Tout livre est une machine, c'est-à-dire un être vivant. Tout livre est un codex cérébral, un long virus qui s'imprime durablement dans la mémoire neurologique, c'est-à-dire dans le corps humain tout entier. Juger la qualité d'un roman sur le strict plan de son "harmonie interne", sur la qualité intrinsèque de sa phrase, de son style, ou de son récit consiste à ne pas prendre en compte ce pour quoi toute littérature, me semble-t-il, est produite : pour détruire. Pour corrompre. Pour dissoudre. Pour transgresser. Pour contaminer. Tout roman est une machine de guerre. Une machine de guerre nomade, mentale et biochimique, que chaque auteur détruit avec la suivante.
Le ton de sa voix était plus pâle que la flaque de lune qui tombait sur sa silhouette. (p.41)