Les Chasseurs d'écume, tome 2 : 1909, les maîtresses du quai

1909: Pantalons et képis rouges de la troupe contre les tuniques bleu-gris des sardiniers dans le port de Douarnenez. L'escadre de la Royale va même jusqu'à pointer ses canons sur la ville...

L'heure est aux confrontations entre les conserveries, les métiers de la mise en boites et les pêcheurs: machines-outils pour remplacer les hommes, chutes des cours du poisson quand il y a surpêche et quand la sardine a la bonne idée d'être de retour, batailles rangées avec les commises à la solde des patrons pour faire baisser les prix. On entend l'Internationale dans les rangs. Les revendications se politisent.

Ma Doué beniguet! Quelle affaire!
La colère gronde, les manifestations s'organisent. le jeune Jos, au tempérament de meneur, fait le coup de poing et prend tous les risques, motivé par son amour pour sa belle Bretonne, son désir d'épousailles et de réussite comme futur patron de pêche.

Un tome un peu plus romanesque qu'historique mais la lecture reste très agréable et le sort de Jos prend une direction dramatique...
À suivre...

Jos a grandi mais son coeur de marin chavire toujours pour Denise Guilcher. Malheureusement les deux jeunes gens appartiennent à des familles rivales qui se vouent une haine ancestrale, pas question d'accepter un mariage entre eux. Jos espère que l'argent fera changer d'avis la mère de Denise et pour cela il économise et travaille dur sur la chaloupe sardinière de feu son père.

Chasseur d'écume confirme être une saga familiale assez classique mais qui nous entraine dans les dessous des marins pécheur bretons. Des déboires amoureux, aux techniques de pèches en passant par les révolutions sociales, cette série de bande dessinée est un tableau bien documenté de l'époque.

Dans le port de Douarnenez, le thon monte (pardon, le ton), le ton monte entre Jos et René, son rival, pour les beaux yeux de Denise. René, surnommé "oeil de machine" et qui regarde la jeune fille, avec des yeux de merlan frit, car il est presque borgne...


Le ton monte entre les grévistes et la troupe chargée de mater la révolte. Jos, dénoncé par René, pour échapper à la garde, saute dans l'eau glaciale. Heurté par une barque, il coule, assommé, il va se noy...


Cela va se finir en ...queue de poisson ?
C'est dans cette contrée que naquit la légende de Tristan et Iseult, vous l'aviez oublié ?

Jos grandit et les équipages de pêcheurs de sardines sont aux prises avec de nouvelles difficultés liées aux usines de conservation. Outre ces soucis, Denise est maintenant promise à un autre. Balancés entre ces deux histoires, Jos va faire de nouveaux apprentissages et va se révéler être un meneur d'hommes.
C'est toujours très intéressant même si j'ai trouvé que la trama narrative était un peu moyenne. Entre le début du tome, le long flash-back et la fin du tome, je n'ai pas trouvé ça ni des plus clairs ni des lus judicieux. Côté dessin, ce n'est meilleur ni moins bon que le tome précédent.

Ce deuxième tome m'a moins plu. Les dessins sont toujours aussi bons, mais l'intrigue est davantage centré sur l'aspect socio-économique que dans le premier tome. La pêche trop abondante finit par créer des tensions, jusqu'à la grève. La lutte entre pêcheurs et usiniers des conserveries devient alors inévitable, avec des piquets de grèves, la répression sans pitié, les tensions entre les grévistes...

A chaque épisode sa lutte sociale. C'est intéressant, mais quelques pages de plus auraient permis de faire le lien avec le tome précédent, ce qui m'aurait bien plu, parce qu'évidemment en 8 ans le jeune ado de 12 a un peu grandi.
La lutte sociale est également réduite au minimum, peut-être qu'un dossier de fin de tome pour expliquer tout cela avec plus de mots que d'images aurait aussi été intéressant.
C'est pour moi une BD qui appelle à lire beaucoup d'autres choses pour mieux comprendre.

Nous retrouvons notre fils de pêcheur, huit ans plus tard. Age des amours, des contrariétés et de l'affirmation du caractère. Maintenant, on sait pourquoi les deux familles sont fâchées. Rien de va plus à l'usine de sardines. Les ouvrières grondent.

Une histoire d'amour entre jeunes de familles qui se haîssent, l'histoire sert de fil conducteur au drame des conditions de travail des pêcheurs de sardines et des conflits avec les usiniers et leurs patrons, conflits qui vont jusqu'à faire intervenir les mobiles, "ancêtres des CRS" pour calmer les révoltes. Cette époque 1900 décrit bien le début de l'ère industrielle et de la mécanisation dans les usines dans une Bretagne dont l'économie dépend en majeure partie de la pêche. Les illustrations, meilleures que dans le 1er tome sont bien attrayantes.

Ce deuxième tome prend une dimension davantage politique, c'est la lutte des petits contre les gros. Jos a grandi mais n'est pas encore tout à fait un adulte, par un excès de confiance en lui il se met dans de biens mauvaises postures. On le voit grandir, mûrir de tout cela.

Cette trilogie est très bien écrite et documentée. C'est un moment important de l'histoire de la Bretagne qui nous est décrit. Les dessins sont très beaux et le jeu de couleur, j'ai adoré. Une trilogie qui j'espère aura une suite, j'ai beaucoup apprécié cette bande dessinée historique et culturelle. Je la recommande. Un coup de coeur breton !!!
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