Les Quatre Fléaux, tome 1: Le Diable dans le jeu

Oui le monde est fait comme une roue ! Et Révolution veut dire Tour de Roue. C'est pourquoi une révolution ramène ce que la précédente avait emporté. Avec de grands cris, avec des flots de sang, avec des monceaux de têtes coupées, au milieu d'un délire populaire, on avait renversé une puissance décrépite, décorative et débonnaire. Et puis après un peu plus d'un siècle de déceptions, de convulsions, de guerres civiles et nationales, avec des grands cris, avec des flots de sang, avec d'autres monceaux de cadavre et de nouveaux délires populaires, on est arrivé à mettre sur pied une puissance toute neuve, renforcée de tout ce que la science et la technique moderne ont de plus pénétrant, corrosif, virulent.

Dans la guerre, ce n’est pas la paix que l’on veut : c’est la victoire, ce qui est tout à fait différent.

C'est un fait qu'une des causes principales des Grands Fléaux qui battent en brèche le genre humain depuis le commencement de l'histoire a, semble-t-il échappé aux penseurs, qu'ils soient Réformateurs ou Prêcheurs de morale. Est-ce pour sa légèreté qu'elle leur échappe ? On s'étonnera peut-être de l'entendre nommer par son nom, car ce nom n'inspire ni la terreur ni l'horreur. C'est même un nom assez plaisant : c'est l'Esprit de Jeu.

Misère, Servitude, Guerre, Sédition : quatre sont les fléaux qui frappent les cités humaines et les royaumes depuis les commencements des temps. Passifs les deux premiers, parce qu'on les subit sans les faire. Ce sont des états de choses et non des évènements, mal chronique, endémique, régnant à toute époque et sous tout régime, rançon, semble-t-il de toute civilisation. Actifs les deux autres, parce qu'on les prépare, prémédite et conduit, différents pourtant des actes volontaires par leur caractère inéluctable et comme fatal.