recousu, ou encore cet agent totalement paranoïaque. Ainsi on retrouve les embruns poétiques de l'auteur de Crash! et du Château. Un labyrinthe organique.
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Courtois, détail avec beaucoup de justesse une forme du travail qui n'est pas très éloignée de certaines formes de travail que l'on pourrait cotoyer aujourd'hui, évidement il pousse à son paroxysme sa version et en fait une dystopie des plus abjectes, mais non dénuée d'un certain humour grinçant, une sorte de farce géante à deux vitesses.
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Les Agents, c'est K qui trouve du boulot au Château et qui se rend compte que ce dernier est situé au centre de la Foire aux atrocités. Un cocktail absurde mais si on reste assez longtemps et qu'on tire les bonnes ficelles, peut être que les lignes de codes cesseront d'émettre.
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