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Irrémédiablement attirée par cette couverture et les quelques mots sur la quatrième, je n'ai pas résisté à l'emprunter. Ce comics, de quoi ça parle ? de femmes NC (non-conformes) emmenées sur "Bitch Planet" dans le but d'être réformées. Pour la plupart, elles sont noires, grosses ou lesbiennes et ne se plient pas aux règles inculquées.

Dans ce monde créé par Kelly Que Deconnick et Valentine de Landro, la différence est interdite et, si tu n'es pas conforme à ce que la société attend de toi en tant que femme, tu vas te retrouver sur une autre planète... Ainsi, nous faisons la connaissance d'héroïnes badass, aux physiques tous différents, malmenées sur Bitch Planet.

C'est probablement le comics le plus féministe que j'ai découvert jusqu'à présent. Les corps des femmes ne sont absolument pas sexualisés, et Valentine de Landro, l'illustrateur, n'est pas tombé dans ce piège malgré les nombreux passages de nudité. Rien que pour ça, ce livre se distingue de beaucoup d'autres...

Ensuite, on pourrait qualifier cet ouvrage d'anticipation. En effet, dans notre monde actuel, le patriarcat est toujours aussi présent et les femmes sont obligées, de manière tacite, de se conformer à certaines choses (il faut être blanche aux cheveux lisses, mince mais pas maigre, musclée mais pas trop, une peau "sans imperfections", épilée, et la liste est infinie, au point qu'aucune femme ne pourrait être considérée comme vraiment "conforme"...). Bien que celles qui ne correspondent pas à ce que la société attend d'elles ne soient pas envoyées sur une autre planète, elles subissent d'autant plus de discriminations.

J'en viens justement à mon point suivant : ce comics ne dénonce pas seulement le sexisme, mais aussi de racisme, de lesbophobie et de grossophobie. Et, à la fin du livre, il y a un dossier complet avec une interview des auteur·rice·s, des témoignages de femmes et le féminisme dans la pop-culture. C'est l'occasion de parler d'intersectionnalité (c'est-à-dire subir plusieurs oppressions à la fois, comme le racisme et le sexisme pour les femmes noires), ce que j'ai trouvé vraiment génial.

Pour conclure, c'est un premier tome prenant, aux héroïnes toutes différentes et aux profils intéressants, avec beaucoup d'action et une véritable dénonciation du patriarcat. C'est avec plaisir que je lirais la suite, et je vais même acheter cette saga, qui s'annonce plutôt bien.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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Bitch Planet, c'est en quelque sorte un heureux mélange entre Handmaid's Tale et Orange Is The New Black. Dans un certain futur, les femmes qui ne réussissent pas à incarner à la perfection l'idée patriarcale de la Femme sont déportées sur un astre carcéral communément appelé la Bitch Planet.

L'histoire du comic, c'est celle du fonctionnement du pénitencier, des femmes cis et trans qui l'habitent, et des révoltes qui y grondent. On n'entend parler de la Terre que de loin. Une espèce de contre-révolution masculiniste et mysogyne semblent s'y être déroulé. La BD est d'ailleurs magnifique et s'amuse avec les codes esthétiques des vieux comics vintages, et ceux des films d'exploitations. ?
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Bitch planet ! le titre a de quoi surprendre !
Une planète où sont envoyés des criminelles. En fait, c'est une planète-prison où elles ne sont plus rien, elles n'ont plus de droits. Zoom sur Kamau Kogo qui semble une femme de poigne, elle sera choisie pour constituer une équipe pour faire de l'audience face à une forte équipe (et masculine).
On en apprend un peu plus sur certaines des détenues, leur passé où elles sont souvent considérées comme peu de choses. Attention, l'intrigue reste forte, il y a beaucoup de bagarres, les femmes ne se laissent pas faire face à des hommes qui se veulent dominateurs. C'est parfois un peu décousu mais Kelly Sue DeConnick utilise la science-fiction pour mettre en avant des femmes, des femmes non-conformistes. Il y a d'ailleurs un long dossier à la fin sur les femmes de quoi comprendre ce qui a motivé l'écriture de ce comics. J'ai aimé le dessin même s'il est parfois choc, parfois déformé pour mettre en perspective certains moments.
J'attends impatiemment le second tome pour voir comment nos filles vont s'en sortir (ou pas ?)

