Citations sur Un goût de rouille et d'os (26)
Pouvez-vous affronter le monde avec vos poings levés, et avancer, sans peur ? Tout tourne autour de cela. Avance. Retrait. Faiblesse. Force. Si vous en êtes capable, alors vous en êtes digne. Sinon, non. A un certain stade, nous devons tous répondre à cela. A un certain stade, nous devons tous affronter cela. En suis-je capable ? En suis-je digne ?
Je suis assis à côté d'un homme d'âge moyen plutôt trapu, avec une barbe de week-end poivre et sel. Il porte un pantalon de travail en toile, bleu foncé, et un gros pull-over malgré le beau temps. Le pull, avec des verts et des blancs passés, sur un motif d'arbre de Noël, est en phase finale de décomposition: je suis raisonnablement certain que, si j'y regardais de plus près, la structure moléculaire de base se révélerait à l'oeil nu. Il me dévisage alors que je m'assois et il hoche la tête. Il est tout à fait possible qu'il ait autant pitié de moi que moi de lui, peut-être parce que j'ai choisi de porter une chemise qui fut jadis flatteuse pour mes formes de l'époque mais qui ressemble aujourd'hui à une peau de boudin d'un noir brillant, tendue sur la masse planétaire de mon bide. Plus particulièrement révoltante est la ceinture graisseuse qui ressort entre le bas de ma chemise et la ceinture de mon pantalon de survêtement.
Je feinte et tente de me dégager, mais il me marche sur le pied et me frappe d'un droit asséné par-dessus l'épaule. Les lèvres s'écrasent contre les dents, la bouche s'emplit d'un goût de rouille et d'os. L'air se met à miroiter, des éclats de lumière filigranée pleuvent comme de petits bouts de papier alu brillants dans une parade. Je tombe lourdement sous un chevalet et lève les yeux vers une sombre forêt de jambes.
Les hommes sont presque toujours plus séduisants quand ils pensent que personne ne les regarde.
Trois signes vous indiquent que vous êtes face à un vrai combattant. Ces signes ne sont pas ce que vous pourriez imaginer : rien à voir avec le calibre du gars, ni avec la taille de ses poings. Ces trois grands signes sont :
1) Un certain calme, presque cadavérique, dans les yeux du type en question.
2) Il insiste pour vous serrer la main et ne tente absolument pas de vous la broyer.
3) Il vous demande de lui pardonner pour ce qui va suivre.
Quelque part, c'est devenu à la mode d'être qui on n'est pas, de nous glisser dans des petits compartiments, de passer nos vies dans un malheur abject, pour cacher ce que nous sommes vraiment. Enfin, si votre nature, c'est d'être oublieux de vous-mêmes, généreux, honorable, ouvert, gentil et franc, décent ou tout ce que vous voulez de bien, vous êtes un chef. On n'est pas tous faits de la même façon. Ça ne fait pas de nous des dégénérés.
Racontez-moi ce qui vous est arrivé, avec vos propres mots.
- Mes propres mots ? Une orque m'a dévoré la jambe.
- Je vois, dit-il en gribouillant quelque chose sur son bloc-notes. Vous l'avez vu venir ?
- Quoi ?
- Y avait-il, enfin, une ... quelconque hostilité... entre vous deux ?
- Oui. J'étais jaloux de sa carrière.
- Vraiment ?
- Follement jaloux, oui.
- Vous allez porter plainte ?
- Contre qui ? L'orque ?
- On peut ?
- Sortez d'ici !
Le secret de la boxe, c'est de savoir minimiser les faiblesses.
Il y a plus de trois milliards de récepteurs nerveux dans le corps humain. Un bon soixante-dix pour cent se trouve dans les zones érogènes. C'est cela que l'on combat. Chaque minute de chaque jour. C'est une bataille sans fin.
Lorsque la vie vous donne des citrons, faut faire de la citronnade. Si c'est des raisins acides, faites donc du vin doux.