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J'ai lu L'Appel du cacatoès noir cet été (2023) et nous sommes déjà en novembre. Si j'ai envie de partager avec vous quelques mots sur ce livre c'est qu'il continue à vivre en moi et à me parler.
Remarquablement bien traduit (de l'anglais autralien) par Nadine Gassie, ce récit d'une prise de conscience est aussi drôle que philosophiquement profond. Comment s'ouvrir à l'autre ? Comment reconnaître l'humanité de l'autre ? Pas d'abstraction ni de grande déclaration ! Juste le récit de la restitution d'un crâne volé par un lointain ancêtre afin qu'il puisse être enterré dignement, parmi les siens. Et quand le contact est un peu difficile, c'est l'humour et la bonne humeur qui viennent apaiser les éventuelles tensions. Un livre qui devrait être lu et débattu par les responsables et conservateurices de nos musées, en particulier du musée de l'homme.
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«Pourquoi tant d'histoires ? », « Pourquoi toute cette histoire ? », ces phrases si souvent entendues, qui n'ont que l'apparence du questionnement, qui parlent d'indifférence, de désintérêt, voire de mépris, ces phrases qui portent le choix d'ignorer tant de choses importantes, qui ont longtemps requalifié d'anodines les traces laissées par des actes abjects.
C'est une de ces histoires là dont John Danalis nous fait toute une histoire, nous livre tous les détails. Passionnante, réparatrice.
« Le diable est caché dans les détails » dit-on, il s'y niche aussi de belles occasions de prises de conscience, de celles qui travaillent au corps, contaminent le quotidien jusqu'à transformer le cours d'une vie. Cela commence comme de rien, mais c'est toute une histoire.
Je n'en dis pas plus, répondez à l'appel du cacatoès noir pour suivre les pas de ce roman si rafraîchissant en ces temps de braises et de sang.
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Le périple d'un crâne…De la prise de conscience au réalisme magique…

« Les morts ont des droits. Ils ont le droit d'être couchés dans leur dernière demeure et de reposer en pays, dans leur propre pays, de façon à pouvoir entrer dans le monde des esprits et devenir un avec leur mère, la Terre ».

John est un australien, un homme blanc dans la quarantaine, qui décide après quelques petits boulots de retourner à l'Université et de prendre un cursus de littérature indigène, c'est-à-dire aborigène dans le cas de l'Australie. Une littérature qui évoque les aborigènes avant l'invasion européenne de l'Australie.
Au cours d'une journée de cours, en classe, lors d'un échange entre les étudiants et le professeur, John lâche une véritable bombe. Sur un ton léger et presque légèrement fier, il explique que sa famille, ses parents plus exactement, ont un crâne d'aborigène depuis des décennies qui décore les étagères de la bibliothèque. La famille l'a surnommé Mary, même si l'étude du crâne par un ami de la famille a pu mettre en valeur qu'il s'agissait du crâne d'un homme mort de syphilis. Cette confession choque tout le monde au point de lui faire prendre conscience de l'horreur morale de la situation, au point de le questionner et de lui faire éprouver honte et culpabilité.
Il décide ainsi de restituer Mary à son peuple, les wamba wamba dont l'animal totem est le cacatoès. Cette restitution sera source de multiples échanges avec les descendants des aborigènes, source d'un cheminement intérieur, d'un véritable apprentissage, de réflexions et d'un voyage. Il rencontrera la culture originelle de son pays qu'il a toujours côtoyée de très loin, avec une forme d'indifférence, plongé depuis l'enfance, sans en prendre conscience, dans un bain de préjugés et de clichés. Petit à petit, il décide de comprendre Mary, son histoire, sa façon de vivre et découvre ainsi toute la complexité de sa culture.

« Sur le plan émotionnel aussi, ce puzzle à la fois surprend et déconcerte la compréhension du monde occidental : l'une de ses pièces peut être lourde de désespoir mais retournez-là et il y a là assez de rire et de joie pour soulever le ciel ».