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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2014/2015, tous écrits par Kelly Sue DeConnick, dessinés et encrés par Valentine de Landro (sauf l'épisode 3 dessiné et encré par Robert Wilson IV), avec une mise en couleurs réalisées par Cris Peter.

L'histoire se déroule dans le futur à une date non précisée. Une animatrice de radio arrive juste à l'heure pour commencer son émission. Elle évoque la Terre comme une planète Père, et l'espace comme la Mère. Dans l'espace, sur une planète prison pour femmes, les dernières arrivées sortent nues de la douche obligatoire, pour aller récupérer leur combinaison réglementaire de détenues. Ça dégénère tout de suite en baston avec les matons (mâles) parce que l'une d'entre elles (assez imposante) estime que sa combinaison n'est pas à sa taille et qu'elle n'a pas la place d'y caser son deuxième sein.

Sur Terre, les responsables exécutifs du sport Duemila (ou Megaton en argot) recherchent comment améliorer les audiences. L'un d'entre eux suggère de constituer une nouvelle équipe amateur, composée de prisonnières volontaires. Père Ed Josephson transmet la proposition à Roberto Solenza, le responsable de l'entreprise de détention. La pression des responsables de la prison (représentés par Miss Whitney) pèse fortement sur Kamau Kogo pour qu'elle constitue une équipe. Qu'est-ce qui va la convaincre de choisir Katrina Jaimes-Freyre, Nut Suhair, April Liu, Marilyn Gunning, Alika Kahale, Danielle Zubiate, Meiko Maki, Penelope Leona Rolle ?

Dès le titre et la couverture, le lecteur a compris que Kelly Sue DeConnick ne va pas faire dans la dentelle. Elle met en scène des détenues condamnées pour des crimes réels, traitées sans ménagement, ne se laissant pas faire, et n'ayant pas peur des affrontements physiques. Dès la deuxième scène, le lecteur voit les corps nus et de face de 5 d'entre elles, et d'une dizaine d'entre elles la page suivante. Il y a également une scène dans les douches collectives, avec quelques caresses et un voyeur. Si le scénariste était un homme, il serait taxé d'exploiter le corps de la femme, comme s'il s'agissait d'un objet. Comme c'est une femme, elle dispose du bénéfice du doute.

L'intrigue principale concerne le groupe de détenues de femmes, avec Kamau Kogo comme personnage principal, et Penelope Rolle (la détenue massive) et Miss Whitney (représentante de l'administration de la prison), dans les seconds rôles. Il y a plusieurs intrigues secondaires, à commencer par les stratégies du père Josephson (le responsable du sport Duemila) avec Roberto Solanza, mais aussi une détenue qui souhaite retrouver sa soeur, un mari (sur Terre) qui souhaite savoir ce qu'il est advenu de sa femme qui a été emprisonnée, un arrière-plan politique quant à la forme de gouvernement.

Oui, ce récit s'inscrit dans une forme de genre d'exploitation, amalgamant des éléments de science-fiction, une pincée de politique fiction, et des femmes qui n'ont pas froid aux yeux qui apparaissent dénudées au moins une fois pour 3 épisodes sur 5. le lecteur est ainsi placé en situation de voyeur. Toutefois ce parti pris narratif ne se limite pas à de la titillation gratuite. Pour commencer, ces femmes présentent des morphologies diverses et variées, pas uniquement des plastiques de mannequin. Ensuite dans l'épisode 4, Rick Weldon (le maton qui reluque les femmes sous la douche) se fait choper par l'une d'elle et son sort est peu enviable, avertissant le lecteur qu'elles ne sont pas réduites à de simples objets.

En effet, tout au long de ces 5 épisodes, le lecteur en apprend plus sur ce qui leur a valu de se retrouver en prison, sur leur caractère et sur les attentes. de manière inattendue, il en apprend plus sur Penny Rolle que sur Kamau Kogo, car un épisode entier lui est dévolu, le numéro 3. de manière plus ou moins explicite, en fonction des séquences, la scénariste établit que ces femmes sont coupables des crimes concrets pour la plupart. Quelques-unes sont avant tout coupables d'être non-conformistes, c'est-à-dire de ne pas se conformer aux normes de la société. Dans cet épisode consacré à Penny Rolle, le lecteur découvre une femme au caractère bien trempé ayant des difficultés à contenir son énervement, face à des petites vexations de la vie de tous les jours, des remarques insidieuses, dont les responsables ne se rendent même pas compte de leur caractère blessant.

