Ne plus parler des gens qui disparaissent les tue une seconde fois.
Les êtres proches, vivants ou morts, sont à la fois absents et omniprésents, on ne se défait jamais tout à fait de leur influence.
Maman, tu n'es pas responsable de nos déboires, de nos désillusions, tu n'es pas toute-puissante, tu ne peux pas contrôler nos relations, tu ne peux pas savoir ce que ressentent réellement tes enfants adultes.
"Maman, tu n'es pas responsable de nos déboires, de nos désillusions, tu n'es pas toute puissante, tu ne peux pas contrôler nos relations, tu ne peux pas savoir ce que ressentent réellement tes enfants adultes" (p.86)
"Justement, a-t-elle-dit. J'ai beaucoup réfléchi à la signification de ces cadeaux. On veut les gâter, mais eux ont l'impression qu'on souligne nos différences."
"et alors? est-ce que ce n'est pas inévitable ?"
"On les agresse en leur offrant des choses qu'ils n'ont jamais pu, ne peuvent pas, ne pourront jamais s'offrir." (...)
"Il faut le comprendre, a dit Elias plus tard, papa est un ouvrier, il est communiste, et soudain son fils, directeur d'un grand quotidien, lui offre une voiture" (p.37)
Lire, c'était trahir. S'extraire. S'échapper. Un monde nouveau, en faire partie à tout prix.
... " Mais est-ce que la valeur de l'absence se mesure au manque ? (...)
"Tu parles de cette maison comme d'un membre de la famille, tu confonds la maison et papa."
"Ces murs nous ont façonnés, nourris, portés. Tu imagines parfois notre vie, sans Somanges ? je repense à nos rires, notre complicité, nos disputes, ces petits riens du quotidien qui ne laissent de traces qu'à l'intérieur." (p.135)
Mais que sommes-nous? La vie que nous menons? Celle que nous rêvons? Ou nos petits actes inutiles et quotidiens? Est-ce qu'on change?
Lire, c'était trahir. S'extraire. S'échapper. Un monde nouveau, en faire partie à tout prix.
Je voudrais parvenir à chasser les mécanismes que j'ai mis en place, qui m'alourdissent. Réussir à parler simplement serait bien.