Écrire un roman policier c'est comme exécuter un tour de magie. Le magicien attire votre attention sur sa main droite et c'est la main gauche qui fait tout le travail.
Robert Crais est un excellent magicien. À la page 60, on sait que Lionel Byrd s'est tiré une balle dans la bouche. À ses pieds dans un album photo, il y a les Polaroïds de 7 femmes assassinée. Ces photos ont toutes été prises avant l'arrivée de la police.
La police a un dossier béton contre Byrd et elle a déclaré que ce dernier est le serial killer qui a assassiné ces 7 femmes. Cole n'y croit pas. Il a fait disculper Byrd en prouvant qu'il ne pouvait pas être sur la scène du crime de la 5e femme puisqu'il était ailleurs. Cole met donc en doute ce dossier béton. Il lui reste 260 pages pour trouver le ou les vrais coupables.
Je me suis amusé à répondre au "W5, c'est-à-dire le où, qui, comment... " 100 pages plus loin j'ai refait l'exercice parce que mes premières réponses étaient fausses.
Rendu à la fin, je devais admettre que le magicien m'avait de nouveau trompé.
Ne cherchez pas de réponses aux grandes questions existentielle. Il n'y en a pas. Je n'ai même pas réussi à trouver une toute petite citation.
Mais comme polar, bravo. Crais est passé maître dans le domaine. Tout est lié et, chaque nouvel indice nous amène d'autres questions. Il me fallait de la volonté pour fermer le livre et aller dormir.
L'objectif d'un bon polar est d'abord de nous détendre. À l'ombre du mal atteint son objectif.
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Douzième épisode des aventures du tandem Elvis Cole - Joe Pike. Cette fois, c'est la mort brutale, suicide ou pas, d'un ex-accusé de meurtre dont Cole a réussi à faire arrêter les poursuites. Etait-il coupable ou non ? Que penser des "preuves" trouvées sur le lieu de la mort, et qui montreraient que le suicidé était en réalité un serial killer ?
Elvis ne peut rester dans l'incertitude, mis en cause par les proches des victimes, d'après ce meurtre, et le voilà reparti dans une enquête, ma foi, bien intéressante. Comme dans ses autres aventures, flanqué de l'inénarrable mais mystérieux Joe, il sait se débrouiller comme un (en fait, deux, avec Joe) chef pour démêler le vrai du faux, même si ça prend un certain temps.
Pas à pas, avec persévérance, il joue de ses réseaux, et dégotte les indices et preuves qui échappent aux autres enquêteurs, pourtant pas si mal que ça.
Quelques interactions avec le milieu politique, les hautes sphères de la hiérarchie policière, les avocats, mais diable, qui est impliqué ? La vérité que l'on sent poindre est elle vraiment la vraie vérité ? Jusqu'au bout, le suspense règne.
Côté relations sentimentales, Lucie est devenue une ex, qui reste amie, au téléphone. Mais on sent poindre que Starkey pourrait devenir davantage qu'une fliquette, ex-alcoolo, ex-démineuse...
Quant à Joe, l'ami, pas l'indien, lui, seul le chat d'Elvis lui témoigne une affection sans bornes.
Un roman bien enlevé, bien écrit, dévoré en 2 jours, avec un grand plaisir.
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« Un homme est retrouvé mort, une arme à la main près d'un album photo digne d'un serial killer. le LAPD accuse Elvis d'avoir permis la libération du tueur quelque temps auparavant. Pourtant le détective reste persuadé que le véritable meurtrier court toujours, il se lance à sa recherche avec Joe, un ancien policier »
Tout ce qu'on demande quand on lit ce type de livre est réuni ici, histoire bien ficelée, style fluide, suspense jusqu'au bout
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Je me garai dans une station-service de Ventura Boulevard et appelait Joe Pike, puis un avocat nommé Abbot Montoya. Malgré l'heure tardive, j'étais certain que Me Montoya prendrait mon appel.
- Comment va, fiston ? Ça fait du bien de vous entendre.
Le sourire de sa voix me mit du baume au cœur.