Le lecteur ne peut pas cautionner les agressions physiques commises par Penny Rolle qui ne va pas jusqu'à tabasser celui à la langue trop bien pendue, mais il ne peut pas complètement lui donner tort. Tout le monde a déjà ressenti ce moment où l'accumulation de petites vexations, de sous-entendus plus ou moins voulus et d'attitudes à connotation agressive, finit par faire qu'il suffit d'un tout petit rien pour faire déborder le vase, et faire sortir de ses gonds.

De fait, Kelly Sue DeConnick se révèle très futée et pertinente dans sa manière de mettre sur le même plan des actes criminels et des réactions répréhensibles, mais compréhensibles. Elle joue à la fois sur le comportement dures-à-cuire de ses protagonistes, et sur les conséquences de leur non-conformisme. Elle utilise les conventions de genre (prison, SF, exploitation, sport brutal) pour mieux faire apparaître les mécanismes de contrainte que la vie en société génère, applique et implémente pour conserver sa cohésion. En insérant quelques écarts mineurs sanctionnés comme des crimes, elle fait ressortir le côté arbitraire de certaines lois, ainsi que leur application mécanique, sans recul.

Valentine de Landro réalise des dessins qui appartiennent à la catégorie réaliste, avec un niveau de détails moyen. La composante science-fiction est présente visuellement de manière discrète, sans beau vaisseau spatial ou technologie rutilante, juste quelques accessoires ou tenues vaguement futuristes. Les arrière-plans contiennent suffisamment d'informations visuelles pour savoir où se déroule la scène. de manière chronique, ils peuvent présenter plus de détails quand la scène le requiert pour une meilleure compréhension. L'artiste sait composer ses cases pour qu'elles présentent un bon niveau d'informations visuelles sans paraître vides ou creuses, ni surchargées. Il utilise un encrage un peu appuyé ce qui apporte le degré de noirceur et de sérieux voulu au récit.

Cet artiste est donc amené à représenter des corps dénudés de femmes dans les épisodes 1, 2 et 4 (il n'y en a pas dans les 3 et 5). Il le fait de manière pragmatique et réaliste. Il représente la zone de pubienne par une zone noire, plus ou moins importante en fonction de la pilosité, sans aller jusqu'à représenter chaque poil. Il représente les mamelons et les auréoles, sans non plus aller jusqu'au grain de peau. Il attribue des postures réalistes aux personnes qu'il dessine. Il s'agit donc d'une approche naturaliste, à l'opposé des codes des magazines de charme ou des films pornographique. La tonalité visuelle se situe plus dans le naturisme que dans l'érotisme.

Robert Wilson IV réalise des dessins également dans un registre représentatif, avec un niveau de détails similaire à celui de de Landro. Son encrage est moins appuyé et il a tendance à exagérer légèrement les expressions, ce qui introduit un second degré comique, pas forcément le bienvenu dans ce récit, mais pas trop marqué. L'histoire de Penny Rolle ne bascule pas dans le registre de la farce.

Ce premier tome tient ses promesses de récit de type exploitation, avec une tonalité Grindhouse, que de renierait pas Alex de Campi (voir Grindhouse: Doors open at midnight Double feature). Kelly Sue DeConnick ne se contente pas de titiller et d'émoustiller le lecteur avec de simples provocations. Son récit utilise les conventions des différents genres auxquels il les emprunte, pour évoquer la contrainte de conformisme que la société fait peser sur ses membres. Il y a également une intrigue principale qui n'avance pas beaucoup du fait du nombre d'intrigues secondaires que la scénariste souhaite visiter. du coup ce premier tome se lit plus comme un prologue que comme un chapitre à part entière. de Landro réalise un travail compétent, transcrivant bien l'atmosphère du récit et dépourvu de l'hypocrisie pudibonde habituelle. Il y a bien des représentations de face du corps féminin dénudé, mais elles ne s'inscrivent pas le registre de l'érotisme, de la pure et simple exploitation. 4 étoiles pour un premier tome bien ficelé, manquant un peu d'unité, en voulant aborder trop de choses.
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Un monde, pas si éloigné du nôtre. Disons que dans cette société, le patriarcat est décomplexé, officiel, les points communs avec notre réalité sont différents car ils sont vraiment décomplexés, connus et revendiqués.

