Le pays de la mort, lui, n'a qu'une seule teinte : celui du sang noirci qui tache notre histoire.
Les hommes ont toujours le verbe long, mais la mémoire courte quand ils réalisent, trop tard, le prix des âmes dont ils ont coupé les fils avec leurs propres mots.
Est ce qu’on arrache aussi aux Blancs leur passé quand il gagnent leur liberté?
Tu peux me renier. En revanche, ne dis jamais que je ne te ressemble pas, car je suis bien ton enfant. L’héritière de ta colère. Ta fille de rage.
Le président d’un empire gît à mes pieds. Il relève péniblement les yeux pour me poser la question une dernière fois :
– Pourquoi ?
– Parce que tu avais oublié qu’il n’y a pas que les soldats qui meurent à la guerre, Abraham.
Ma craie crisse au son des premiers sanglots de l’Amérique
– Nous allons compter ensemble, Abraham. Un trait pour chaque femme, homme et enfant qui tombe au cours de cette guerre. Peu importe leur camp : pour moi, toutes les morts se ressemblent.
– Arrête !
Je trace une nouvelle barre avec application.
– Mais Abraham, mon ami : ça ne fait que commencer.
La vie est un jeu. La mienne est un pari.
La guerre n'amène pas la paix, seulement une soif qu'il faut étancher avec toujours plus de batailles.
Même le meilleur des êtres humains se fourvoie quand il décide de prendre en main le destin des autres.
Les Blancs et la religion dominent toujours. Ils veulent se persuader de leur bienveillance, alors qu'ils ne font qu'imposer leur autorité et leur dogme.