Le lieutenant arrive. ce n'est pas du tout un jeune et fringant officier tel que le mot lieutenant vous en fait imaginer. Non, il est bas du prose, presque bedonnant et deux paquets de cresson lui sortent des étiquettes.
A l'intérieur est allongé un pégreleux qui est ce que j'ai vu de mieux jusqu'à présent comme article maison. Apparemment, c'est pile ce qu'il me faut…
Mon petit doigt qui, à l’occasion, est un petit futé qui m’affranchit sur tout, me chuchote que cette fois-ci, je tiens le bon bout. Et quand je tiens le bon bout, tous ceux qui me connaissent vous diront que je ne le lâche plus ; c’est ma caractéristique principale.
J'en faits le tour après avoir serré les cinq saucisses de Savoie dans un camembert trop fait composant sa dextre.
Plus que jamais, je tiens à prévenir le populo que les mecs qui croiraient se reconnaître dans mes bouquins seraient des tocassons vaniteux.
San-Antonio
- T'es sur une piste?
- Pour ainsi dire, oui!
- Quelqu'un de dangereux?
- Pas dangereux du tout ! Moins dangereux que l'enfant qui vient de naître... Il s'agit d'un mort...
Un tendre soleil pionce sur Strasbourg lorsque j'y débarque.
Je regarde les toits, mais il n'y a pas plus de cigognes que d'intelligence dans les yeux d'un gardien de la paix.
Je fonce à la police où je retrouve mon convoyeur. Il me présente sur une table les colis du mort et ses fringues. Les vêtements ne comportent aucune marque… Quant aux valises, excepté la bombe (désamorcée par les artificiers de l’endroit), elles ne contiennent rien que de très honnête : du linge de corps, sans marque ; des objets de toilette.
En quittant cette geôle, je me sens si bourré d’amertume que je décide de siphonner un glass pour chasser le bourdon qui rôdaille.
Le café du coin – où nous avons nos habitudes – est tout indiqué pour souscrire à cette nécessité.
Le lieutenant, après quelques nouvelles questions oiseuses et quelques nouvelles considérations non moins oiseuses, décide d’en référer au capitaine, lequel, sans hésitation, en réfère au commandant. Comme le commandant s’apprête à téléphoner au colonel, je me dis que d’ici qu’on réveille Mon Général, j’ai le temps d’en écraser et je prends congé de ces messieurs en leur certifiant que je me rends à l’hôtel du patelin où ils peuvent venir récolter mon témoignage aux premières heures de la matinée.