Dans la réalité une femme en surpoids, à compétence égales, aura 8 fois moins de chances d'être embauchée. Dans ce monde elle risquera d'être envoyée dans une prison sur une autre planète. Statistiquement, dans notre réalité, « les Afro-Américaines ont trois fois plus de risques d'être condamnée à des peines de prison que les Blanches. »
Des corps très différents les uns des autres : des gros, des maigres, des jeunes, des vieux, des blancs, des noirs, les chaires ne sont érotisées, ce sont juste des corps de femmes, normaux, banals, réels.
Cette BD, aux allures de comics, est résolument féministe et envoie un message de lutte contre le patriarcat : dans cette société, les femmes sont des objets qui doivent être obéissants, avoir un certain type de corps, de comportement, dans le but de plaire aux hommes (et à la société mais c'est pareil en fait). Et nous partageons l'expérience des NC, les Non-Conformes, envoyées en prison sur une autre planète, pour avoir été différentes. Cet exil planétaire m'évoque les mises à distances, marginalisation sociales, qui, elles, sont bien réelles. Non-Conformes à un idéal impossible à atteindre, Non-Conforme à un fantasme qui n'existe que sous forme de programme, non sans rappeler les injonctions à la beauté, fixées par des images photoshopées...
Motifs d'enfermement : 1 : Séduction et tromperie, manipulation émotionnelle, agression ; 2 : déshonneur patrilinéaire, meurtre ; 3 : naissance illégale, erreur génétique, incarcérées sur demande de la famille ; 4 : trisomie 21 ; 5 : irrespect ; 6 : mauvaise mère...

Un sport au poids : pas un nombre d'équipiers, mais un poids total, des humains déshumanisés, de la chair à utiliser, des objets mouvants par la volonté d'une société patriarcale.

Les fausses pubs (une page à chaque fin d'album, il y a 5 albums regroupés dans ce tome) sont très intéressantes : « tu ne seras jamais assez bien », au point de croix sur fond rose ; la rubrique « échec relationnel » : «Au niveau mondial, 35% des femmes ont subi soit des violences de la part de leur partenaire intime, soit des violences sexuelles de la part d'une autre personne au cours de leur vie », les fausses pubs avec des injonctions bien réelles (« maigris ») se mêlent aux informations, etc.

La partie BD se termine de manière abrupte et j'ai eu du mal à croire que c'était fini... J'attends la suite.
Après la partie BD il y a des interviews, des textes, des témoignages et des affiches (ou couvertures). Ces documents sont également très intéressants. Une partie parle de femmes NC réelles comme Olympe de Gouges, celle qui a écrit la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, humaniste, décapitée ; Simone de Beauvoir ; Camille Claudel, sculptrice, internée et morte de malnutrition, une reine africaine, Anna Nzinga (je crois qu'il y a une BD sur elle dans Les Culottées : http://lesculottees.blog.lemonde.fr, au passage je conseille vivement ce blog (une BD par semaine) qui présente en BD des femmes inspirantes, qui ont marqué l'histoire, ou comme l'auteur le dit : « Chaque lundi, une femme qui ne fait que ce qu'elle veut. ») etc.

Je comprends que de nombreuses femmes (et quelques hommes) se soient fait tatouer le logo « NC », pour Non-Conforme, en fait il s'agit d'un cri de libération et de s'autoriser à être soi-même, juste soi et pas ce qu'on attend de nous (ou ce qu'on pense qu'on attend de nous).
C'est un excellent comics féministe et d'une grande puissance.
Lien : http://lesculottees.blog.lem..
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Bitch Planet est un comics incisif et explosif, mais par-dessus tout féministe et inclusif.

Dans cette dystopie, le patriarcat est poussé à l'extrême : le monde est dirigé par des hommes, qui se font appeler les « pères » et prétendent agir pour le bien de tous (la plus dangereuse des tyrannies, n'est-ce pas ?)