J'ai appris un certain nombre de choses dans ce livre qui lève le voile sur les atrocités commises par les européens, décimant ainsi tout un peuple. Finalement cette histoire est universelle, c'est celle de tous les peuples envahis, tués, décimés. J'ai pris conscience de la problématique des dépouilles de toutes ces personnes exterminées, dont les squelettes sont éparpillés entre des collectionneurs, des antiquaires, des musées, dormant au fond de cartons et de sacs en plastique dans des caves et des cachots du monde entier. John est tout en humilité dans cette découverte, il reconnait son ignorance, se remet constamment en question, il en est d'ailleurs touchant et attendrissant.
Mais j'ai trouvé qu'il y avait un véritable déséquilibre entre la première partie du récit, passionnante, dans laquelle décision est prise de restituer le crâne et la restitution proprement dite ; et la seconde partie du récit, bien moins subtile, où nous voyons ce qui se passe ensuite, entre la déprime de John qui sent qu'il a toujours eu un lien particulier avec ce crâne et le réalisme magique que l'auteur développe pour faire sentir à quel point ça y est, grâce à son acte, il peut sentir le coeur battant et sans âge de la terre, comme les aborigènes, voyant au-delà du vernis déposé par les européens. Cette façon de « voir à travers l'illusion, de ressentir les choses telles qu'elles sont réellement », cette façon de devenir celui qui communique avec un cacatoès noir, n'est pas convaincante, voire est assez surfaite. Sans doute la fin est-elle trop pétrie de bons sentiments.
De même voir le père de John passer d'un homme bougon, réactionnaire, borné, raciste, à un quasi militant ouvert et généreux n'est guère plausible. Cela manque de subtilité, le manichéisme et les bons sentiments de cette fin m'ont laissé tout au bord du récit et m'ont même par moment agacée.

Au final nous avons là un récit bien écrit, un livre très riche sur la culture aborigène – et rien que pour cela il vaut le détour - mais dont la fin, pétrie de bons sentiments et très manichéenne, manque de subtilité à mon goût. Pourtant, j'aurais voulu aimer totalement ce livre autant que j'aime sa couverture que je trouve vraiment très belle. Il m'est d'avis que ce livre plairait beaucoup à un public adolescent ou jeune adulte. Car c'est somme toute une belle histoire, riche d'enseignements.

« C'est moi qui devrais faire des excuses à ces gens pour tout ce que je leur ai pris, et c'est eux qui me remercient en disant qu'ils me sont redevables ».



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Direction la terre rouge Australe avec une aventure originale estampillée Marchialy.

Comme toujours Marchialy dégote et édite avec soin des témoignages précieux. Ici la tentative de rédemption d'un auteur qui cache un secret familial édifiant.

Une histoire d'accumulation de babioles opérée par le paternel, véto de campagne amoureux de d'objets en tout genre, il ramène un peu de tout à la maison, antiquités, curiosités, matériel agricole d'un autre temps, parmi cette collection hétéroclite se trouve un objet un peu moins conventionnel : un trophée colonial humain.

Notre narrateur a donc vécu en compagnie d'un crane d'aborigène dans son salon depuis sa plus tendre enfance. Et lâche un jour l'odieux secret lors d'un cours universitaire auquel il participe en tant qu'étudiant, choqué ses congénères lui font réaliser l'énormité de la chose. Va s'en suivre une prise de conscience subite et une quête de restitution.

A la manière du Cacatoès rouge, animal totem de l'auteur, le récit évolue. Ailes noires fermées et rapprochées comme l'oiseau, l'auteur garde son secret. On voirait presque cette crête crâneuse qu'hérissent souvent les volatiles.
Vient ensuite la prise de conscience de l'aspect sordide de la possession de ce triste trophée, c'est le rouge vif sur les plumes de l'oiseau, rappelant l'origine violente associée à ce reste humain, intimement lié au massacre systématique, voire systémique de la population aborigène, Exterminer un peuple, détruire sa culture et briser ses liens pour mieux lui voler sa terre. Phénomène tristement récurrent quelle que soit l'époque coloniale.
Puis il y a l'envol du cacatoès, après avoir pris suffisamment d'élan, de recul sur la situation, on a toute la superbe d'un oiseau aux ailes déployées, l'écriture du passage intermédiaire luit d'une belle intensité grâce a une expression de haut vol avec des passages aisés et tout à fait pertinents et d'autres un peu allumés.
Et puis il y a la phase descendante, une fois après avoir plané en altitude, le retour peut être difficile. Réaliser l'horreur de l'histoire et la culpabilité du peuple blanc dans l'extermination d'un peuple indigène plusieurs fois millénaire. J'ai moins apprécié car trouvé un peu gros la rédemption d'une famille et la guérison de l'auteur faite au travers de cérémonies et de pratiques culturelles aborigènes. Comme si la dernière partie du récit avait été trempée dans une saumure spéciale bouquin de développement personnel.

