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Critique de Lamifranz


Dans l'abondante et excellente production littéraire d'Archibald Joseph Cronin (A.J. étant son prénom « de plume »), plusieurs constantes reviennent de roman en roman : l'Ecosse, bien entendu, sa patrie, qui sert de cadre à la plupart de ses livres, et son enfance partagée entre deux religions (catholicisme et protestantisme), sans parler de ses valeurs d'humanité, de compassion et de tolérance.
Ces constantes sont particulièrement sensibles dans la première partie des « Clés du royaume » où Francis Chisholm élevé par un père protestant et une mère catholique, voit ses parents mourir accidentellement, alors qu'il n'est qu'un enfant.
« Les vertes années » revêt un caractère encore plus autobiographique : Robert Shannon (né en Irlande, alors que A.J. Cronin est né en Ecosse) est un orphelin dont les parents sont morts alors qu'il n'avait que 8 ans, un père irlandais et catholique, une mère écossaise et protestante. Recueilli en Ecosse par la famille de sa mère, il va vivre une enfance difficile, orphelin sans fortune dans une famille où règne l'avarice, et surtout « papiste », c'est-à-dire catholique dans un pays où règne le protestantisme. Heureusement, il peut compter sur l'affection de ses arrière-grands-parents (dont un arrière-grand-père haut en couleurs et inoubliable), et l'amitié de son condisciple Gavin. Les années passent et le sort s'acharne sur Robert : Gavin, avec qui il avait tant de choses et de projets en commun, meurt en tombant sous un train (comme Nora dans « Les Clés du royaume ») et lui-même tombe malade (diphtérie, rien que ça !) pendant les épreuves du concours qui lui aurait permis d'avoir une bourse pour l'Université. L'éducation sentimentale n'est pas plus couronnée de succès, Robert fait l'apprentissage, à ses dépens, de la séduction féminine et son idéalisme se heurte aux réalités plus ou moins décevantes des relations amoureuses. Toutefois, en bon irlando-écossais, il garde sa conviction qu'un jour, il pourra accéder aux études de médecine qu'il espère depuis toujours. Mais pour ça, il faut de l'argent, et à moins d'un miracle…
« Les vertes années » est donc un roman à forte teneur autobiographique. C'est également un roman initiatique, un roman d'apprentissage où le héros, malgré les épreuves, maintient son cap, et comme l'espère le lecteur, arrivera peut-être à ses fins…
Cronin a écrit une suite (qui figure aussi parmi ses plus belles réussites) « le Destin de Robert Shannon » (1948)
Pour nous, lecteurs du XXIème siècle, « A.J. Cronin est un auteur du passé, au style désuet, avec des idées d'un autre temps… » c'est un air qu'on entend souvent. Je peux comprendre les gens qui tiennent ce type de raisonnement. Ce type de littérature est forcément daté. Seuls certaines générations de lecteurs peuvent en goûter l'excellence. Cependant, si je puis donner un avis personnel (je peux ?, bon, alors j'y vais) d'une part, je ne suis pas de la génération de Rabelais, de Molière, De Voltaire, de Hugo, d'Aragon, et j'aime leurs oeuvres, qui ne sont pas de mon époque, ni d'un style contemporain (à part le dernier, mais dans quelques années….). Et d'autre part, qui peut dire ce que deviendra l'oeuvre de nos écrivains actuels (je ne donne pas de noms) dans deux ou trois siècles ?
Cronin est encore lisible. Et surtout il reste un merveilleux conteur : des histoires qui nous touchent parce que très humaines, un regard lucide sur la société de son temps, et un message humaniste de tolérance et de paix, à destination de ses lecteurs… de toutes les époques ! Rien que pour ça il mérite de rester dans la mémoire des gens.
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