Le dépaysement, le fond d'angoisse d'être superflu, inadapté à une tâche, ont été utiles à ma jeunesse.
je fais partie du système nerveux de la douleur.
Les cuites apprises plus tard n'ont pas été à la hauteur de celles que j'ai eues comme lecteur.
Europe, terre ferme, d'après Hésiode, Homère, Hérodote, Pindare : la dette due à la Grèce pour l'insémination de ses mots dans les langages du monde s'est inversée, par ironie et tragédie, dans un exercice comptable de la Communauté européenne contre son plus grand fournisseur de vocabulaire.
La poésie a su tout dire, même ce qu'on ne peut imaginer.
J'ai lu dans le plus grand désordre, seul ordre adapté à un lecteur. Les systématiques ne veulent pas lire, ils veulent avoir déjà lu.
La poésie a pu répondre à la question : "Est-ce que vous pouvez décrire ça ?"
L'Europe est une forêt d'hommes. La variété des essences en renouvelle l'humus, l'humour et l'humeur.
Les nouveaux voyageurs d'un aller simple paient à prix d'or le pire des transports maritimes de l'histoire humaine.
Le remède obligatoire et immunitaire (au racisme et au nationalisme) reste la lecture des livres du monde. Je leur doit d'être porteur de citoyennetés variées et de fraternité européenne.