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Citations sur Adieu Montaigne (7)

POUR UN MONTAIGNE

Pour un Montaigne
Homme de peau de poil et de plume
Qui continue sa vie
- bon an mal an –
Dans les lecteurs de ses Essais
Combien « d’auteurs » encensés fêtés
pour leurs œuvres immortelles
sont oubliés.

Notre homme du XVI° conversait à sa manière
avec Socrate Lucrèce La Boétie…
et ces cannibales récemment découverts
au-delà des mers.

Rude langue qui nous rabote
Nous laisse parfois « bête » et sans voix
Ou nous redonne une incroyable énergie.

Et cependant :
"J’écris mon livre à peu d’hommes et à peu d’années."
Il se trompait.
Mais peut-être, après tout, disait-il vrai

jean jacques dorio
http://dorio.blog.lemonde.fr
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Montaigne ne méprise pas les gens du peuple.

Pour l‘habituer à les respecter, son père lui commandait de tenir sur les fonds baptismaux les enfants du village.
Mais il s'en préoccupe peu.

La Boétie exhortait les opprimés à ne plus servir leurs maitres, ainsi se rendraient-ils libres.
Rébellion sans violence, par résistance passive.

Montaigne ne considère jamais les choses du point de vue des humbles, des pauvres, des serviteurs, mais de ceux qui les emploient. Il hait la tyrannie; lui-même n’a rien d'un autocrate, il est affable bien qu’il parle d'une voix claironnante, libéral dans les discussions. pourvu qu'on ne se bute pas en coq monté sur ses ergots, aimable avec ses valets quoique sans faiblesse s'ils commettent des fautes, il abomine la méchanceté, les proscriptions de Sylla à l'encontre des sénateurs romains et la dictature dont César menaçait la république, mais il pense en seigneur philosophe, pour qui la liberté se gagne pat un effort sur soi, par une démarche individuelle, sans se traduire dans. l'ordre politique par une lutte collective en vue d'un salut commun.

(p.158)
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Pour être ami des autres, il faut être ami avec soi, et pour être ami de soi, il faut aimer les mots.

(P.134)
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C'était un point interrogation qui se bâtissait en permanence par des réponses remises sans cesse sur le métier.

Rien que par ce trait, il diffère de la tendance qu'on observe si souvent aujourd’hui, où chacun croit détenir les vérités ultimes, et qu'en changer serait s'arracher la peau.
Nous mordons furieusement dans nos convictions de peur qu'un morceau nous échappe.

Lui héritier de Socrate, soutenait d'un ton placide qu'il ne savait rien.
Cette humilité nous est étrangère. Nous croyons savoir, nous déclarons, nous assénons, nous dénouons à la va-vite les nœuds qui nous entortillent.

(p.80-81)
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Tout comme La Boétie aurait préféré naître citoyen de la république de Venise, ce n’est pas en France que Montaigne pouvait trouver le lieu qui le comblerait. Pas même à Paris, ville par laquelle seule il se sentait français, mais que, symboliquement, la boue dont elle puait l’incitait à fuir. Il aurait pu le trouver dans la France d’avant, celle du « temps de nos pères », mais certainement pas dans la société où il vivait. Les guerres intestines et la mentalité qu’elles entraînent, cet air pourri qui infecte les comportements, cette défiance généralisée où votre voisin le plus amical peut soudain se retourner en un ennemi mortel, votre maison livrée sans défense au hasard d’une incursion de soudards comme il en fit l’expérience, ne devant son salut qu’à son sang-froid et à la franchise de son visage, toutes les routes transformées en éventuels traquenards comme il en fit également l’expérience, ne devant là encore son salut qu’à sa fermeté d’âme, les tares et les vices dont il accusait à jet continu ses contemporains, toutes ces failles de la paix civile et ces faillites de la morale lui interdisaient de trouver son lieu au sein de son époque.

Il dit lui-même qu’il n’y avait pas de place pour lui : «Me trouvant inutile à ce siècle, je me jette à cet autre », celui de Pompée, Sénèque, Plutarque, l’antiquité, l’ancienne Rome, loin dans le passé, presque étranger à ses compatriotes, sans l’once d’une prétention à se vouloir moderne, fronçant le nez devant l’actualité qu’il observait sans qu’elle l’engage plus que de raison, à la diffé- rence de nos habitudes, nous qui sommes si rutilants d’appartenir à notre temps comme si, d’y appartenir, nous sortions de la cuisse de Jupiter.
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Si plein d’horreurs qu’'il fût, le monde n' avait pas encore atteint le point de non-retour anticipé par le commentaire que Montaigne donne de la conquête, et dont aujourd’hui seulement, depuis l'extermination des juifs d'Europe nous connaissons l'infernale vérité : le fait que, au-delà de leur cruauté naturelle, les hommes renferment dans les profondeurs de leur être un fragment d'inhumanité absolue, un trou noir dont ne sort aucune lumière.

(p. 154)
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C'est d’ailleurs pourquoi il regrettait que ce soient les Européens de son temps qui aient conquis les nouvelles Indes, et non les Grecs et les Romains, qui auraient « doucement poli et défriché ce qu’il y avait de sauvage » parmi ces nations récemment découvertes, enrichissant de leurs savoirs la culture des terres et les ornements des vil1es indiennes, mélangeant les « vertus grecques et romaines aux originelles du pays ».

Il déplorait que ce ne fût pas l’antique Europe plutôt gue cette barbare conquête par 1a soldatesque couverte verte de barbe et de cuirasses qui, s'apercevant que ces gens vivaient nus, le poil ras, les condamnèrent à se vêtir de coutumes ignominieuses et à se mettre au cou le carcan d'un Dieu unique.

(P.133)
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