Cet ouvrage m'a rappelé l'incontournable quête de trophée dans le voleur de plumes, aussi tragique pour les espèces qui côtoient l'homme et Les Fossoyeuses, oeuvre plus sombre sur le devoir de mémoire et l'importance de restitution des restes humains.

Une trame solide d'intensité de témoignage et d'exotisme dans le choix de provenance des publications rassemble en tout cas l'intégralité des publications de cet éditeur que j'ai pu lire et que je prends beaucoup de plaisir à collectionner.





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Le hasard a mis au même moment dans ma bibliothèque deux titres évoquant une même thématique, pourtant peu abordée en littérature, celle de la condition des aborigènes australiens. J'ai jugé d'autant plus intéressant de les lire d'affiliée qu'ils abordent ce sujet sous deux angles différents. Il a précédemment été ici question du récit de Stan Grant, célèbre journaliste australien d'ascendance aborigène, qui y évoque la douleur subie par son peuple face à l'absence de reconnaissance de leur présence multimillénaire sur le territoire australien, et du reniement de leur citoyenneté à part entière.
John Danalis est quant à lui un australien blanc.

Après avoir essayé des tas de boulots sans trouver sa voie professionnelle, marié et père de deux fillettes, il se réinscrit à l'université pour devenir enseignant. Honteux de sa méconnaissance sur la culture aborigène, mais désireux de rattraper cette lacune, Il choisit alors une option intitulée "Littérature indigène". Lors d'un cours, il intervient pour évoquer le crâne aborigène qui trona des années durant sur une des étagères du salon de ses parents, qui l'avaient baptisé Mary avant d'apprendre qu'il s'agissait de celui d'un homme. En suscitant la stupéfaction indignée de ses auditeurs, il réalise l'implication et la symbolique de cette anecdote qu'il a prise à tort à la légère. Désireux de réparer cet impair, il se lance dans une quête visant à identifier ce crâne pour le rendre à sa tribu. Il apprend ainsi que de très nombreux restes humains aborigènes ont été expédiés aux quatre coins du globe pour enrichir des musées ou des collections privées -des antiquaires en vendent même sur internet-. Des associations tentent d'en récupérer le maximum pour les restituer à leurs descendants et les ensevelir dans leur terre d'origine.

Cette quête est pour l'auteur l'occasion de se questionner sur la manière dont il avait jusqu'à présent appréhendé ces natifs d'Australie. Comme beaucoup de ses concitoyens, sa connaissance des aborigènes se limitait aux images folkloriques d'individus arriérés, doués pour le lancer de boomerang ou passant leur journée, à moitié nus, à l'ombre d'eucalyptus. Il réalise vite l'horreur de ces stéréotypes, fruits d'une mythologie nationale qu'il n'avait jusqu'alors jamais songé à remettre en question, entretenue par l'enseignement et une absence quasi-totale de contact avec les aborigènes. Il reconnait avoir été confronté, dans la pire des manifestations de cette méconnaissance, au racisme le plus primaire, et avoir entendu, entre deux blagues plus que douteuses sur le nombre disproportionné d'hommes aborigènes se suicidant en prison ou mourant en garde à vue ces derniers qualifiés de "cons de noirs inutiles" ou "d'hommes des cavernes" qui "auraient gagné à être exterminés". Et puis évoquer les autochtones australiens gêne aux entournures : cela menace la légitimité du mode de vie des descendants des colons et des valeurs collectives sur lesquels il s'appuie.

A l'occasion des rencontres -avec des personnes toujours passionnantes et bienveillantes- qu'impliquent ses démarches pour restituer Mary aux siens, il déconstruit ses préjugés, et prend cruellement conscience à quel point les représentations véhiculées par les médias (qui montrent fièrement une Australie multi-ethnique mais sans aborigènes), souvent confortées par l'éducation, sont erronées, caricaturales, et entretiennent la haine et l'ignorance. Les australiens en savent plus sur les tribus africaines ou indiennes que sur les premiers habitants de leur propre territoire...

Il découvre une culture riche, protéiforme, en lien direct avec la nature, le travail artisanal, une spiritualité qui emprunte au surnaturel, à l'écoute de la Terre. La complexité des rituels qu'impose le retour de Mary dans sa tribu est en elle-même représentative de cette richesse.

