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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Globalement déçu par ce roman. Si sa lecture ne fut pas particulièrement pénible, le moins que je puisse dire est qu'elle ne m'en laissera pas un souvenir indélébile.

Tout commençait pourtant sous de bons auspices avec un premier chapitre que j'ai jugé convaincant. On rentre dans le vif de l'action et même du sujet, avec un style énergique et visuel, tout en faisant connaissance avec les principaux personnages. Et déjà, des touches de mystère qui éveillent la curiosité.

Seulement voilà : le chapitre suivant nous propulse quelque quinze années en arrière pour nous conter l'origine des évènements tragiques survenus au cours de cette période. Rien d'étonnant : après tout, le résumé annonce assez clairement cette séparation chronologique dans la narration. Ce qui m'a surpris est qu'on ne reprend la suite de la trame du premier chapitre qu'au … dernier chapitre ! Frustration, car je m'étais imaginé (à tort) que cette partie était la plus intéressante et serait la plus développée. Pour couronner le tout, l'auteur a cru bon modifier complètement la forme de narration pour ce dernier chapitre. Si ce choix se justifie aisément par l'intrigue, le résultat produit m'a paru au mieux raté, au pire bâclé, avec des informations disparates livrées de façon hachée.

Ce roman se concentre donc sur la description chronologique des évènements qui font suite aux premières conséquences sur la vie terrienne de l'explosion de la lointaine étoile, et ce jusqu'au dénouement imaginé par l'auteur.

Sur le plan stylistique, Christopher Priest décrit dans sa postface « une prose élégante, précise et somptueuse ». Dans le doute, je concède l'aspect « somptueux ». Quant à l'élégance et la précision, ce n'est pas vraiment mon ressenti. À l'exception notable du premier chapitre, le texte m'a davantage marqué par sa lourdeur, et je ne compte pas les innombrables tournures et images qui m'ont paru, au mieux, alambiquées. Peut-être un problème de traduction ? de manière anecdotique, je pourrais aussi relever une douzaine de coquilles, ce qui est tout de même surprenant pour le premier roman publié par une nouvelle maison d'édition, qui plus est dans le cadre d'une réédition augmentée. Une lecture qui reste fluide, et au moins l'auteur prend-il des risques, ce que j'apprécie toujours.

Le personnage principal – le narrateur pour l'essentiel – m'a fortement déçu : pas de personnalité apparente, pas de consistance, pas de crédibilité, pas d'attachement. Il est de ces personnages neutres et centraux que l'on rencontre parfois et dont l'unique objet semble être de porter la narration et de se plier docilement aux nombreux cheminements de l'intrigue imaginés par l'auteur. Ici, le personnage principal bénéficie d'un rôle bien particulier dans l'intrigue, ce qui est un plus mais ne suffit pas à gommer ses défauts. Son talent pour subir les évènements est criant m'a agacé plus d'une fois. Et lorsqu'il est acteur, c'est trop souvent sous le coup de l'intuition… comme c'est facile !

J'ai également eu beaucoup de mal avec le personnage de Margaret jeune, archétype de l'ado héroïne des romans faciles ciblant le public "young adult" : une jeune fille plutôt réservée, plutôt mystérieuse, plutôt intelligente, et dont la caractéristique la plus agaçante est sa propension à tenir la conversation avec des adultes cultivés tout en donnant l'impression de dominer sur le plan intellectuel, émotionnel ou de la maturité, quand ce n'est pas les trois en même temps. Dans ce roman, cette impression est renforcée par le contexte scolaire, le métier du narrateur, et même le thème apocalyptique si présent dans cette littérature. Par la suite, heureusement, Margaret grandit et cet aspect disparaît.

De très nombreux thèmes sont présents dans ce roman : l'avenir de l'humanité et sa possible extinction à court terme, les thèmes apocalyptique et post-apocalyptique, les rêves (éveillés ou non), l'âme, l'intelligence extra-humaine, l'hétérodoxie dans le milieu scientifique, les jeux de pouvoir au sommet en temps de crise, l'autoritarisme et le conditionnement des masses, le thème du génocide organisé et institutionnalisé. Ces thèmes sont plus ou moins bien traités, et certains font étrangement écho dans notre société actuelle.
Un chapitre entier est consacré au thème du massacre, et fait référence explicitement à l'holocauste. Si cet épisode m'a plu (c'est le seul offrant une réelle tension, et, loin d'être artificiel, il s'intègre très bien à l'intrigue), j'ai trouvé la dénonciation de l'auteur contradictoire avec la suite des évènements relatés, qui tendent à gommer ou atténuer ce massacre. À moins que cette atténuation par la société face aussi partie de ce que dénonce l'auteur, mais je ne pense pas, en atteste par exemple la deuxième confrontation du narrateur avec le capitaine Norton, dans une atmosphère légère, empunte d'humour.

À mon sens, le plus gros défaut de ce roman est qu'il ne dégage rien de fort, en dépit des évènements extrêmes relatés. le dénouement de l'histoire est pratiquement connu dès la fin du premier chapitre, et l'intrigue principale souffre d'un manque de dynamisme et de rebondissements. Enfin, de nombreux aspects m'ont paru peu crédibles.


