Citations sur Le tour de l'oie (123)
L'exil serait pour moi d'écrire dans une autre langue.
Je peux en parler d'autres, les lire, mais l'italien est ma patrie, littéralement, parce que c'est la langue transmise par mon père. (p. 99)
Les mots, mon fils, n'inventent pas la réalité, qui existe de toute façon.
Ils donnent à la réalité la lucidité soudaine qui lui retire son opacité naturelle et ainsi la révèle.
Les mots sont l'instrument des révélations.
Les mots, mon fils, n’inventent pas la réalité, qui existe de toute façon. Ils donnent à la réalité la lucidité soudaine qui lui retire son opacité naturelle et ainsi la révèle. Les mots sont l’instrument des révélations
Nos descendants très lointains se référeront à notre époque comme à celle de la grande extinction.
Quelques lignes de leurs livres d'école liquideront notre prétention à être inoubliable.
Dans chaque ville où je vais, je goûte l'eau d'une fontaine. Je bois et je deviens un hôte en ingérant le mélange local qui change de saveur, de consistance.
Il y a des eaux légères, des eaux de pluie, qui coulent vite, et des eaux de puits, de citernes qui sont reposées et qu'il faut boire à petites gorgées.
Je vois un rapport entre la langue d'un endroit et son eau.
J'ai lu quelque part qu'environ une vingtaine de langages s'éteignent par an.
Une dernière personne meurt et la fontaine d'un vocabulaire s'assèche.
La dernière syllabe prononcée coïncide avec la dernière goutte.
La page est l' aujourd'hui dont j'ai besoin. (...)
L'écriture est mon aujourd'hui et je suis content qu'elle soit , quelque part, l' aujourd'hui d'un lecteur.
Les lecteurs suivants auront leurs auteurs suivants, car je reste persuadé que, tant que l'espèce humaine existera, elle continuera à se faire raconter des histoires.
Les enfants sont plus gourmands, ils naissent avec une sarabande de terreurs à calmer par les histoires. (p. 113-114)
Cette histoire répétée continuait à faire rire en famille. J'ai dû rire moi aussi.
Mais en l'écrivant, non. En la racontant en silence sur une page, c'est le fond de désespoir d'un homme tentant de se sauver du ridicule qui ressort.
C'est pourquoi dans l'écriture perce le reste de l'amertume qui existe sous la surface du rire. (p. 68)
Telle est ma façon de lire, l'ajout personnel qui change le résultat.
Chaque livre se prête à la variante de celui qui le lit. ...
p.44
Expérience sous-entend qu'on devienne des experts. Je reste un inexpérimenté chronique, même si je suis doué pour certaines choses. (...)
Je suis resté un débutant, quelqu'un qui se jette dans une mêlée sans rien apprendre.
Face à la réalité, je reste un apprenti. (p. 91)
Avant de mourir, elle [mère de l'auteur ] le savait. Elle m'a dit qu'elle espérait trouver des livres là-bas, de l'autre côté. Sinon, ils lui manqueraient, plus que moi.
J'étais défaillant, je n'étais pas à la hauteur. Les livres lui tenaient compagnie mieux que moi. (p. 21)