Les avions détournés ne sont rien de plus que les vagues retailles d’un songe, les prisons et les procès paraissent tout aussi improbables que de sortir de ce village, de cette chaleur. Dans les théâtres sans décors, en plein air, une seule scène peut se jouer à la fois. Les fantômes du passé révolutionnaire sont morts, ne restent plus que de vieux échos berçant la nostalgie des passions révolues dans les rides de l’amour, dans le rire des amantes sans âge, dans l’été aride d’un long rite d’affranchissement. Nous remontons la route sans Pietro Bresci, sans bruit, ainsi que nous sommes venus. S’il pouvait y avoir des arbres entre les maisons, si elles devaient ressembler moins à des grappes de corail, si elles étaient moins pleines de lézards dans leur porosité, qu’un peu d’humidité puisse adoucir la claque brûlante du soleil, si nos pas ensorcelés ne tanguaient pas tant sous la chaleur, alors peut-être, nous saurions nous dire l’essentiel, car nous parlons le même langage, mais nous ne le parlons jamais en même temps.