- Alors, ça vous fait quoi d'être libres?
- Je ne sais pas encore, c'est trop récent. Il faut que je m'habitue.
L'ours se dit qu'il devait faire comme un homme... C'était un vieil ours, il avait vécu une révolution et il avait vu, il y a bien longtemps, un homme petit, moustachu, barbu, l'air complètement fou, qui piquait de sa petite voix pointue le cerveau des hommes. Il parlait d'espoir, de liberté, d'égalité, toutes choses bien étranges pour un ours. Pourtant, l'ours avait aimé le discours de l'homme. Il avait trouvé ça classe, et il avait pensé à l'époque : « Punaise, si nous les animaux, on savait faire des discours comme ça, fini les chaînes et les cages... »
- Ça ne va pas, soupira l'âne. Si tu veux être un chef, il ne faut pas que tu changes d'avis tout le temps. Donne des ordres, sois sûr de toi ! Punis, crie, montre tes muscles !
- Mais je ne veux pas être un chef, dit l'ours, je veux être un ours !
Il y avait un problème avec la hyène, personne ne voulait la porter...
- Non, je ne veux pas, dit l'éléphant, je suis sûr que tu vas profiter d'être sur mon dos pour me manger !
- Ha ! ha ! ha ! dit la hyène, mais je te dis que je ne mange que les morts ! T'es mort ?
- Non.
- Alors, c'est bon, je vais pas te manger. (p. 25)
- C'est quoi ton plan ? insista le pingouin.
- Mon plan ? J'ai pas de plan, moi... pas vraiment. C'est les hommes qui ont des plans, pas nous. Moi, tout ce que je veux, c'est sortir.
- On n'avait pas dit que quelqu'un devait voler les clefs ? demanda la gazelle. (p. 13)
- Bon, écoutez, je sais pas faire de grands discours. Je sais pas. Les hommes font ça très bien, mais moi, j'y arrive pas.
- Aux chiottes ! cria la hyène.
- Et oh ! c'est pas très gentil, dit l'ours.
- Ça va, je rigole, répliqua la hyène. (p. 21)
L'ours était un peu à la ramasse. Il n'aimait pas trop ça, être chef. D'un côté, il ovulait l'être, de l'autre, tout ça le fatiguait un peu. (p. 17)