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Citations sur La longue course (11)

Knowledge

Tout ce que nous savons
et tout ce que nous croyons savoir.
Toutes les choses que nous avons faites
et celles que nous ferons et celles
que nous ne ferons pas.

Combien de tiroirs faudrait-il? Combien de livres,
de budgets, de bilans, de projets,
de rêves possibles et impossibles?

Mais les mêmes dix doigts suffisent pour écrire et
pour compter, pour montrer la route qui se divise
et le chemin qu’il faut emprunter.
Les mêmes dix doigts suffisent pour serrer une main,
entourer votre épaule,
caresser ton visage.
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La poésie est ailleurs

La poésie est ailleurs, je l’ai perdue, parfois il me revient que je voyais, au bout du jardin quand la nuit va s’y poser comme un engin, des choses que je ne distingue plus. Myopie, ou alors c’est moi qui suis ailleurs, j’ai plusieurs montres, je sors de mes rêves au matin comme d’un opéra en flammes et je marche sans cœur dans les rues décorées d’un bout à l’autre de l’année pour des fêtes futiles. J’y tiens mon rôle.
Aux fenêtres, la pluie balance des messages vite perdus. Il est interdit d’entendre les voix qui parlent de vertige, de départ, d’amour malgré tout. Il est interdit de caresser la mort. Marcher dans les jardins mouillés, oui. Vingt pas et demi-tour.
Je connais l’effet noir du café et je compose à l’aube un poème lyophilisé. Jeunes, nous l’avons été. Dans une vie lointaine, qui a peut-être été la nôtre. Depuis lors, le ciel a changé de place et de couleur, nous portons des lunettes sombres et la terre, de loin, on dirait la lune.
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Matin bleu

C’est la lumière bleue, ou très pâle, ou vive. C’est le chant d’un oiseau, un bruit de rue. C’est la sonnerie d’un réveil, rarement un coq, simplement assez de sommeil. C’est le matin. La merveille de la vie comme l’eau souterraine qui a tracé son chemin dans le mur plein de la nuit. Mes lèvres cherchent tes seins, leur chaleur, leur docueur d’avant qu’on donne un nom au soleil, une forme à la lune. La lumière t’ouvre les yeux. La main trouve la main. Juste un geste et le monde peut commencer.

Et plus tard on réapprend à parler, à marcher. On façonne des objets, on ouvre des dossiers, on porte des enfants à hauteur des fenêtres. Sable et eau, vert et cristal. On fait des rires, parfois quelques grimaces. Et vite on va, ou lentement, vers le quai du soir où accoste la nuit et l’on s’y glisse. Corps accordés. Et la vie est un quart de seconde qui n’en finit pas de durer.
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Rien n’est plus beau, disait-il, rien n’est plus juste qu’un mouvement du cœur, et il n’oubliait pourtant pas que le cœur est capable aussi de très étonnants faux mouvements, dont on sort comme un boxeur qui a tout pris dans le buffet et qui compte les étoiles comme autant de rêves pulvérisés.
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Minuit et la mer

Et me voilà à l’endroit du rendez-vous, face à la mer qui palpite doucement comme le cœur immense et lourd d’un animal ancien. Il est minuit. Ou une autre heure de la nuit, je n’en sais rien. J’ai jeté ma montre, et le bruit des vagues a englouti celui du mince morceau de métal quand il a touché la surface de l’eau.

Je suis au rendez-vous, et peu importe l’heure. Je me suis trompé, sans doute, et de bien trop d’années. Je le sais mais je suis venu, malgré tout. Pour la mer peut-être.

À bien l’écouter, je la devine prête à charger. Lente et calme, en attendant. Je reste là, dans l’obscurité, rassuré par la présence de mille millions de litres de nitro temporairement apprivoisés. Tout est tranquille. Il n’y aura pas de mouvement brusque cette nuit.

Je suis au rendez-vous, au bord de la mer. J’écoute la terre qui tourne au ralenti et mon cœur minuscule qui bat quelque part, sous le bruit souple des vagues.
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Il faudrait noter cela : les nuages
impossibles à noter, leur beauté extravagante,
et le dérisoire décompte kilométrique d’une vie.

Il faudrait écrire, et rien d’autre,
une lettre d’amour.
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Pour répondre à une question

Si tu devais t’en aller,
j’irais poser ma pâle figure sur le clocher
et y ferais fondre de mes larmes le coq
et toute la basse-cour des anges.
J’attraperais la fièvre annamite,
kidnapperais hagard douze dames obèses
et les nourrirais exclusivement d’escargots albinos.
Je raconterais à mes chiens fous des fables tristes,
Je remplirais de paille et de poussière
mes épaules, mes poches et mes mains vieilles.

Si tu devais t’en aller,
je ne saurais plus jamais rien de l’enfance,
je dormirais les bras en croix sans fermer l’œil,
ferais de loin l’amour à des femmes aveugles
et ne leur dirais rien qui vaille.

Je m’appellerais caillou, rocher,
je laisserais le temps m’user cruellement.
Puis j’irais, n’importe où,
te rechercher.
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En cet instant

En cet instant où tout est là, à égale distance, le passé
et les jours à venir, l’argent qui manque et les projets
embellis, la santé hésitante mais la force qui grandit
- et l’amour, l’amour qui n’a pas de nom de famille
mais dont le prénom se prononce comme on chante,
en cet instant où rien dirait-on ne passe, où tout est là,
mobile comme l’éclair, lent comme un continent,
en cet instant minuscule, tout est dit.
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Ce vin de lune

   (Cool cat blues)
      pour Dominique L.


Tout perdu, plus d'une fois, bu le lait
du chat, dormi sur des lits
avec des femmes chauves.
Et tout perdu encore,
on eût dit galerie des glaces brisées
− et je crois que si des rêves durent,
c'est qu'ils viennent de Mars
en droite ligne, avec les anges.

Ne me plains pas, non, un matin clair
efface la nuit entière, je voulais
juste dire qu'il y a des choses dont
on ne meurt pas, en tout cas pas
nécessairement. J'aurai mille ans hier
− et demain encore le cœur d'un clown,
qui a tout perdu, plus d'une fois, et bu
le lait du chat, ce vin de lune.
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Ne rien perdre, tout conserver, jusqu’au plus infime détail. Chaque goutte de chaque vague et chaque vague de la mer.
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