"Qu'est-ce que vous racontez ? On a pris des déménageurs pour que cela ne pèse sur personne" proteste Saul.
"Le poids, ironise Réna, tu crois que les déménageurs servent à ça ? Nous décharger ?" p.9
Il ne lâchait pas, se cramponnait aux objets. C'était fascinant son pouvoir sur les objets, celui des choses sur lui. Une voiture cassée, une poupée décapitée, il les ressuscitait. Pas d'énervement, pas de cris. Penché sur son établi, il s'affairait, et les tensions s'apaisaient. Ma mère criait, riait, se fâchait. Mon père ne faisait pas d'éclats. La lueur dans les yeux variait selon son humeur. p.28
Je ne me souviens pas de la dernière fois ou nous avons été tous réunis, les frères et sœurs. Aujourd'hui ce "tous" ne les concerne pas, mais plutôt mes quatre enfants, Anouk et moi. p.21
Maman, tu n'es pas responsable de nos déboires, de nos désillusions, tu n'es pas toute-puissante, tu ne peux pas contrôler nos relations, tu ne peux pas savoir ce que ressentent réellement tes enfants adultes.
Mais que sommes-nous? La vie que nous menons? Celle que nous rêvons? Ou nos petits actes inutiles et quotidiens? Est-ce qu'on change?
Je voudrais parvenir à chasser les mécanismes que j'ai mis en place, qui m'alourdissent. Réussir à parler simplement serait bien.
Voir un être se désintégrer, vous savez ce que c'est ? On était seuls les uns à côté des autres. Comme s'il était le tronc d'un arbre, nous les branches éparses tendant dans des directions divergentes.
Aucune famille n'est immortelle. Impossible de figer l'histoire, nous six, assis sous les arbres à Somanges.
Je suis l'ainé. Qu'Est-ce que ça signifie à mon âge ?
Lire, c'était trahir. S'extraire. S'échapper. Un monde nouveau, en faire partie à tout prix.