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Citations sur Les heures (68)

Ce pourrait être un immense apaisement, se dit-elle ; une telle libération : de simplement partir. De dire à tous : Je n’y arrivais pas, vous n’en aviez pas idée ; je ne voulais plus continuer. Il y aurait là une beauté effrayante, comme une banquise ou un désert au petit matin. Elle pourrait, ainsi, pénétrer dans cet autre paysage ; elle pourrait les laisser tous derrière – son enfant, son mari et Kitty, ses parents, tout le monde -, dans cet univers ravagé (il ne retrouvera jamais son unité, il ne sera jamais tout à fait pur), à se dire l’un à l’autre, à dire à ceux qui poseraient : Nous pensions qu’elle allait bien, nous pensions que ses chagrins étaient des peines ordinaires. Nous n’avions pas compris.
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Ne crains plus la chaleur du soleil
Ni les fureurs de l’hiver déchaîné.
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Elle a été prise de panique – elle suppose que « panique » est le mot qui convient. Elle a essayé de s’allonger quelques minutes pendant la sieste de son fils ; elle a essayé de lire un peu, mais sans pouvoir se concentrer. Elle est restée sur son lit le livre à la main, se sentant vidée, épuisée par l’enfant, par le gâteau, par le baiser. Tout s’est plus ou moins réduit à ces trois éléments. Etendue sur le grand lit avec les rideaux tirés et la lampe de chevet allumé, s’efforçant de lire, elle s’est demandé : Est-ce cela, devenir folle ? Elle n’avait jamais envisagé les choses de cette façon – quand elle se représentait quelqu’un (une femme dans son genre) en train de perdre l’esprit, elle imaginait des cris et des gémissements, des hallucinations - , mais tout à l’heure il lui avait paru évident qu’il existait une autre forme de folie, beaucoup plus calme ; une forme plus sourde et désespérée, morne, à tel point qu’une émotion aussi forte que le chagrin eut été un soulagement.
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Tout est flammes et pulsions. Tout est empoisonné d’une clarté aveuglante, lancinante, et elle appelle la nuit de ses vœux comme un voyageur perdu dans le désert implore le ciel pour trouver de l’eau. Le monde est tout aussi dépourvu d’obscurité que le désert est privé d’eau. Il n’y a pas d’obscurité dans la pièce aux volets fermés, pas d’obscurité derrière ses paupières. Il n’y a que des degrés plus ou moins aigus de brillance. Une fois qu’elle est entrée dans cet univers de lumière implacable, les voix se font entendre.
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La migraine est là, à l’affût, et les périodes de liberté, même longues, paraissent toujours précaires. Parfois la migraine ne s’empare d’elle que momentanément, pour un soir, ou un jour ou deux, puis se retire. Parfois, elle persiste et s’intensifie jusqu’à ce que Virginia s’écroule. Dans ces moments-là, la migraine sort de son crâne et pénètre le monde autour d’elle.
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Virginia repose son style. Elle voudrait pouvoir écrire toute la journée, remplir trente pages au lieu de trois, mais au bout des premières heures quelque chose en elle vacille, et elle craint, si elle se force à dépasser ses limites, de compromettre son projet tout entier. De le laisser divaguer dans une zone d’incohérence dont il pourrait ne jamais revenir. Par ailleurs, elle répugne à passer une seule de ses heures de lucidité à autre chose qu’écrire. Elle travaille toujours dans la crainte d’une rechute. D’abord viennent les migraines, qui ne sont en aucune manière des douleurs banales (« migraine » lui a toujours paru un terme inapproprié, mais les appeler autrement serait trop mélodramatique). Elles la pénètrent. Elles l’habitent plutôt ne l’affligent, comme les virus habitent leurs hôtes. Des filaments douloureux l’envahissent, projettent dans ses yeux des éclats de lumière avec tant d’insistance qu’elle a du mal à croire que les autres ne les voient pas. La douleur la colonise, se substitue de plus en plus à elle, Virginia, et son avancée est si irrésistible, ses contours déchiquetés si perceptibles, qu’elle l’imagine aisément comme une entité ayant une vie propre. Elle pourrait la voir tandis qu’elle marche au côté de Leonard dans le parc, une masse scintillante couleur d’argent qui flotte au-dessus des pavés, hérissée de pointes, fluide et compacte telle une méduse. « Qu’est-ce que c’est ? » demanderait Leonard. « C’est ma migraine, répondrait-elle. N’y prête pas attention.
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Virginia tapote ses lèvres de son pouce. Clarissa Dalloway mourra, elle en est certaine, encore qu’à ce stade il soit impossible de dire comment ni même précisément pourquoi. Elle va, réfléchit Virginia, se suicider. Oui, c’est ce qu’elle fera.
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Mais une seule journée dans la vie d’une femme ordinaire suffit-elle pour faire un livre ?
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On a en permanence en soi un meilleur livre que ce que l’on parvient à coucher sur le papier.
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[…] ces deux filles deviendront adultes puis vieilles, soit desséchées soit bouffies ; les cimetières où elles seront enterrées finiront par tomber en ruine, l’herbe y poussera, foulée la nuit par les chiens ; et lorsque d’elles il ne demeurera plus que quelques plombages enfouis dans le sol, la femme dans la caravane, qu’il s’agisse de Meryl Streep ou de Vanessa Redgrave ou même de Susan Sarandon, sera toujours célèbre. Elle existera dans les archives, dans les livres ; sa voix enregistrée sera conservée parmi d’autres objets précieux et vénérés.
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