Je cachais surtout mes yeux, sous mes larges paupières et mes longs cils, pour dissimuler l'intense besoin de vivre et l'élan qui composaient le fond de mon être, mais peut-être aussi pour fuir la lumière violente de mes rêves, comme ces oiseaux au vol long et puissant, dont les yeux munis de doubles paupières leur évitent, dans l'ardeur de leurs voyages, d'être aveuglés par le soleil et le vent.
Je m'abandonnais, cependant, à ce que ma mère considérait comme le plus grand des péchés : la lecture avide et ininterrompue de lectures inappropriées à mon âge et, surtout, à mon éducation.
Alors seulement, il (Attilio) effleura mes paupières de ses doigts, comme s'il fermait avec pitié les yeux d'un mort. Oui, quelque chose mourait vraiment en moi cette nuit-là : la partie orgueilleuse et mauvaise de mon être, celle qui croyait faire le bien tandis qu'elle semait le mal.
Il conclut :
- Maintenant, ça suffit. Qu'on ne reparle plus jamais de cette histoire.
p.152
La cabane du pêcheur.
A travers une fenêtre entrouverte, on apercevait l'intérieur de la pièce qui servait à la fois de chambre à coucher, de cuisine, et de débarras pour les outils de pêche. Tout était propre et ordonné. Sur l'étagère, près de la cheminée étaient posées des cafetières et d'autres objets en cuivre, comme neufs. Je distinguai sur la vieille chaise près de la porte un fuseau, une quenouille gonflée de chanvre et un filet de pêche à raccommoder. Cet endroit donnait l'impression d'une vie très ancienne, d'une vie à l'aube des temps de l'humanité.
Mais la vie est toujours la vie, avec ses pauses trompeuses, ses grâces et ses cruautés qui parfois s'entremêlent
Dans ses yeux qui ne cachaient rien, j'avais trouvé une esquissé du mystère que je recherchais