Empêchez-moi de lire, et j’avoue avoir dérobé, lacéré, assassiné la Joconde.
Il en est des jardins comme des livres, ils appartiennent en priorité à leurs spectateurs, ou lecteurs, plutôt qu'à leur auteur.
Au lendemain de la mort del'homme qui avait rendu la vie
au jardin, il continuerait de croître et de se multiplier.
réconfortant dans le fait de mourir :
c'est que tout continue
Jardiner, c’est penser avec un sécateur, des semelles gadouilleuses, un mal de dos et des engelures aux doigts. Ou un coup de soleil sur le nez.
Métamorphose n’est pas mort. Et je crois bien que le dernier mot d’un jardin, celui-ci fût-il esquinté, défiguré au dernier degré, sera toujours le mot éternité.
Vision étourdissante dans tous les sens du mot. Un jardin devrait toujours pouvoir être contemplé au moins une fois du point de vue des oiseaux. D'ailleurs, si Le Nôtre a composé d'admirables parterres, c'était, de son propre aveu, pour régaler les yeux des nourrices qui, ne pouvant s'éloigner des enfants qu'on leur avait confiés, n'entrevoyaient jamais les jardins que d'en haut, derrière les fenêtres.
"... si je ne vois de l'avenir ni le proche ni le lointain, par contre je vois des jardins partout.
Il en a toujours été ainsi, aussi loin que je remonte dans ma mémoire. Il me suffisait pour ça d'ouvrir les yeux."
La théorie du rhizome :
"Carl Jung avait raison de comparer l’existence humaine "à une plante qui vit de son rhizome. La vraie vie de cette plante est invisible, cachée dans son rhizome. La partie qui émerge au-dessus du sol ne dure qu’un seul été. Après cette apparition éphémère, elle se fane. Ce que nous percevons de la vie, c’est l’éclosion, la floraison, puis cela disparaît. Mais le rhizome, lui, perdure." Un jardin n’est-il pas lui aussi un rhizome ? Une part immense de son territoire échappe à nos regards, nous dissimule ce qui s’y passe vraiment.
(…) Pourtant, sous la terre, le jardin progresse. Chaque saison, sans que cela m’apparaisse, mes amis les rhizomes, ceux des iris, des bégonias, des euphorbes, du muguet, des fougères – mais aussi du chiendent, conquièrent de nouveaux territoires souterrains."
Personne ne peut devenir jardinier
s'il n'a vécu dans l'espoir.
Je suis incapable de discerner de quoi ma journée sera faite. Peut-être vais-je griller des sardines. Ou poursuivre l’écriture de ce livre. Ou regarder dormir mon chat (spectacle dont je ne me lasse pas). Ou lire (ce dont je ne me lasse pas non plus).
Mais si je ne vois de l’avenir ni le proche ni le lointain, par contre, je vois des jardins partout