Dans ce récit autobiographique, l'auteure, informaticienne en retraite, violoniste amateur et mélomane, réussit à faire vibrer non seulement la musique mais aussi l'émotion et l'amour.
L'amour tout d'abord pour sa mère qui l'a conduite toute petite sur cette voie royale et sans limites de la passion pour la musique. Elle lui dédie d'ailleurs ce récit, tout en reproduisant leurs conversations inspirées, leurs voyages à la quête du beau.
L'émotion quand elle parle avec beaucoup de pudeur de sa malvoyance, des derniers instants de sa mère ou encore quand elle donne la parole à Beethoven, Pierre-Alain Volondat (qui a ainsi l'opportunité de s'expliquer sur sa soi-disant arrogance), Rostoprovitch (à propos de sa prestation improvisée au pied du mur de Berlin en train de chuter), la soprano
Mady Mesplé, ou encore l'évocation bienveillante de la lumineuse Reine Elisabeth.
La musique par une étude toute musicologique mais enthousiaste de deux passages de la sixième symphonie de Beethoven si bien que le lecteur les « entend » à nouveau.
Un récit très riche donc, foisonnant encore d'informations précises sur les serviteurs de la musique et susceptible d'intéresser non seulement les musiciens et musicologues mais tout qui apprécie, peu ou prou, les trésors que nous ont légués les compositeurs. Un récit moulé dans une écriture fluide et débarrassée de toute emphase.
Jean-Pierre Balfroid