Abbot Montoya était un gentleman septuagénaire et raffiné, mais il n'avait pas toujours été raffiné, et personne autrefois n'aurait eu l'idée de la décrire comme un gentleman. Me Montoya avait été membre d'un gang de Los Angeles Est avec le meilleur ami qu'il ait gardé de ce temps-là, un autre jeune voyou du nom de Franck Garcia. Ils avaient réussi ensemble à sortir du barrio, Abbot Montoya en faisant son droit à l'UCLA et Franck Garcia en fondant un empire agroalimentaire qui pesait désormais plus d'un milliard de dollars. Le conseiller municipal Henry Maldonado lui mangeait dans la main. Ce n'était probablement pas le seul.
- A moi aussi, maître. J'ai un service à vous demander.
- Ce que vous appelez service est pour nous une marque d'amour. Demandez-nous n'importe quoi, ce ne sera jamais assez.
Franck Garcia nous avait engagés quelques années auparavant, Pike et moi, pour retrouver l'assassin de sa fille. Nous l'avions fait, et ils étaient comme ça depuis avec nous
Yvonne Bennett était morte à vingt-huit ans, même si tous les gens que j’avais entendus — dont deux anciennes colocataires et trois ex-petits amis - pensaient qu’elle en avait dix- neuf. Comme c’est souvent le cas à Los Angeles, sa vie n’était qu’une mascarade. Elle avait menti sur son âge, son passé, son CV et sa profession. Sur les vingt-trois personnes que j’avais questionnées afin de reconstituer ses faits et gestes le soir du meurtre, trois croyaient qu’elle était étudiante à l’UCLA, deux qu’elle était étudiante à l’USC, et une qu’elle préparait une licence de psychologie ; quant aux dix-sept autres, elles avaient cité au moins une fois les métiers d’assistante de production, de maquilleuse, de fleuriste, de styliste, de graphiste, de barmaid, de serveuse, de vendeuse au grand magasin Barney’s de Wilshire Boulevard, et de sous-chef de cuisine chez Wolfgang Puck. Bien qu’ayant été arrêtée deux fois pour racolage, elle ne faisait pas et n’avait jamais fait le trottoir. Yvonne était plutôt entraineuse. Elle accostait les hommes dans des bars et négociait ses tarifs avec eux avant de quitter les lieux, Même après ses interpellations, elle avait toujours nié se prostituer : comme elle l’avait expliqué à une ancienne colocataire, elle se faisait payé pour escorter des hommes mais jamais pour coucher. C’était encore un mensonge. (Page 27/28)
— Vous pourriez me dire si vous reconnaissez cet homme ? Un certain Lionel Byrd. Il faisait régulièrement ses courses ici.
Elle étudia la photo en cillant à plusieurs reprises, les yeux agrandis par la curiosité.
— Vous êtes de la police?
— Pas du tout. Elvis Cole. Je suis détective privé.
Son sourire la rendit encore plus jolie.
— Vous vous appelez vraiment comme ça?
— Quoi, Cole?
— Non, idiot, Elvis. Moi, c’est Cass, comme Marna Cass Elliot. Elle a vécu un peu plus haut. Il y a un mec dans le coin qui s’appelle Jagger, et aussi un Morris qui dit que son prénom est un hommage à Jim Morrison, mais ça me paraît un peu tiré par les cheveux.
Les sixties n’étaient pas mortes. (Page 111)
Criminaliste chevronné de la SID, la division d’investigation scientifique du LAPD, Chen était aussi un mec archicupide. En plus d’être totalement parano.
Il me répondit d’une voix tellement étouffée que je l’entendis à peine.
— Je ne peux pas parler. Ils me surveillent.
Qu’est-ce que je vous disais?
— C’est au sujet de Lionel Byrd. Vous avez une minute?
Je savais par Lindo que Chen était sur l’affaire.
— Ça me rapportera quoi?
Cupide. (page 84)
Je montai vers la porte et pesai de tout mon poids sur le bouton de sonnette, jusqu’à ce qu’elle vienne ouvrir. Elle m’avait paru plus vieille de loin, avec ses cheveux gris crêpelés.
— Je ne vends pas de timbres de Pâques. C’était pour rire.
— Je sais, et je sais aussi que vous savez que je le sais. Vous êtes de la police. Je vous ai vu hier, et vice versa.
Elle s’appelait Tina Isbecki, je me présentai en prenant soin de ne pas la détromper. Les privés se laissent toujours porter par le courant. C’est-à-dire qu’ils mentent. (Page 104)