Citations sur L'autre moi-même : Les nouvelles cartes du cerveau, de .. (115)
Seules les lésions aux cortex sensoriels antérieurs contribuant à l'esprit et à leur proximité empêchent de se ressouvenir des informations qui ont un jour été traitées par ces cortex et enregistrées peu après.
La compassion pour la douleur physique, par exemple, suscite dans le cortex insulaire des réponses plus rapides que pour la douleur mentale. Non seulement elles apparaissent plus rapidement, mais elles se dissipent plus vite. Les réponses à la douleur mentale mettent plus longtemps à s'établir, mais elles mettent aussi plus de temps à se dissiper.
Sans doute l'expression des émotions peut-elle se moduler de façon volontaire. Cependant, rien ne prouve que le degré de contrôle de ces modulations émotionnelles va au-delà des manifestations extérieures. Comme les émotions incluent bien d'autres réponses, dont plusieurs sont internes et invisibles à l'oeil nu pour autrui, le gros du programme émotionnel est encore exécuté, quelle que soit la puissance de volonté qu'on met à l'inhiber. Surtout, les sentiments émotionnels, qui résultent de la perception de tout le concert des changements émotionnels, interviennent encore même si les expressions émotionnelles extérieures sont en partie inhibées. Quand vous êtes face à une personne stoïque qui fait à peine la moue quand on lui annonce un drame, ne croyez pas qu'elle ne ressent pas d'angoisse ni de peur. Un vieil adage portugais dit ainsi : "Voir un visage, ce n'est jamais voir le coeur."
Les origines de l'homéostasie doivent être recherchées à des niveaux encore plus simples. Le comportement de certaines molécules s'assemblant spontanément tient à des arrangements comme l'ARN ou l'ADN. Nous touchons là à l'origine même de la vie. Ce qu'on peut dire avec certitude, c'est que la conformation de certaines molécules les induit à préserver naturellement leur "soi". Voilà ce qui s'approche le plus pour l'instant des premières lueurs de l'homéostasie.
Le cerveau humain est un cartographe né, et cette cartographie débute par celle du corps dans lequel il est installé.
Le mécanisme essentiel des émotions dans un cerveau normal est assez similaire entre les individus, ce qui est un bienfait car cela procure à l'humanité, au sein de cultures diverses, un fonds commun de préférences fondamentales en matière de douleur et de plaisir.
Si nous avons notre corps en esprit, c'est parce que cela nous aide à gouverner le comportement en toutes sortes de situations qui pourraient mettre en danger l'intégrité de notre organisme et compromettre notre vie.
[Les] neurones miroirs sont en effet le dispositif parfait de "corps comme si". Le réseau dans lequel ils sont pris réalise le système de "boucle corporelle du comme si" dont j'ai formé l'hypothèse : la simulation, dans les cartes corporelles du cerveau, d'un état du corps qui n'a pas réellement lieu dans l'organisme. Le fait que l'état du corps que les neurones miroirs simulent ne soit pas celui du sujet amplifie le pouvoir de cette ressemblance fonctionnelle. Si un cerveau complexe peut simuler l'état du corps de quelqu'un d'autre, on peut supposer qu'il est capable de d'abord simuler celui de son propre corps.
Pour le dire sans ambages, la valeur par excellence pour les organismes tout entiers consiste à survivre en bonne santé jusqu'à un âge compatible avec la procréation.
Un corps se définit par une peau. La cellule en a une, qui sert de frontière entre les mondes intérieur et extérieur ; on l'appelle membrane cellulaire.