Wayward Pines c'est ce genre de bouquin qui sort de nulle part, et qui d'un coup, fait parler de lui partout. Dire que j'avais juré de ne plus céder à la « bookstahype » démesurée et souvent injustifiée, il faut bien le dire.
Wayward Pines c'est une réédition poche d'une trilogie publiée en 2012 (VO) et 2015 (VF). À l'époque la saga ne doit pas faire fureur en France puisque le dernier tome ne sortira qu'en format numérique.
Aujourd'hui cette réédition aux @editions_gallmeister fait un tabac. Et pourquoi se démarque t-elle ainsi maintenant ? Mystère !
Ça rappelle toutefois le succès phénoménal (2022) de Blackwater (1983) réédité chez @monsieurtoussaintlouverture.
Comme quoi les anciennes sagas intriguent et qu'une belle couverture et un concept de sorties « feuilleton » (1 tome tous les 15 jours) ça marche !
Le pitch de départ est d'une simplicité étonnante : un agent secret se réveille dans la petite ville où il enquêtait, dans une confusion la plus totale,
après un accident de la route. Les gens se comportent bizarrement et on croirait la ville coincée quelque part dans les années 50. Persuadé qu'il se passe quelque chose d'étrange ici, Ethan se met à enquêter pour démêler le vrai du faux et surtout tenter de s'échapper de cette ville qui semble le retenir prisonnier…
Et là bingo ! Je rejoins complètement toustes mes collègues lecteurices, le récit est addictif à souhait. L'auteur, qui est aussi scénariste, sait exactement comment s'y prendre pour happer son lectorat. Il accélère toujours plus le rythme, fait monter diaboliquement la tension grâce à des scènes toujours plus angoissantes et mystérieuses, ne lésine pas sur les retournements de situations, saupoudre le texte d'une quantité incroyable de lignes de dialogue et n'oublie pas le cliffhanger final.
Rapidement, on s'aperçoit que le roman joue sur les clichés et étonnamment ça fonctionne pas mal. Les ficelles sont énormes mais on se prend tout de même au jeu et on savoure l'aventure avec le personnage principal : Ethan. le mec est un gros balèze qui sait tout faire, le genre de héros à la Jason Bourne ou à la John McClane. Il parvient à déjouer les plans les plus farfelus. Il n'écoute personne d'autre que lui-même et tout lui réussit toujours. le mec c'est Rambo. Terminator. Il est super fort. Il récupère super vite. Un vrai survivor ! Il se fait tabasser, poignarder, couper, découper, piquer, défoncer, allumer… et il emmagasine toutes les mutilations et autres sévices comme si de rien n'était. C'est lui le plus beau… et le plus misogyne aussi. Et c'est là je crois mon plus gros problème avec ce personnage imbuvable et stéréotypé.
Et même si le récit est haletant, le suspense à son comble, mon plaisir de lecture a été entaché par cet aspect-là et par le côté peu inclusif. Je vous épargne mon laïus sur les descriptions physiques des personnages féminins et sur le « je te respecte tellement que je te trompe mais tu comprends c'est toi que j'aime ». Je n'ajoute rien non plus sur les erreurs d'ordre médical qui décrédibilisent fortement le récit.
Mais je dois admettre que l'auteur est fort, très fort, et que cette ambiance vintage, ce rappel à
Stephen King, cette sauce American Nightmare, c'est pas déplaisant du tout.
Alors, continuer la série, oui, mais en connaissance de cause. Je pars du principe que ces romans se consomment comme un bon film testostéroné des années 2000, ambiance fantastique thriller horreur catastrophe post apo, un peu surfait, hyper cliché, très caricatural, aux punchlines pitoyables, mais qui, au final, fait passer un bon moment, et ça, c'est déjà pas si mal.