Quand les enfants sortent de l'horreur, non seulement ils en sont encore imprégnés, mais ils n'ont pas pu apprendre les rituels de leur culture.
Après chaque agression sexuelle, cette femme se réfugiait chez les bouquinistes de la Seine. Aujourd'hui, devenue professeure de Français, sa trajectoire nous fait comprendre à quel point la littérature a été une aide dans son désastre : " J'ai l'habitude de mourir. C'est la vie ... "
Qu'un seul milieu défaille et tout s'effondrera. Qu'un seul point d'appui soit offert et la construction reprendra.
Moins on parle, plus on éprouve le poids du contexte.
La poésie, c'est de transformer la souffrance en oeuvre d'art.
Les enfants blessés sont contraints à la merveille.
Le crayon et la plume nous défendent bien mieux que l'activisme, la vengeance, l'isolement ou la régression. L'écriture rassemble en une seule activité le maximum de mécanismes de défense : l'intellectualisation, la rêverie, la rationalisation et la sublimation
Toute lutte contre la mort, c'est-à-dire toute conscience de la vie, contraint à la poésie (...).
"Mais oui... Ce n'est pas si grave tout ça... L'inceste, on s'en remet... On le sait que les Allemands étaient méchants... Je ne supporte plus qu'on parle de colonialisme dans les manuels scolaires" sont des réflexions habituelles de la part de ceux qui pratiquent un petit révisionnisme quotidien, pour leur grand confort.
Après la Seconde Guerre mondiale on a fait taire les déportés. Leurs discours incongrus risquaient de gâcher la soirée et d'altérer la joyeuse renaissance de la nation française. Leur témoignage aurait abîmé l'espoir. Si bien que plus tard, en 1971, le professeur Faurisson n'a pas eu trop de difficultés à faire accepter dans son université sa thèse négationniste qui reprend dans la mémoire l'entreprise d'anéantissement.