Absurde, loufoque, décalé, ironique, sarcastique et j'en passe, ce roman ne manquera pas d'adjectifs pour le résumer. Si vous avez apprécié la série TV « Au service de la France », dégustez
le Rapport chinois. Bien que l'époque, l'environnement et l'histoire elle-même n'aient rien en commun, le même humour corrosif fait feu de tout bois. Plus pertinent encore que cette série, plus proche de Madoff que des Services secrets, ce livre propose deux grilles de lecture. Une première, évidente, poursuit le but de faire rire le lecteur, aux éclats si possible et c'est d'ailleurs assez souvent le cas. La seconde, tout en finesse, nous interroge sur l'absurdité de notre monde actuel et là aussi, c'est plutôt bien vu. On se dit qu'un des deux protagonistes principaux, voire les deux, nous rappelle quelqu'un ou une situation vécue. Qui n'a jamais évoqué un Laugier ou un Relot dans son entourage professionnel ou dans la sphère médiatique ? Que penser d'une administration fiscale, par exemple, qui vous réclame un arriéré d'impôts de 1€ par le biais d'une enveloppe timbrée à 1,20€ ? Que valent vraiment toutes ces soi-disant expertises accouchant d'un rapport toujours brillamment commenté et parfois jamais lu ? Un peu comme ces critiques professionnels qui s'épanchent sur un sujet, film ou livre par exemple sans l'avoir vu ou lu pour autant et qui se font grassement rémunérer. Sur un plan plus technique, l'écriture est fluide, les termes et expressions soupesés et surtout le vocabulaire employé se révèle d'une grande richesse. Avec ce rapport chinois, son tout premier roman,
Pierre Darkanian réussit une entrée remarquable dans le monde de la littérature. Il signe ici un ouvrage que n'aurait sans doute pas renié
Boris Vian, entre autres. Une merveille de drôlerie ! Je découvre avec plaisir ce tout nouvel auteur et espère le voir persister dans cette voie.