Je remercie les éditions Denoël pour cette lecture.
Italie, 1974. Marlene s'enfuit. Avec un sachet de saphir qu'elle a volé à son mari. Ce ne sont pas n'importe quels saphirs, ils lui avaient été confiés par une organisation mafieuse. Mais Marlene n'emporte pas avec elle, que les saphirs, elle fuit avec un secret.
Sur la route, elle perd le contrôle de sa voiture et perd connaissance. Elle est recueillie par Simon Keller. Simon vit reclus dans la montagne, dans une vieille maison de famille. Il a peu de contact avec le monde extérieur. Marlene a grandi dans des conditions similaires, cet environnement lui est familier et rassurant. Elle prend vite ses marques dans la montagne enneigée. Jusqu'à la rencontre avec Lissy, celle que Simon aime plus que tout.
"Sous une montagne sans nom, Marlene rencontra Lissy."
D'emblée,
Luca d'Andrea nous emporte dans un thriller captivant. Entre folie, mafia, et décors enneigés du sud Tyrol, j'ai tout de suite plongé dans l'ambiance hivernale et pesante de ce roman. L'atmosphère est oppressante dès les premières pages. C'est glacial, c'est sombre.
"La neige sombre qui tourbillonnait. La gueule du précipice. Les troncs des arbres, immobiles, parfaitement nets.
Le choc.
Violent.
Un ouragan de douleur suffoqué par le vacarme de la tôle déchirée. Une plainte infernale, cette fois oui, trop semblable au grincement de la porte de la sorcière."
La plume de Luca d'Andrea est fluide et agréable. Ses descriptions de la nature et des traditions sont très belles. On imagine les décors aisément, l'immersion dans le récit est totale. Les chapitres sont courts et alternent entre la traque, réelle chasse à l'homme et le huis-clos dans la montagne. Les changements de rythme donnent de la profondeur au récit. L'auteur ne nous laisse finalement aucun répit. L'angoisse monte au fil des chapitres.
Le personnage de Simon est au centre du récit. Il est mystérieux. Solitaire, il vit dans son monde, Sa réalité est complètement déconnectée de celle de Marlene et du lecteur. Tour à tour, on l'apprécie et on s'en méfie. Simon est un personnage ambivalent, qui derrière sa grande force physique inspire de la pitié. du silence et de la solitude se dégage une très grande souffrance. Sa raison d'avancer chaque jour est son amour pour Lissy. Elle est comme un métronome qui impose la cadence, jusqu'à l'horreur.
"La douleur n'était pas le pire qu'on puisse subir. le pire, c'était d'attendre la douleur."
Mais assurément, ce qui fait la puissance de ce roman, ce sont les touches fantastiques. On ne sait plus qui est atteint de folie : nous lecteurs ou les personnages eux-même ? le thriller prend alors des tournures de conte cruel. Et la seule façon de se sortir de cette atmosphère écrasante et glacée, c'est de continuer à tourner les pages pour en connaître la fin.
Au coeur de la folie était ma première lecture de l'année. Et quelle belle découverte ! Avec ce roman noir, j'ai été captivée de la première à la dernière page. le mélange thriller et fantastique est particulièrement efficace. Je suis passée à un fil du coup de coeur !
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