Mais John Danalis veut creuser au-delà de la joyeuse réconciliation folklorique. C'est ainsi qu'il apprend aussi les horreurs du passé : les massacres à grande échelle -c'est alors qu'il réalise la triste signification des noms de lieux (Ravine de l'abattoir, crête des bouchers, Torrent meurtrier…) souvent traversés sans y faire attention- les enfants retirés à leurs familles, la destruction de l'environnement indispensable à la survie de certains des totems aborigènes : par exemple, les eucalyptus et gommiers rouges, habitats et sources de nourriture du cacatoès noir, ont été découpés en traverses de chemin de fer ou embarqués dans des navires pour aller couvrir de bardeaux les rues de Londres…

La prise de conscience de cet anéantissement, associée à celle qu'il est impossible de rattraper ce qui a été ainsi perdu, et à l'hostilité qu'il affronte dès qu'il évoque le sujet avec nombre de ses semblables, le plonge dans le désespoir. John Danalis tombe en dépression, a des pensées suicidaires (comme Stan Grant lorsqu'il est rattrapé par la détresse des siens, après l'avoir refoulée des années durant).

Lire "Sourde colère" et "L'appel du cacatoès noir" d'affilée s'est révélé une expérience fort intéressante, riche d'échos, et de nombreuses convergences.

J'ai toutefois trouvé le récit de Stan Grant incontestablement plus fort, et plus riche. La limite du récit de John Danalis, si on doit le comparer à "Sourde colère", est qu'il est restreint le plus souvent à son expérience personnelle, et à celle des personnes qu'il rencontre à l'occasion de sa quête, quand Stan Grant extrapole pour dresser un état des lieux plus large de la condition aborigène contemporaine. Ceux avec qui l'auteur de "L'appel du cacatoès noir" fait connaissance sont en quelque sorte des "privilégiés", instruits et bien dans leur peau, ce qui donne parfois l'impression qu'il tombe dans une sorte d'angélisme naïf -et nourri de préjugés, comme il le reconnait d'ailleurs lui-même-, comme émerveillé face à la gentillesse et à l'érudition de ces gens. L'envers du décor : la drogue et l'alcool, le chômage, la misère et la délinquance, qui touchent une part disproportionnée de la population aborigène, sont quasiment occultés.