Quant aux femmes, elles se doivent d'être des épouses exemplaires, attentionnées, dévouées, et n'aspirer qu'à satisfaire exclusivement leurs maris. Et ça passe bien évidemment par des injonctions concernant leur physique : il faut plaire, et pour plaire, il faut être mince et souriante, bien coiffée, bien habillée. Et blanche, ça c'est le top du top (c'est évidemment ironique).

Toutes les femmes qui ne correspondent pas à cet idéal sont surnommées « non-conformes ». Dès qu'elles font un pas de travers, à savoir si elles ont le malheur d'être trop attirantes, trop séduisantes, d'élever la voix en public, de lever la main sur quelqu'un, de jouer avec de la nourriture, ou simplement d'être nées trisomiques ou jumelles, elles sont presque systématiquement expédiées sur une planète prison, Bitch Planet. Révoltant. Vous vous en doutez bien, là-bas on ne fait pas dans la dentelle. Les prisonnières sont rabaissées, humiliées, torturées.
Mais Kam refuse d'offrir à ses bourreaux le plaisir de la voir plier. Elle ne se fait pas d'illusions non plus, elle sait qu'elle ne pourra jamais s'échapper de Bitch Planet, mais elle n'a pas l'intention de se laisser briser par ses tortionnaires.

Un jeu/sport fait fureur auprès de la population, il s'agit de Mégaton, un sport où quasiment tout est permis pour gagner.

Entre chaque chapitre, des « pages de pub » sont insérées, façon magazine. On y fait l'éloge de produits absurdes, comme des parasites à ingérer pour maigrir. Des messages plus que dévalorisants y sont formulés : comme quoi l'appareil génital des femmes serait dégoûtant et qu'il faudrait en avoir honte.
Ces pages sont tellement outrageuses qu'on sait que les auteurs ne font que critiquer les injonctions faites aux femmes dans notre monde à nous. Ca n'en est pas moins rageant, un rappel mordant de la pression sociale que subissent encore les femmes.

Les graphismes sont bruts, sans chichis, dans les tons rose, mauve, bleu, très comics en somme. Ca m'a piqué les yeux au début, au milieu et à la fin, mais je trouve qu'ils correspondent bien au fond de l'histoire.

Comment ne pas se révolter à la lecture de cette BD tant ce qu'on y trouve est aberrant et rageant ! J'ai hâte de voir comment les détenues vont s'en sortir (car spoiler alert : les auteurs ont révélé à la fin de la BD que nos chères NC vont l'emporter ! La question est de savoir comment…)
Je recommande cette BD, mais âmes sensibles s'abstenir, car l'univers est bourré de violence…
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Au-delà d'être très clairement féministe, ce comics dénonce aussi le racisme, l'homophobie…, toutes ces violences trop ordinaires qui polluent autant cette histoire que notre quotidien. Violences qui hélas se cumulent trop souvent…

J'ai adoré voir tous ces sujets abordés dans ce premier tome. Et l'intrigue est très prometteuse pour le deuxième. J'ai été par moment bousculée, voire choquée par les événements, le graphisme, mais c'est un compliment car ce choc est nécessaire sur de tels sujets. C'est un premier volume qui augure de très belles choses à venir…
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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Intrigué par un article de Slate qui le présentait comme le le comic book qui fuck le patriarcat, j'ai lu le premier tome de cette série. Il est difficile de ne pas penser à "The handmaid's tale" tant les 2 oeuvres partagent un même sujet qui est le recul dramatique de la condition de la femme dans la société. Mais la comparaison s'arrête là. Bith Planet emprunte aussi beaucoup à un autre genre, à priori complètement incompatible avec la dignité féminine: le film de série Z, sous-section femmes en prisons (OITNW n'est sans doute pas loin non plus). Sauf que derrière l'outrance des situations, le propos est résolument politique. Les auteures se livrent à une charge en règle contre les dérives sexistes de la société.
Le concept est relativement simple: toute femme jugée non-conforme peut-être condamnée à 'expier' sur Bitch Planet, espace pénitencier clos sans espoir de sortie. La non-conformité peut revêtir plusieurs aspects. Elle peut donc recouvrir n'importe quoi, comme dans le cas de cette bonne épouse WASP jugée non-conforme après avoir pèté les plombs lorsqu'elle a découvert que son mari la trompait. Même l'apparence physique peut vous conduire à Bitch Plnate, comme Penny qui est obèse. Cela suffit
La non-conformité ne concerne évidemment que les femmes.
Ce premier tome introduit également un jeu qui n'est pas sans rappeler Rollerball (autre dystopie d'une glaçante actualité... pas la stupide relecture de John McTiernan mais l'original signé Norman Jewison). Face à une chute de popularité, les 'Pères' qui guident cette société décidément très patriarcale, ont décidé d'inclure une équipe féminine issue de Bitch Planet. Elle pourrait booster l'intérêt du public, avant de faire monter encore un peu plus l'excitation lorsque ces non-conformes se feront massacrer par leurs adversaires.
Un concept coup-de-poing dont il convient de faire quelque chose. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une exposition qui ne lésine pas sur ses effets. A voir pour la suite.
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Franchement, j'ai adoré. Bitch Planet se déroule dans un monde dystrophique ou les femmes non conformes (noire, non blanche, troubles mentaux, non féminine.. ) sont envoyées dans une prison sur la Lune pour leur crime. A noter que délinquantes, criminelle et simples femmes ne correspondants pas aux standards des pères sont mélangées.

