Citations sur Les heures (70)
Nous menons nos vies, nous faisons ce que nous avons à faire, et puis nous dormons- c'est aussi simple et aussi banal que cela. Certains se jettent par la fenêtre ou se noient ou avalent des pilules; plus nombreux sont ceux qui meurent par accident; et la plupart d'entre nous, la vaste majorité, est lentement dévorée par une maladie ou, avec beaucoup de chance, par le temps seul. Mais il y a ceci pour nous consoler : une heure ici ou là pendant laquelle notre vie, contre toute attente, s'épanouit et nous offre tout ce dont nous avons jamais rêvé, même si nous savons tous à l'exception des enfants (et peut-être eux aussi) que ces heures seront inévitablement suivies d'autres, ô combien plus sombres et plus ardues. Pourtant nous chérissons la vie, le matin; nous voudrions, plus que tout, en avoir davantage.
Oui, pense Clarissa, il est temps que le jour prenne fin. Nous donnons nos réceptions ; nous abandonnons nos familles pour vivre au Canada ; nous nous escrimons à écrire des livres qui ne changent pas la face du monde, malgré nos dons et nos efforts obstinés, nos espoirs les plus extravagants. Nous menons nos vies, nous faisons ce que nous avons à faire, et puis nous dormons - c'est aussi simple et banal que cela. Certains se jettent par la fenêtre ou se noient ou avalent des pilules ; plus nombreux sont ceux qui meurent par accident ; et la plupart, d'entre nous, la vaste majorité, est lentement dévorée par une maladie ou, avec beaucoup de chance, par le temps seul.
Comment, se demanda Laura, quelqu'un qui a été capable d'écrire une telle phrase - qui a été capable de ressentir tout ce que contient une telle phrase - a-t-il pu se suicider ?
mais Julia ne porte pas de robes, elle veut passer sa jeunesse, cette courte période durant laquelle on peut porter n'importe quoi, à déambuler d'un pas lourd en maillot de corps masculin et brodequins de cuir de la taille de parpaings.
Richard soutient que les gays éternellement jeunes nuisent davantage à la cause que ceux qui séduisent des petits garçons
Venez, Mrs Brown, dit-elle. Tout est prêt
Et c’est elle, Clarissa, qui n’est plus désormais Mrs Dalloway ; il n’y a plus personne pour l’appeler ainsi. Elle est là, avec une nouvelle heure devant elle.
Oui, pense Clarissa, il est temps que le jour prenne fin. Nous donnons nos réceptions ; nous abandonnons nos familles pour vivre seuls au Canada ; nous nous escrimons à écrire des livres qui ne changent pas la face du monde, malgré nos dons et nos efforts obstinés, nos espoirs les plus extravagants. Nous menons nos vies, nous faisons ce que nous avons à faire, et puis nous dormons – c’est aussi simple et banal que cela. Certains se jettent par la fenêtre ou se noient ou avalent des pilules ; plus nombreux sont ceux qui meurent par accident ; et la plupart d’entre nous, la vaste majorité, est de chance, par le temps seul. Mais il y a ceci pour nous consoler : une heure ici ou là pendant laquelle notre vie, contre toute attente, s’épanouit et nous offre tout ce dont nous avons jamais rêvé, même si nous savons tous, à l’exception des enfants (et peut-être eux aussi) que ces heures seront inévitablement suivies d’autres, ô chérissons la ville, le matin ; nous voudrions, plus que tout, en avoir davantage.
A quoi a-t-il ressemblé, le moment où il a accompli l’irrévocable, où il a quitté son appartement sombre et s’est retrouvé libéré dans l’air ? Quelle sensation vous envahit en voyant la courette au-dessous, avec ses poubelles bleu et marron, son bris de verre ambré, se précipiter à votre rencontre ? Y a-t-il – serait-ce possible ? – une sorte de plaisir à s’écraser sur le sol, et sentir (l’a-t-il senti ?) son crâne éclater, toutes ses impulsions, ses petites lumières, se répandre hors de vous ? Il est possible que le moment ne soit pas très douloureux. Qu’il y ait l’idée de la douleur, le premier choc, et ensuite … ce qui vient après.
Ainsi, Laura Brown, la femme qui voulait mourir et n’y parvint pas, la femme qui abandonna sa famille, est en vie alors que tous les autres, tous ceux qui ont lutté pour survivre dans son sillage, sont morts. Elle est en vie aujourd’hui, après que son mari a été emporté par un cancer du foie, après que sa fille a été tuée par un chauffard ivre. Elle est en vie après que Richard a sauté par la fenêtre et atterri sur un lit de verre brisé.