Donc soit vous lisez les deux, soit vous lisez "Sourde colère" !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Une histoire incroyable, vécue et retranscrite de manière romanesque, un vrai tour de force des éditions Marchialy, où l'art de dénicher les intrigues les plus originales aux quatre coins de la planète !
Un régal de lecture où j'ai suivi avec attention le récit de ce quarantenaire blanc découvrant le racisme envers les aborigènes et ce son engagement pour rapporter à son peuple, ce crâne qui décorait la cheminée de sa maison d'enfance. Une longue et difficile prise de conscience de notre anti-héros et puis la révélation, la rencontre de personnages truculents, d'une culture millénaire incroyable de complexité et la multitude d'émotions que tout ce parcours génère. Une plongée dans l'anthropologie australienne qui m'a permise, à moi aussi, de découvrir un peuple dénigré mais ô combien fascinant. Un témoignage qui rend hommage, qui dénonce et qui apprend beaucoup. Une aventure qui m'aura fait traverser les émotions les plus fortes, un énorme coup de coeur !
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Nous suivons John, l'auteur, qui durant son cours de littérature aborigène s'aperçoit de l'énormité de la situation : un crâne abo trônait dans son salon pendant toute son enfance et ce sans que ça fasse sourciller personne.
A la vue du choc de ses camarades lors de son récit, il décide de rendre le crâne à son peuple. Il va devoir affronter son père, les clichés, et la paperasse.
Cela va également lui permettre d opérer un profond changement dans sa perception des aborigènes qui se bornait jusqu'à la à tara dans skippy le kangourou... Il va s'apercevoir des inepties qui l'entourent et de la méconnaissance de la culture abo des blancs australiens. Il va également faire la connaissance d'un peuple bienveillant et pas seulement mystique comme l'image qu'il en a, il va découvrir qu'il y a plusieurs la multitude des peuples abos. Il va complément déconstruire toute sa vision et l'histoire de l'Australie.
C'est ce qu'a vécu l'auteur. Tout le long, j'ai découvert la culture des aborigènes que je connaissais peu. L'écriture est belle et nous emporte jusqu'à la dernière page. Ce fut un coup de coeur qui va laisser sa trace dans ma petite bibliothèque.
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J'ai d'abord cru que ce livre était un roman avant de me rendre compte, au bout de quelques pages, qu'il s'agissait du récit d'un retour en terre aborigène.
L'auteur, John, se rend compte que dans la bibliothèque de ses parents trônait un crâne aborigène régulièrement dépoussiéré. Un peu désoeuvré, John décide que ce crâne doit rentrer chez lui pour être enterré dignement avec ses ancêtres et ses descendants.
Commence pour lui une quête sur l'histoire du peuple premier australien qu'il nous fait découvrir.
J'ai aimé suivre l'émerveillement de John devant la richesse insoupçonnée de la culture aborigène.
J'ai aimé assisté à la cérémonie de retour des restes.
Dans ce journal des événements, John décrit les aborigènes comme des gens placides qui rigolent tout le temps. Pas certaine qu'ils soient tous aussi bienveillants envers les Blancs….
Et le cacatoès, me direz-vous ? Cet oiseau a malheureusement disparu d'Australie, mais est resté un Animal Totem.
Une lecture plaisante sur un australien blanc qui découvre les aborigènes de son pays.
L'image que je retiendrai :
Le crâne est celui d'un homme, mais la famille l'avait surnommé Mary.
Lien : https://alexmotamots.fr/lapp..
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Ce récit m'a passionnée. L'auteur nous raconte comment, en plein cours de littérature aborigène, il annonce qu'il a grandi avec un crâne aborigène dans son salon. Devant les regards horrifiés ou consternés de la classe, il réalise 1. qu'il a gaffé, 2. que ce n'est pas anodin d'avoir un crâne dans son salon. A partir de là, il décide de rendre Mary (le crâne) à sa famille. Et c'est le début d'une lente prise de conscience sur le racisme d'état en Australie, l'image toujours négative véhiculée sur les "noirs", le combat des aborigènes pour se voir restituer les dépouilles de leurs proches étiquetées dans des musées ou utilisées comme cendrier chez des particuliers. L'histoire autour de Mary est très émouvante. L'auteur décrit la situation avec beaucoup de candeur sans omettre ses horribles gaffes. Il se positionne comme l'Australien lambda qui ouvre enfin les yeux sur l'histoire de son pays. Il n'essaye pas non plus de s'approprier la culture aborigène en nous faisant un cours. Il se limite donc à nous décrire son expérience, son histoire et son lien avec Mary. Une super lecture !
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Le récit commence lorsque John Danalis, éternel étudiant australien, à quarante ans, décide que sa voie est l'enseignement, et va suivre un cours sur la littérature indigène, cours qui comprend entre autre une partie sur les Aborigènes d'Australie. C'est lors de ce cours qu'il déclare, effarant tous ses camarades de classe, qu'un crâne aborigène surnommé « Mary » trône sur une étagère dans la maison de ses parents.
Vivant depuis son enfance dans un milieu blanc qui distille des propos à tendance raciste et méprise ceux qui aiment les Aborigènes, cela ne l'avait jusqu'alors pas choqué, ce crâne, pas plus que les outils ou objets anciens que son père collectionnait. Une prise de conscience s'ensuit, elle l'amène à vouloir rendre ce reste humain à sa communauté d'origine.

Attention, voici un livre très prenant ! Il représente exactement tout ce que j'attends d'un récit nourri de faits réels. Tout d'abord, un sujet original et un angle très personnel pour l'aborder. Ensuite, une attention portée aux personnes et aux détails de leur existence qui permet de bien s'imprégner du sujet. Enfin, une légère dose d'humour ou d'autodérision, ingrédient non négligeable. J'avoue aussi que l'objet-livre en lui-même m'a attiré comme un aimant dès que j'en ai vu la couverture !
Ce texte est très éclairant au sujet du racisme et des épisodes historiques de génocides d'Aborigènes en Australie. Tout Australien blanc les méconnaît forcément, tant cette partie de leur histoire est occultée. L'auteur, rencontrant des Aborigènes très concernés, apporte aussi beaucoup de précisions sur les cérémonies de rapatriement des restes humains, détenus auparavant par des particuliers comme dans le cas de John, ou par des musées étrangers.
Le plus passionnant reste la prise de conscience de John Danalis de tous les clichés sur les Aborigènes trimballés depuis son enfance comme des bagages peu encombrants, et qui lui font honte tout à coup. Passionnantes aussi sont ses rencontres avec des membres de la communauté Wamba Wamba. Je ne vous raconte pas tout, notamment le rôle du cacatoès, ou pourquoi le narrateur sombre dans la dépression, et finit par en sortir.
L'ensemble, avec son style direct et fluide, se lit comme un roman, presque d'une traite !


Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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