La sentinelle de l'ombre

« Il tendit le bras vers la banquette arrière, attrapa le sac de provisions et le posa sur les genoux de Chen, très à l'étroit à l'avant de la Corvette. Grand et maigre, il rappelait une mante religieuse recroquevillée. » p 191

Cole coinça le téléphone sous son oreille et s'efforça de concilier ce que lui disait Pike avec ses propres informations. Tout se passait comme si son ami lui décrivait une réalité différente de celle que lui-même tentait d'appréhender.

Pike comprenait le sentiment de l'inspecteur mais ne lui offrit pas de réponse : ses propres idées sur la question étaient trop sombres. Les prisons grouillaient de meurtriers condamnés pare qu'ils n'avaient eu que le pilon alors qu'ils voulaient la cuisse, ou parce qu'ils s'étaient sentis humiliés par une femme qui refusait de leur parler dans le bus, ou parce qu'ils avaient décidé que le barman faisait exprès de les ignorer. Lorsqu'un homme portait en lui une dose de frustration ou de colère suffisante, n'importe quelle raison faisait l'affaire.

Il ne suffisait pas toujours de vouloir aider quelqu'un pour y parvenir.

Les réponses devaient se trouver ici, dans les canaux, et sa tâche consistait à en repérer les signes. Cela lui permettrait de reconstituer le fil des événements. C'était un peu comme lire un livre: on lisait un mot et on l'associait aux précédents pour bâtir une phrase, puis on reliait les phrases pour découvrir l'histoire. Sa tâche consistait à trouver un nombre de mots suffisant pour la rendre compréhensible. p 214

La violence faisait partie de lui.

Elvis ne la désirait pas, ne la recherchait pas et n'en tirait aucun plaisir, mais peut-être y réfléchissait-il seulement dans des moments aussi froids que celui-ci. Sa façon de vivre lui avait fait perdre la femme qu'il aimait et le petit garçon qu'il avait appris à aimer, le laissant seul dans cette maison avec un chat teigneux et un pistolet qui n'avait plus besoin d'être rangé. » p 22

« Immobile dans l'impasse entre les canaux, les yeux rivés sur Joe Pike qui s'en allait trouver Button, Cole sentit que son ami envisageait le pire et avait d'ores et déjà basculé en mode Terminator. Pike s'était fixé un objectif et chercherait à l'atteindre telle une machine implacable.. P 151

Pike attendit la suite, laissant son silence faire monter la pression. Azzara finit par le rompre, d'une voix empreinte d'une lassitude que Pike trouve étrange.
- C'est clair? Vous avez pigé?
Pike se taisait toujours
-Vous. Avez. Pigé?
-Vous ne comprenez pas.
-Quoi? Qu'est ce que je ne comprends pas?
-La guerre est mon métier.
Pike raccrocha, puis appela son ami Elvis Cole

Si Pike ne s'était pas arrêté à la station d'en face, il n'aurait pas vu les deux hommes ni traversé la rue. Il n'aurait pas rencontré la femme qu'il s'apprêtait à rencontrer, et rien de ce qui allait suivre ne se serait passé. Mais Pike s'était arrêté. Et le pire restait à venir.

Le méchant : Attention, je vais vous faire la guerre.

Joe Pike : Je suis la guerre.

Bien aimé, intrigue bien menée. Pas le meilleur de Robert Crais, mais on se laisse emporter par la quête de Pike qui devient un peu moins machine de guerre, il laisse entrevoir qu'il peut avoir des sentiments.