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Citations sur Un merveilleux malheur (102)

Finalement, j’aurais pu écrire ce livre avec deux mots seulement : « ressort » et « tricot ». Le ressort parle de la résilience, et le tricot explique la manière de s’en sortir comme une icône endommagée illustre le monde intime de ces vainqueurs blessés.
Alors nous changerons notre regard sur le malheur, et, malgré la souffrance, nous chercherons la merveille.
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Le mystère consiste à se demander pourquoi si souvent le témoignage est empêché et pourquoi, parfois, il est trop mis en lumière. Le problème n’est pas de dire « Blessés, vus êtes foutus. » La question est « Qu’allez vous faire de vos blessures ? Vous y soumettre et faire une carrière de victime qui donnera bonne conscience à ceux qui volent à votre secours ? Vous venger en exposant vos souffrances pour culpabiliser les agresseurs et ceux qui ont refusé de vous aider ? Mettre votre tragédie au service d’une idéologie qui en fera un enjeu de pouvoir ? Souffrir en cachette et faire de votre sourire un masque ? Ou renforcer la partie saine de votre personne afin de lutter contre la meurtrissure et devenir humain malgré tout ? »
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Le besoin d’esthétique est tellement pressant qu’il estompe le réel. Et pourtant le témoignage objectif, quand on y a accès, possède un effet émotionnant plus intense que le mythe. Mais il désocialise, il désolidarise en tuant le rêve. Un témoin qui désire préserver les liens doit se soumettre au mythe. Alors, quand il exprime ce qu’il a en mémoire, il se retrouve seul et souvent agressé. La description de la sale blessure couverte de boue, la belote interminable, qui ne tue que l’ennui, l’indifférence affective des hommes hébétés acceptant la mort absurde « à le feuillée » des fosse d’aisance provoquent chez l’auditeur un dégoût silencieux qui l’invite à l’oubli pour ne pas trop mépriser la victime-témoin. En revanche, un beau parleur saura trouver les mots qui transforment la nausée cafardeuse de la mort bête en une épopée glorieuse qui n’a de sens que dans le récit. Ce faux témoin est adoré parce qu’il nous fait du bien en nous permettant de supporter le réel qu’il transfigure. Si l’on veut coexister, si l’on veut s’adorer, on est contraint au mythe, pas à la vérité. Malheur à celui qui dit le vrai, il sera condamné à la marginalité.
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Le déni émotionnel appartient au même ordre que celui des blessés : il est défensif et permet de moins souffrir. Mais le négationnisme, lui, est intentionnel. Il poursuit dans le discours la tentative d’anéantissement, il prépare au passage à l’acte. Le déni psychologique permet de passer une soirée tranquille mais l’usage intentionnel de l’oubli permet d’éprouver le bonheur d’être raciste.
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L’abus de mémoire pétrifie l’avenir et contraint à la répétition encore plus que l’oubli. Travailler à comprendre l’histoire et non pas à l’utiliser, permet d’associer la mémoire qui donne sens avec la désobéissance au passé qui in-vite à l’innovation.
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Pour se sentir cohérent et en paix, le blessé de l’âme est contraint de faire un récit de son épreuve pour l’adresser à une société qui, après l’avoir fait taire, voudra le valoriser afin d’en faire une arme idéologique ou l’enjeu d’une négociation sociale. A peine le blessé a-t-il raconté son malheur qu’il constate que les auditeurs s’en sont déjà servi pour broder du social à leur convenance. Le sujet met en mémoire ce que son contexte humain mettait en émotion au moment de l’évènement. Mais à peine le blessé a-t-il fait un récit qu’il voit que son histoire lui échappe et alimente un discours qu’il ne reconnaît pas.
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Le totalitarisme passe par le récit du passé. Cette utilisation de l’Histoire est souvent une préparation à la vendetta. En fouillant dans notre passé, on trouvera toujours quelque chose à venger. L’oubli n’est pas la solution puisqu’on laisse se mettre en place les conditions de la répétition. Mais la soumission au passé est une préparation à la revanche. L’oubli laisse la répétition s’installer alors que l’abus de mémoire prépare à la répétition intentionnelle.
Ni oublier, ni utiliser : le seul moyen de s’en sortir, c’est de comprendre.
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Moins on a de connaissances, plus on a de convictions. Contester un savoir donne le plaisir de l’échange, alors que s’opposer à une conviction revient à traiter l’autre de menteur, de fou ou d’idiot. On se fâche bien plus pour défendre une opinion que pour élaborer une idée. La pensée collective a une fonction plus religieuse qu’intellectuelle : dire tous ensemble la même chose permet de mieux nous aimer en partageant la même vision du monde. C’est pourquoi, les stéréotypes nous tiennent à cœur.
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Si vraiment nous voulons guérir ces enfants blessés, il faut les rendre actifs et non pas les gaver. Ce n’est pas en donnant plus qu’on pourra les aider mais, bien au contraire, en leur demandant plus qu’on les renforcera.
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Peut-être que si Renate avait pu en parler en faire un dessin, un livre, une œuvre d’art ou même militer dans une association d’enfants de parents fusillés à la Libération, aurait-elle moins souffert ? Mais jamais la culture n’aurait accepté cela, elle qui tolère exclusivement les témoignages qui renforcent son mythe.
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