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Citations sur Métacortex : Liber Mundi II (8)

Pas besoin d'être un "profileur" professionnel bardé de diplômes de psychologie et d'un stage à Quantico pour comprendre comment parlent les morts, grâce au silence, et pourquoi les vivants se taisent, par leur incessant bavardage.
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Il était mort dans son lit.
Dans son lit, au coeur de son sommeil, son organisme saturé d'une mixtion de produits radioactifs particulièrement virulents. Sa literie était couverte de sang, de liquide lymphatique, d'excréments et de vomi, il s'était étouffé dans les déjections extraites de son corps par toutes les voies disponibles, dans le chaos organisé de la radioactivité. Un expert en criminalistique avait fait la remarque : "Tous les tuyaux ont servi, à peu près pour tout, je n'avais encore jamais vu ça. Il aurait fait exploser un compteur Geiger tenu à proximité."
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Le dernier jour d'avril tirait sur sa fin, la lumière crépusculaire éclatait sur les vitres de l'immeuble en millions de shrapnels sans la moindre masse, mais porteurs de toutes les fréquences du spectre, le monde caché à l'intérieur de la façade illuminée vibrait sur une longueur d'onde émeraude, c'était comme un feu vert donné à tous les flics présents, c'était le green code de leurs quadrillages policiers, c'était le signe que l'Hypercube tournait à plein régime, tel un arbre usinant la photosynthèse printanière à même les rayons du soleil.
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Comeback dans l'Hypercube, retour dans la forteresse de cristal, retour à la nuit mégapolitaine, la nuit ultra-blanche, la nuit qui consume les regards. Quarante jours se sont écoulés entre les deux catastrophes navales, mais Verlande sait très bien que quarante jours c'est juste le temps qu'a pris Dieu pour reformater le monde avec son Déluge, et en quarante jours, sur les eaux du Saint-Laurent, on est passé de l'orage passager à l'avant-garde de la submersion cyclonique.
Verlande se souvient de cette promesse faite aux hommes par le Dieu des Saintes Écritures : Il n'y aura pas de Second Déluge. C'est en effet inutile, désormais les hommes sont submergés par eux-mêmes. Ils sont submergés par leurs propres corps embrasés.
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Il attaquait la nuit par la rédaction de multiples notes. Les paramètres criminalistiques des investigations en cours s'intercalaient avec des analyses complètes, ou des extraits, d'ouvrage de toute nature, théologie, sciences naturelles et physiques, histoire, anthropologie, mathématiques, roman et poésie.
Le résultat final ne figurait jamais sur l'écran, il n'était nullement mémorisable sur disque dur. Il était tout juste un produit de sa mémoire biologique. C'était un éclair. Un éclair qui traversait le ciel de sa conscience comme les fulgurances météoritiques rayeraient ultérieurement celui du monde qu'elles submergeaient.
Généralement, il suffisait d'écrire, et il suffisait d'attendre.
Alors il écrit. Fils coupé mental habituel. Conglomérats hyper-psychiques, filtrés par la mémoire active de l'animal nocturne : notes et extraits de rapports médico-légaux, colonnes de chiffres, opérations arithmétiques, diagrammes, plans, cartes, reconstitutions récits des faits, hypothèses, preuves, doutes, biologie analytique, génétique, science des matériaux/extraits et exégèses des Éclaircissements sur les sacrifices de Joseph de Maistre, du De Trinitate de saint Hilaire de Poitiers, de La Création de l'Homme de saint Grégoire de Nysse, de Sur l'incarnation du Verbe de saint Athanase d'Alexandrie, des Noms Divins ou de la Théologie Mystique du Pseudo-Denys l'Aréopagite, De la division de la Nature de Jean Scot Érigène, tous intercalés avec les reconstitutions narratives des souvenirs paternels, et quelques jets semi-poétiques nés des événements violents vécus les dernières semaines, c'était le processus, c'était la procédure, il suffisait d'écrire, il suffisait d'attendre en écrivant, il suffisait d'être prêt.
Ce n'était certes pas automatique, mais il avait constaté une augmentation notable du phénomène, en volume comme en intensité. Il écrivait de plus en plus, de plus en plus vite, l'écriture devançait sa pensée, elle formait des plans projetés avant leur propre conception .
Alors, cette nuit-là, au bout d'un temps qu'il ne met pas déterminer, la chose survint.
Ce n'était pas vraiment une « chose », quoique sa définition fût presque impossible à préciser.
Ce n'était pas vraiment une chose.
C'était plutôt un monde .
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Il y a l'arc Quasar.
L'arc au million de rayons. L'arc au milliard de particules. L'arc au billion de quarks.
L'arc dont les flèches vont être tirées depuis l'instant T du big bang, c'est-à-dire de toute éternité.
L'arc dont les flèches forment une seule et unique radiation fusant à la vitesse de la lumière à travers le triangle ennemi.
L'arc qui exploite de l'orbite lunaire toute trace des hommes qui s'y trouvent auparavant une nanoseconde.
Les hommes.
Les machines volantes.
Le feu.
Tout a disparu.
Rien n'a existé.
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Passager et Rangée Centrale 1 arrosent l'habitacle avec leurs fusils automatiques tout en effectuant un léger mouvement circulaire autour de la voiture, chacun dans un sens, jusqu'à se trouver en position trois quarts avant, presque face à chaque fenêtre latérale. Ils vident leurs chargeurs avec calme et efficacité, en quelques rafales très précis, des munitions militaires disent « blind-piercing », dotés d'une pointe incendiaire et d'un noyau en carburateur de tungstène, aucun gilet pare-balles n'y résiste. , en tout cas pas ceux du Service de Police de la ville de Montréal. Au même moment ou presque, Banquette Arrière épaule son fusil à pompe en se plantant fermement devant la calandre éventrée et tire une cartouche de 12 chargées en grain 4 sur chacun des policiers, énorme force d'impact à courte portée, puis c'est Rangée Centrale 2 qui, se déplaçant d'une fenêtre à l'autre en contournant le hayon, se contente d'enregistrer très précisément deux balles dans la tête de chacune des victimes.
C'est la danse de la lumière auréolée de poudre, éclairs, les corps tressautent, fumée, les têtes oscillantes, détonations, les crânes se fendent, cliquetis des chargeurs vides, les yeux se figent.
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Être armé, aujourd’hui, passe pour un dérangement mental, Verlande le savait mieux que quiconque. Personne ne semblait comprendre que le point limite venait d’être franchi. Le point limite à partir duquel la seule façon d’être libre, c’est précisément d’être armé.
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