Elle est minuscule. Elle est rouge. Elle gigote. Ses pleurs m'évoquent des miaulements. Ses yeux agrippent le monde. Et je sais, à cet instant. Je comprends. Comme une évidence. Une vérité universelle.
C'était ça, être parent. Ne plus avoir le droit de faillir. Ne plus avoir le droit de disparaitre. Jamais. Craindre pour sa vie, pour la première fois peut-être. Vivre pour autre chose que soi, pour quelque chose de grand, d'immense qui nous dépassera toujours. Qui nous illuminera toujours.
Ce jour là, bien malgré moi, j'avais donc enseigné quelque chose à Maman. Ce n'est que plus tard, en grandissant, en me remémorant le souvenir de ces dernières vacances tous les trois, que je réaliserais que je lui avais aussi cabossé le cœur. Comme seuls les enfants peuvent le faire. Avec la maladresse et la cruauté de leur innocence.
Tu es notre trésor, à Papa et moi. A la fin de notre vie, quand on nous demandera si on a été riches, on pourra dire que oui, infiniment.
Le tee-shirt de Maman vint recouvrir la marque, la preuve que j'étais un trésor enfoui. Elle avait l'air toute chamboulée, Maman.