Pour nous en sortir ici, c'est en ça que je crois!
Henri! Qu'est ce que t'as foutu?
-C'est ces mitrailleuses... Dis, Etienne, tu vas pas me laisser tomber, hein?
bon dieu, mais c'est qu'ils s'acharnent, ces salauds ! tonne Gaspard .
Un feu roulant d'artillerie les tien couches, impuissants, a quelques mètres de la tranchée ennemie.
cher Etienne,
je vous envoie quelque provisions, en espérant qu'elles vous parviendront intactes. Comme j'aimerais que Noël soit une trêve qui vous redonne force et espoir ! je prie chaque jour pour vous.je vous embrasse affectueusement .
Marie-pierre
- Et cette nuit, on fera de la chair à pâté avec les culs boches.
- A moins qu'ils ne fassent de la chair à pâté avec les nôtres.
- Ça serait pas du premier choix! J'ai bien maigri de sept ou huit kilos depuis le début de la guerre, et maintenant, j'ai du cuir à la place des fesses.
Il ne peut rien t'arriver, maintenant que nous allons nous revoir: la guerre, la mort, ces choses-là n'ont aucun pouvoir contre le bonheur qui nous unit. Tu dois continuer à croire en lui.
Penser à toi me réconforte, l'espoir de te revoir un jour sous un ciel meilleur me garde en vie.
C'est vrai, mon colonel, notre vie n'est pas simple. La nourriture est mauvaise: le pain est rassis, les légumes pourris, la viande - quand on en a - plus dure qu'un morceau de bois, la soupe ne tient pas au ventre, et l'eau nous cause, sauf votre respect, mon colonel, de sérieuses coliques. De plus, beaucoup d'entre nous n'ont pas vu leur famille depuis bientôt un an... Et pour ne rien arranger, au feu, nombre d'opérations s'avèrent finalement inutiles: les pertes en hommes et en matériel sont déjà considérables...vous pensez que cela ne nous encourage guère! Vous voyez aujourd'hui ce qui en résulte... Les hommes sont épuisés, ils n'ont plus le moral...
La victoire est une chose qui se mérite. N'êtes-vous donc plus des hommes?
On en a marre de jouer les moutons qui attendent le couteau du boucher. On a fait Verdun, les Boches ont reculé; on arrive ici, on nous dit qu'on va les avoir, que c'est presque gagné, et ils avancent de nouveau. Cette guerre, c'est n'importe quoi, nous on en a ras-le-bol.
Vous croyiez que j'allais passer ma permission à me balader de la grange à l'écurie et de l'écurie au poulailler? Je sais que les copains sont morts, que les autres sont au casse-pipe, que les femmes pleurent, que les enfants braillent, que la vie est dure... Mais quoi? Il fait bien la vivre, cette vie!