Traduit de l'anglais par
Laure Manceau.
Cela faisait des années que je n'avais pas lu un roman « horrifique » et, si ce n'avait été une édition Gallmeister, je ne l'aurais certainement pas lu.
Mais je fais toujours confiance aux textes de cette maison et encore une fois, j'ai eu raison.
On pourrait s'étonner de voir ce genre dans cette maison d'édition mais en fait non. Nous sommes dans les grands espaces du Texas, ses côtés désertiques, sa chaleur, son soleil de plomb et son cow-boy. Travis est un cow-boy qui rode sur les routes du Texas à la recherche, semble-t-il, d'une femme qu'il a perdue. Quand il croit l'avoir trouvée mais que ce n'est pas elle, sa sentence est violente et définitive. Jusqu'au jour où il rencontre Rue et là, on rentre dans le vif du sujet :
Elle ouvrit les bras comme une fleur s'épanouit et se glissa sur ses genoux en amazone. le bout de ses doigts avait 20
dans la vallée du soleil trouvé ses joues avant qu'il comprît ce qui se passait, et lorsqu'ils entrèrent en contact avec sa peau, il fut surpris par leur froideur.
Il posa une main sur le couteau qu'il portait à la hanche, un Ka-Bar dans un étui en cuir, au manche en bois de fer taillé grossièrement en forme de tête d'aigle assortie à sa ceinture.
Elle sourit, repoussa le Bullhide noir. Effleura de ses doigts la ligne d'implantation de ses cheveux, l'arête tordue de son nez, s'attarda au-dessus de ses lèvres. Son contact semblable à une langue de serpent sondant son chemin.
Il desserra sa poigne sur son couteau.
Elle prit sa main dans sa paume et appuya deux doigts contre son pouls, au niveau du poignet, puis leur fit effectuer une légère rotation, comme pour déverrouiller un code.
Un choc le parcourut, comme s'il avait touché une clôture électrique. Il tressaillit, sa bière se renversa sur la table, éclaboussa le sol. Des points rouges jaillirent derrière ses yeux comme s'il avait regardé droit vers le soleil. le monde vira
au blanc. Un rideau tomba, une membrane diaphane à travers laquelle le monde avait l'air flou, semblable à la brume au-dessus du bitume brûlant après la pluie ou à son parebrise embué par son propre souffle, mais soudain il était de retour, aussi brusquement qu'il était parti. Sauf qu'il avait l'impression d'être diminué, stupide, et il comprit, d'une certaine manière, qu'il n'était plus lui-même.
Elle posa ses lèvres contre son oreille et susurra :
— Je sais comment tu t'appelles, toi.
Elle avait une haleine atroce, quelque chose d'avarié, de profondément pourri.
Il arrivait quelque chose de crucial – de monstrueux – à Travis.
Car c'est bien à une histoire de vampires, mâtinés de zombies, que nous avons affaire. Mais pas de ceux, jeunes et beaux, d'un Journal de vampires ou de ceux, gnangnans et puritains, d'un Twilight. Non, ici on est face à ceux qui « boivent » des enfants pour se regénérer et surtout à Travis. Torturé alors qu'il n'avait pas encore rencontré la belle Rue, par la disparition de sa mère mais surtout par sa période au Vietnam, pendant cette guerre « sale » qui a transformé des gamins en monstres parfois. Quand il va se retrouver comme esclave de Rue, il va refuser son destin et en lui comme dans tout le roman s'affronteront le Bien et le Mal.
N'oublions pas les Texas rangers qui se retrouvent avec de biens étranges meurtres à élucider et auront parfois bien du mal à croire ce qu'ils voient.
Donc oui, c'est du fantastique, de l'horrifique, mais avec la qualité Gallmeister, un texte superbement écrit par
Andy Davidson et traduit par
Laure Manceau, qui me fait me réconcilier avec le genre sans aucune hésitation.
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