Je vais pas en dire plus, le scénario semble être bien ficelé et Penny est mon personnage favori. L'action se déroule surtout en prison mais on a aussi d'autres point de vue extérieure et notamment ce qui se passe sur Terre

Il y a la fin tout un dossier sur les auteurs, le féminisme intersectionnel, c'est super intéressant.
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Ce comics me faisait de l'oeil depuis fort longtemps et le moins que je puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçue. Univers, personnages, tonalité, tout est une réussite.
Côté perso, je pourrais vous parler de Kam Kogo, sportive et secrète, de la génialissime Penny Rolle, si extravertie, si forte et ayant l'audace outrageuse d'aimer son corps en surpoids, de Meiko Maki, petit gabarit et grande intelligence, mais je préfère ne pas trop m'étendre et vous laisser le plaisir de la rencontre. Cependant, si vous voulez du courage, de la diversité, des femmes déterminées, vous avez toqué à la bonne porte. Et impossible de ne pas s'attacher à elles, sans parler que l'on est forcément de leur côté.

La critique est féroce et les échos au sexisme, au racisme, à la grossophobie et à la transphobie de nos sociétés sont nombreux. C'est un comics qui parlera à la plupart d'entre nous tant le pas hors de la conformité peut être minime. Trop mince, trop grosse, trop frisée ou trop blonde, trop extravertie ou pas assez souriante, tout peut être prétexte à être montrée du doigt et détaillée du regard.
Je ne vous dévoile rien de l'intrigue, autant avoir la surprise, mais je peux vous dire qu'il est impossible de décrocher face aux nombreuses péripéties. le rythme est bien dosé entre action, réflexion et flash-backs sur le passé de nos héroïnes.

Autre détail jubilatoire : des pages publicitaires humoristiques remplies de produits destinés à aider les femmes à être jolie ou de conseils pour tenir efficacement leur maison sans jamais oublier de se dévaloriser. Un côté vintage qui rappelle d'anciens magazines féminins, mais un ton ironique qui rappelle que les injonctions d'être belle et jeune et performante restent d'actualité. de quoi rire, quoiqu'un peu jaune parfois.

Un mot sur les illustrations. Elles ne sont pas particulièrement ma tasse de thé, notamment au niveau de la colorisation parfois trop franche, trop nette. de même pour les visages qui ne m'ont pas toujours séduite (même si certaines expressions ont parfois fait mouche). Néanmoins, c'est un aspect auquel je me suis habituée, qui ne m'a pas ralentie dans ma lecture et qui ne vous freinera pas plus que moi, je l'espère.

Pour son monde futuriste qui fait furieusement écho au nôtre, pour son ironie mordante, pour sa dénonciation d'injustices flagrantes, je vous conseille donc vigoureusement ces deux tomes énergiques et critiques (même si ma chronique est particulièrement foutraque…).

Je dois tout de même soulever une question : aurons-nous la suite ? Parce que les deux premiers volumes sont sortis à deux ans d'intervalle, sauf que le second date de 2017… Et je dois admettre qu'en rester là va être assez frustrant.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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