Cette lecture m'a remémoré la trilogie « À la croisée des mondes ». Dans un genre complètement différent mais partageant cette culture britanique, ce classique de Philip Pullman reprend de nombreux thèmes présents dans le roman de Richard Cowper. À mon humble avis, les développements de Pullman sont bien plus riches, aboutis et convaincants, servis par son savoir-faire créatif pour concrétiser les concepts liés à l'âme (par nature difficiles à définir et à décrire), par exemple à travers ses « demons ». Il serait également intéressant de comparer dans ces deux oeuvres l'expression de la poésie ou de la critique de la société.


Notes sur cette édition :
- J'ai particulièrement apprécié la postface de Christopher Priest. On y apprend quelques anecdotes assez amusantes sur le petit monde des auteurs de SF…
- La jolie illustration de la couverture résume admirablement bien le roman !
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John Middleton Murray JR. écrivait ses romans de Science-Fiction sous pseudonyme. Démarrant sa carrière dans les années 50, il a d'abord écrit sous le nom de Colin Murry ( Colin en référence au surnom que lui donnait sa grand-mère), quatre romans, ne faisant pas partie de la littérature de genre. Ce n'est qu'à partir de 1967 et son roman « Les cavernes du sommeil » qu'il optera pour le nom de Richard Cowper et entrera ainsi dans le domaine qui nous intéresse ici, la science-fiction.

En France l‘auteur eut une première fois sa chance grâce au travail de la maison d'édition Denoël qui publia entre 1976 et 1985 cinq de ses romans (dont “Le crépuscule de Briareus”, ainsi que la trilogie de “L'oiseau blanc de la fraternité”) ainsi que trois recueils de nouvelles. En parallèle, d'autres maisons tentèrent leur chance ( Presse de la cité, Lattès et Opta), sans pour autant réussir à inscrire l'auteur dans le panthéon des incontournables de la science-fiction.

Ainsi, Richard Cowper était tombé dans l'oublie, jusqu'à l'arrivée de la maison Argyll. le Crépuscule de Briareus, bénéficie dans cette présente édition d'une révision prestigieuse de la traduction original ( Claude Saunier) par Pierre-Paul Durastanti, ainsi qu'une postface passionnante de Christopher Priest et une interview de l'auteur tout aussi intéressante.

Le crépuscule de Briareus, c'est l'histoire d'une supernovae, à 132 années-lumière, qui va bouleverser la vie sur Terre lorsque l'onde de choc va frapper notre planète. Outre les conséquences climatiques, un effet secondaire, et inattendu, va frapper l'espèce humaine. L'humain est devenu stérile, et nos sociétés s'écroulent suite à cette découverte. Entre dérive autoritaire, fatalisme et quête de sens, les conséquences sont tout autant désastreuse que l'air glaciaire provoqué par la mort de l'étoile Briareus. C'est dans ce contexte que nous découvrons et suivons, Margaret et Calvin, qui tentent de survivre dans une Angleterre dévastée. Un périple qui va les mener chez Elizabeth, une jeune femme née peu après les conséquences de la supernovae.

Comment décrire une société en déroute, c'est le pari ici mené avec intelligence par Richard Cowper, en déconstruisant ce qui fait de nos civilisations des civilisations, l'auteur recentre la catastrophe et ses conséquences à une échelle plus humaine, voir intime. Ici nous vivons la catastrophe et ses conséquences sur nos sociétés et notre environnement à échelle humaine.

Dans un style plutôt direct, privilégiant les moments de tensions et les dialogues pour rythmer son histoire, Richard Cowper parvient à plonger son lecteur dans un univers d'une vraisemblance glaçante, et ce, malgré quelques passages ou propos qui font grincer des dents en 2021. le roman est le produit de son époque, et au-delà d'une science-fiction totalement réussie, avec notre regard d'aujourd'hui, forcément ce qui n'allait pas à l'époque nous saute aux yeux aujourd'hui.

Malgré ces défauts qui attestent d'une période autre, le crépuscule de Briareus est un excellent roman de Science-Fiction, témoin d'une littérature de genre anglaise, des années 60/70 qui fut trop souvent reléguée au second plan par l'imposante abondance d'outre antlatique. Il est intéressant, amusant et intriguant même, de redécouvrir cet auteur aujourd'hui, d'un côté pour l'originalité de l'histoire, mais aussi pour son style, moderne et efficace qui n'a rien à envier aux auteurs actuels.

Enfin, saluons l'audace de la toute jeune maison d'édition Argyll, qui ose se lancer dans la redécouverte d'un auteur qui était tombé dans l'oubli en Hexagone. Ainsi avec la publication de ce titre puis de l'intégrale de « L'oiseau blanc de la fraternité », Argyll ose l'aventure et prend un grand risque en se lançant avec un titre de SF/New age d'un auteur anglais oublié chez nous.

Le crépuscule de Briareus est une belle redécouverte et espérons-le un pari gagnant pour Argyll, en tout cas nous leur souhaitons.
Lien : https://www.undernierlivre.n..
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