Plus je vieillis, plus j'ai envie de gueuler. Ces individus que je décris dans mes livres sont épouvantables parce que les hommes sont épouvantables. Nous sommes épouvantables. La foule m'effraie, tout rassemblement me donne le cauchemar. Quand je vais dans une gare et que je vois défiler tous ces types accablés, résignés et pourtant agressifs, j'ai envie de les interpeller, de leur crier : "Écoutez-moi deux minutes, ne serait-ce que deux minutes, pour penser à ce que nous sommes, à ce que nous faisons à longueur de vie..."
J'ai toujours eu une inaptitude à vivre fondamentale.
J'ai bien davantage peur de la vie que de la mort.
Le chiendent, quand on est un peu fou, c'est de ne pas l'être suffisamment.
Depuis que je suis au monde, je me noie. Ce qui m'étonne toujours, c'est que les gens n'aient pas, eux aussi, l'impression de se noyer. Je suis comme le type éveillé qui verrait des somnambules déambuler sur le toit et leur dirait : "Mais vous n'avez pas peur ?" Ils sont au bord de la gouttière et ils répondent : "Peur de quoi ?"
Ca fait mal, le courage inemployé, ça tourne très vite à l'aigre.
Il ne faut pas être méchant, jamais. C'est du temps perdu.
Je suis un vieux foetus blasé. Ma vie m'aura servi de leçon. Je ne recommencerai jamais plus.
Ah ! le dialogue des regards ! L'éloquence du cinéma muet. Rien n'est plus fort que le mutisme lorsqu'on a quelque chose d'important à se dire.
... quand nous nous étreignons, je ne sais plus exactement si je l'enserre ou si je me blottis.