- J'ai été navré de couper court aux réjouissances dans les départements de mathématiques de tout le pays, déclara-t-il par la suite, mais il se trouve que je n'étais que légèrement mort. Les chirurgiens ont fait des miracles, ils seront les premiers à le confirmer. Me voilà donc de retour... dans ma dernière itération, si je puis dire.
— Où est-il ?
— Il suit le tyrannosaure. À bicyclette.
— Il suit le tyrannosaure, répéta Malcolm en soupirant. Jamais je n’aurais dû me laisser entraîner par ce dingue.
— Là-dessus, fit Thorne, tout le monde est d’accord.
On n'étudie plus la nature, on l'exploite. C'est une mentalité de pillard. Tout ce qui est nouveau ou inconnu devient automatiquement digne d'intérêt, car cela peut avoir de la valeur. Et même rapporter une fortune.
L'être humain ne pense jamais par lui-même, il trouve cela trop incommode. La plupart des membres de notre espèce se contentent de répéter ce qu'on leur dit... et réagissent mal lorsqu'on leur présente une opinion divergente. Le trait caractéristique de l'humanité n'est pas la conscience, mais la conformité, et le résultat caractéristique est l'affrontement religieux.
- Doc, fit Eddie, voilà une fameuse question d'examen : comment fabriquer un plâtre pour dinosaure uniquement avec des Cotons-Tiges et de la superglu?
_ Alors vous ne voulez pas repartir?
_ Jamais de la vie, répondit Levine. J'ai soixante-cinq millions d'années à rattraper.
-Saurait-il quelque chose que nous ignorons ?
-Je suis sûr qu'il le pense, en tous cas, répondit Malcolm en riant.
Nous sommes des esprits conformistes, bornés, autodestructeurs. Tout autre jugement sur l'espèce humaine ne serait qu'illusion complaisante.
L'homme transforme la planète et personne ne sait si cela recèle des dangers. Ces processus comportementaux peuvent donc se développer plus vite que l'idée que nous nous faisons de l'évolution. En dix mille ans, l'homme est passé de la chasse à l'agriculture, puis à la grande ville et au cyberespace. Le mouvement s'accélère, mais l'adaptation ne sera peut-être pas possible. Personne ne le sait. Je pense, à titre personnel, que le cyberespace marquera la fin de notre espèce.
L'extinction a toujours été un grand mystère. Notre planète a connu cinq grandes crises biologiques, pas toujours à cause d'un astéroïde. Tout le monde s'est passionné pour celle qui a fait disparaître les dinosaures à la fin du crétacé, mais il y en eut d'autres, à la fin du jurassique et du trias. Elles furent terribles, mais rien en comparaison de la crise du permien, qui a fait périr 90 p. 100 des espèces de la planète, aussi bien terrestres que marines ; mais je me demande si nous ne serons pas à l'origine de la prochaine.