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Citations sur Visa Transit, tome 1 (25)

Visa club - En avril, la centrale nucléaire de Tchernobyl avait explosé, par chance le nuage radioactif s’était arrêté aux frontières françaises.
En 1986, les autorités étaient assez confiantes en leur crédibilité pour prendre leurs administrés pour des débiles.
La politique énergétique du pays valait bien quelques petits arrangements avec la réalité.
Eté 86 donc.
Tchernobyl me semblait loin. Abstraite, sans relief tangible.
D’une importance relative. En tout cas suffisamment lointaine pour que nous partions vers l’Est.
[ … ]
Nous étions presque arrives « ailleurs », en grande Garabagne, cependant, la réalité n’est jamais loin ; elle nous cerne, même quand on s’efforce de l’ignorer. En Turquie comme en France, les autorités avaient nié la dangerosité des émanations nucléaires. Alors que le nuage venu Ukraine était resté durablement sur le pays, trois jours, au printemps. Il avait plu sur la mer noire, plu sur les cultures de thym, de noisettes et de thé.
« La mer Noire serait-elle salie parce qu’une goutte d’encre noire est tombée dedans » avait dit le ministre du commerce.« La radiation sur le thé est sans danger, vous pouvez en boire vingt par jour sans crainte », avait-il ajoute.
Après le refus de plusieurs pays d’importer certains produits turcs, il avait fallu écouler ces stocks au niveau national.
« Le thé radioactif est encore plus délicieux », avait déclaré le premier ministre. Un peu de radiation est bon pour les os. »
Finalement, quelques années après – en 89 – des milliers de tonnes de thé avaient été enfouies sur les rives de la mer noire. Un océan de sacs remplis de feuilles radioactives dont certains ont ressurgi récemment.
Le thé était un symbole, mais sa avait été la même histoire pour les noisettes, les dattes ou le tabac…
Le thé – fierté nationale · irradie.…..
Les catastrophes adviennent sous forme cyclique, comme les ouragans ou les crises financières. Le nucléaire n’y échappe pas. Il faudra tout juste 25 ans, en 2011, pour assister à une nouvelle représentation de ce spectacle invisible. Et là aussi, au Japon, le thé représentera un enjeu patriotique, que tout bon citoyen se devra de consommer, même s’il est irradiés.

A l’échelle de l’atome, 25 ans, c’est insignifiant. à l’échelle d’une vie, c’est une autre histoire.
Le temps de s’inquiéter de ce qui, justement, n’est pas visible.
C’est avec cette inconscience d’ailleurs que je me rapprocherais de Tchernobyl, 10 ans après l’explosion de la centrale. Par inconscience, mais aussi par méconnaissance géographique.
le site se trouve dans le nord de l’Ukraine, à la frontière de la Biélorussie : le Bélarus pour les intimes. Un pays folklorique, dirigé par le dernier autocrate ouvertement stalinien du continent européen. « Alexandre Loukachenko », vigoureusement moustachu, anachronique et suranné, mais en avance sur son temps par son autoritarisme. Mais laissons là Loukachenko – qui n’était encore, en 1986, qu’ un obscur directeur de sovkhoze- , nous y reviendrons.
Laissons là la Biélorussie et ses sols saupoudrés au Xénon 133, au Césíum 134, au Tellure 132 et à l’Iode 131.
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Il ne reste qu’une quinzaine de photos de notre voyage. Quinze reflets sur papier, seuls éléments qui attestent d’une réalité qui se serait effectivement déroulée.
Le reste est rangé depuis des décennies dans un tiroir mental proche de l’hippocampe. Archivé mais en hibernation.
Et ces images, ces odeurs, ces sentiments éprouvés peuvent être réactives….
… Par de minuscules impulsions électriques, qui motivent synapses et neurones ! A exhumer ces enregistrements sensibles et lointains. Enregistrements plus ou moins fidèles de moments compressés, comme une sorte d’huile essentielle. Ces représentations dépendent uniquement d’une combinaison chimique de notre cerveau – tant que celui-ci fonctionne.
Si ce n’est plus le cas, ces images disparaissent avec lui, elles disparaissent pour toujours, comme si ce qu’elles décrivaient n’avait jamais été vécu…
Il y a 33 ans… pas de quoi faire peur à un hippocampe et à des synapses correctement constitués, mais c’était un autre siècle.
Nous étions dans la préhistoire de l’hypertrophie de la mémoire. N’étaient pas encore advenus cet hippocampe artificiel monstrueux, cette hypermnésie numérique généralisée.
Le réel était palpable, parfumé : pas d’écran, pas de filtre, pas de guide sous forme d’algorithme, pas de données à livrer à quiconque.
Personne ne savait où nous étions, où nous allions, ce que nous faisions – alors même que nous traversions un pays boumé d’espions. 121
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Le voyage était placé sous le signe de la poésie. C'était rassurant, mais inconfortable.
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En avril 1986, la centrale nucléaire de Tchernobyl avait explosé. Par chance le nuage radioactif s'était arrêté aux frontières françaises. En 1986, les autorités étaient assez confiantes en leur crédibilité pour prendre leurs administrés pour des débiles. La politique énergétique du pays valait bien quelques arrangements avec la réalité.
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Ce n'est que par la mémoire que nous sommes un même individu pour les autres et pour nous-mêmes. Il ne me reste peut-être pas, à l'âge que j'ai, une seule molécule du corps que j'apportai en naissant. – Denis Diderot, De la poésie dramatique
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Ensuite, on part, le plus loin possible. Vers l'Est. On verra bien jusqu'où elle nous mènera.
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Il y a des chanceux, inconscients ou simplement épuisés, qui dorment sans se poser de questions, quel que soit le contexte. Je ne fais pas partie de ceux-là.
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Le covoiturage a existé spontanément avant que les multinationales du numérique n’en privatisent le principe. On appelait ça le stop.
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Un jour, on aura besoin d'un visa pour passer du 31 décembre au 1er janvier.
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Petit rappel mécanique : la Citroën Visa Club est, même à l'état neuf, ce qu'on appelle un véhicule modeste. Elle est maigre. Équipée d'un moteur bicylindrique de 650cm3, elle est une héritière directe de la 2CV, de la Dyane, ou de l'Ami 6.ses performances demandent donc de la patience lors des longs périples, s'approcher des 130km/h est périlleux. Mais pour les nostalgiques d'une conduite bucolique, c'est un plaisir.
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